Les dossiers d’insolvabilité des consommateurs sont en hausse de 11,8 % en juillet 2022 comparativement au même mois l’année dernière et de 48,3 % pour les entreprises, selon le Bureau du surintendant des faillites du Canada.

Derrière cette augmentation notable se cachent des histoires difficiles, mais surtout un retour à la normale, explique Michel Thibault, syndic chez Raymond Chabot.

« Ce sont les créanciers qui poussent les gens à faire faillite », explique Michel Thibault. Que ça soit les banques, les agences de recouvrement, le gouvernement. Or, durant les deux dernières années, tout cela a fonctionné au ralenti et il y a eu des aides gouvernementales pour les particuliers et les entreprises. « C’est un peu normal qu’en 2022, les dossiers reviennent comme avant la pandémie. On est même 18 % en bas de 2019 », précise Michel Thibault.

Ce qui est plus remarqué depuis le début de cette année, dit-il, est le retour des recouvrements qui avaient cessé depuis le début de la pandémie.

Pour les entreprises, les secteurs touchés sont la restauration, l’hébergement et la construction, selon les données du Bureau du surintendant des faillites.

Cela étant dit, beaucoup de commerces ferment sans faire faillite. Il ne faut pas faire de lien direct entre les locaux vides des artères commerciales et le nombre de faillites ou de demandes de protection des tribunaux. Selon une récente analyse de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante, seul un entrepreneur sur dix qui ferme son commerce fait faillite.

« Ce qu’on fait quand on analyse un dossier, on regarde s’il y a une viabilité pour l’entreprise, explique le syndic Michel Thibault. Est-ce qu’on peut couper les coûts ? Est-ce que le chiffre d’affaires est suffisant ? Est-ce qu’on peut s’entendre avec les principaux créanciers pour qu’il y ait un moratoire ? Dès qu’il y a viabilité, on peut faire une entente et se mettre sous la protection de la loi, car il y a une future entreprise. Si on entre dans une entreprise où il n’y a plus rien à faire, où il n’y a plus d’employés, que la production est arrêtée et qu’il n’y a plus de clients, le dommage est fait. On fait faillite. »

Les gens font moins faillite

Fait à noter, ce sont les propositions qui sont en augmentation, et non les faillites, qui, elles, sont en baisse : durant la dernière année, le nombre de faillites des consommateurs a diminué de 13,7 %.

Selon le Bureau du surintendant des faillites, pratiquement la moitié des gens qui vivent des difficultés financières invoquent une perte de revenus. Une personne sur cinq a des raisons médicales, mais à cela, il faut ajouter 16 % des gens qui ont dit en 2021 que la pandémie de COVID-19 était la cause de leurs problèmes d’argent.

La proposition permet au consommateur d’être à l’abri de ses créanciers s’il s’engage à rembourser une partie de sa dette. Et elle permet d’éviter la faillite.

Selon Guylaine Houle, syndic chez Pierre Roy, il ne faut pas s’attendre cet automne à un tsunami de demandes des particuliers, ni pour les faillites ni pour les propositions avec les créanciers. Toutefois, les gens qui consultent les syndics sont parfois bien démunis : ils ont dépensé leur dernier dollar. « Les gens étaient tellement à bout [après deux années de pandémie] qu’ils avaient besoin de sortir. Ce besoin était plus grand que les dollars dépensés », estime Guylaine Houle qui rappelle qu’avec la hausse des prix, la tempête parfaite se dessine pour une partie de ces consommateurs.

Portrait du débiteur canadien

  • Il a 46 ans, en moyenne
  • Il y a bien des chances qu’il vive en ville puisque 85 % des dossiers d’insolvabilité viennent des zones urbaines
  • Il est marié ou en couple dans 34 % des cas, célibataire dans 42 % des cas, divorcé dans 21 % des cas et veuf dans 3 % des cas
  • Pratiquement autant de femmes (49 %) que d’hommes (51 %) remplissent des dossiers d’insolvabilité
  • Une personne sur cinq qui a fait faillite l’année dernière avait déjà fait faillite auparavant

Source : Bureau du surintendant des faillites du Canada, données pour 2021