Aéroports de Montréal (ADM) craint de voir l’empreinte de Sunwing diminuer à Montréal-Trudeau si le voyagiste passe dans le giron de WestJet – une transaction qui est actuellement sous la loupe d’Ottawa. L’organisme sans but lucratif estime qu’il pourrait perdre des vols directs au profit de Toronto.

Préoccupé, le gestionnaire et exploitant des aéroports Montréal-Trudeau et Mirabel, qui tente de se refaire une santé après avoir vu sa situation financière fragilisée par la pandémie, a décidé d’interpeller Transports Canada dans le cadre des consultations menées par les autorités fédérales sur le regroupement proposé.

« Bien que nous ne nous opposions pas à l’acquisition de Sunwing par WestJet, nous sommes préoccupés que cette transaction puisse affecter la desserte de YUL, affirme à La Presse Anne Marcotte, directrice des relations publiques d’ADM. Nous voulons maintenir une desserte de qualité à nos passagers. »

L’organisme a fait parvenir une lettre à Transports Canada au cours des dernières semaines qui est signée par son vice-président, exploitation et développement aérien, Stéphane Lapierre. Le Globe and Mail a obtenu une copie de la missive.

Si le mariage se confirme, ADM craint de voir Sunwing, spécialisé dans le voyage d’agrément, déplacer des vols directs vers l’aéroport Pearson de Toronto, où WestJet est bien installé. Les passagers seraient ensuite dirigés vers la Ville Reine par l’entremise de vols de correspondance avant de monter à bord d’un avion vers leur destination.

Des efforts menacés

Dans la lettre, ADM fait valoir que le scénario évoqué, s’il se concrétise, viendrait nuire à des années d’efforts visant à bonifier le nombre de liaisons directes, plus prisées par les voyageurs, à Montréal-Trudeau. Le document ne suggère toutefois pas de pistes de solution à Transports Canada. Mardi soir, WestJet et Transports Canada n’avaient pas répondu aux questions envoyées par La Presse.

Troisième aéroport en importance au pays, Montréal-Trudeau avait vu le trafic de passagers s’établir à 20,3 millions de personnes en 2019, avant l’arrivée de la COVID-19. Cette année-là, Sunwing offrait environ 30 liaisons directes depuis la métropole. D’après la lettre, le voyagiste représentait 20 % de l’activité à Montréal-Trudeau vers les destinations soleil.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Après deux années de turbulences, l’aéroport Montréal-Trudeau tente de tourner la page sur la pandémie.

Deuxième transporteur en importance au pays, WestJet, établi à Calgary, avait annoncé un accord pour acquérir Sunwing et Vacances Sunwing, dirigé depuis Toronto. Vacances Sunwing exploite un siège social régional à Laval. Le montant de la transaction n’avait pas été dévoilé puisqu’il s’agit de deux entreprises à capital fermé.

Même s’il y a toujours des risques, Mehran Ebrahimi, professeur à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directeur de l’Observatoire de l’aéronautique et de l’aviation civile, serait surpris d’une diminution de l’empreinte de Sunwing à Montréal-Trudeau si l’entreprise passe officiellement sous l’aile de WestJet.

« La structure de Sunwing n’a pas besoin d’un aéroport qui sert de plaque tournante, dit l’expert. C’est une petite compagnie qui a ses destinations et son propre créneau. C’est ce que WestJet n’a pas. Pourquoi aller acheter une entreprise pour son expertise pour ensuite la démanteler ? »

M. Ebrahimi estime cependant qu’il est justifié pour ADM de faire preuve de « vigilance » et de prendre les moyens auprès de Transports Canada pour « s’assurer de protéger son territoire ».

Après un premier trimestre dans le rouge, ADM avait dégagé un excédent de 11 millions au cours du deuxième trimestre terminé le 30 juin. Après six mois, l’organisme affichait cependant un déficit de 24 millions.

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    C’est l’effectif québécois de Sunwing, qui compte près de 2400 salariés.
    source : sunwing