Les voitures autonomes sont encore un rêve, mais bon nombre de personnes travaillent d’arrache-pied pour qu’elles deviennent réalité. C’est le cas de Pierre Olivier, chef de la technologie chez LeddarTech, dont le siège social est à Québec.

Les attentes sur la performance des voitures autonomes sont élevées. Très élevées. Pour passer le test de l’acceptabilité sociale, elles doivent ni plus ni moins faire mieux que les humains. Pour y arriver, l’industrie s’efforce donc de développer une panoplie de capteurs, comme des caméras, des systèmes GPS, des radars et des lidars. Puis, il faut mettre toutes les données récoltées ensemble dans un logiciel pour pouvoir les traiter en temps réel afin d’avoir une idée précise de ce qui se passe autour de la voiture. L’entreprise LeddarTech développe ce genre de logiciels, en plus de capteurs lidars qui utilisent un signal lumineux pour détecter les objets.

« Nous fonctionnons avec le cahier de charges du client. Généralement assez précis, il peut mentionner par exemple qu’il faut développer un capteur capable de détecter un piéton à 200 mètres, avec un volume de moins de 200 centimètres cubes, qui coûte moins de 200 $ à produire, qui a une durée de vie sur une voiture de 25 000 heures d’utilisation et qui fonctionne de - 40 à 105 degrés Celsius », explique Pierre Olivier.

Bien sûr, comme les clients veulent surpasser le marché, leurs attentes sont généralement très élevées.

Il faut souvent négocier certains éléments du cahier de charges avec le client en fonction de la technologie disponible aujourd’hui. Mais c’est certain que nous travaillons avec des matériaux de pointe et que nous allons chercher leurs plus hauts niveaux de performance.

Pierre Olivier, chef de la technologie chez LeddarTech

Le développement de logiciels représente également un grand défi. LeddarTech crée en fait un modèle environnemental en trois dimensions en temps réel qui est mis à jour entre 10 et 30 fois par seconde, selon les besoins du client, en traitant les données des différents types de capteurs présents sur les voitures.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Une voiture de l’entreprise LeddarTech

« Nous avons deux voitures à Québec et deux en Israël qui sont équipées de différents systèmes de capteurs, et chacune d’elles récolte en une heure plus de deux téraoctets de données, ce qui, normalement, prendrait des jours à transférer, illustre Charles Boulanger, PDG de LeddarTech. Mais le logiciel doit prendre des décisions instantanées, sans faire d’erreur. La robustesse au niveau de la transmission de l’information est capitale. »

Un travail de validation crucial

Qu’on développe une micropuce ou un logiciel qui servira un jour dans la conduite des voitures autonomes, l’erreur n’est pas une option.

Le cycle de développement pour réaliser une micropuce qui ira dans un capteur est très long. Le processus de fabrication de ces puces coûte plusieurs millions de dollars, alors il faut faire un travail rigoureux et s’assurer que les plans qu’on remet au client soient bons.

Pierre Olivier, chef de la technologie chez LeddarTech

Pour un logiciel, les risques sont encore plus grands. « Une erreur dans un logiciel peut être catastrophique, affirme Pierre Olivier. Et il est plus difficile d’anticiper l’impact d’une erreur dans un logiciel que dans une micropuce. »

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Pierre Olivier, chef de la technologie chez LeddarTech, dans un véhicule de sa compagnie

Pour relever ces défis, l’équipe d’ingénieurs de l’entreprise qui compte plus de 250 employés travaille avec un cycle de développement en V, où chaque phase dans le processus de conception est suivie d’une étape de validation adaptée. « Chaque ligne de code est vérifiée, et cela culmine avec des tests fonctionnels », explique Pierre Olivier.

Les accidents de la route tuent chaque année environ 1,35 million de personnes dans le monde, d’après l’Organisation mondiale de la santé.