C’est en 1993 que Daniel Mercier a démarré seul son laboratoire de tests de matériaux et de sol, alors qu’il était jeune finissant en génie civil et qu’il n’arrivait pas à dénicher d’emploi. Le Groupe ABS – pour asphalte, béton et sol – a depuis toujours progressé de façon organique, mais a véritablement pris son envol il y a une dizaine d’années grâce aux révélations faites durant l’enquête sur la gestion des contrats publics dans la construction.

« On a toujours eu une bonne croissance organique qui nous a permis d’ouvrir une dizaine de bureaux dans autant de villes en région au Québec, mais on était incapables de décrocher de gros contrats publics parce que tout était organisé. On a progressé en réalisant des petits projets d’entrepreneurs privés et dans le secteur immobilier », m’explique Daniel Mercier.

« On n’avait pas accès au marché de Montréal parce qu’on disait qu’on n’avait pas de présence sur l’île. On a acheté la firme Joyal Environnement en 2008 à Montréal, mais on n’a pas eu plus de contrats. On m’a déjà dit que j’avais la meilleure proposition, mais que je ne faisais pas partie du groupe », se souvient l’entrepreneur.

C’est à partir de 2012-2013, à mesure que les révélations décrivant le copinage qui prévalait entre les firmes d’ingénieurs, les gros entrepreneurs de l’industrie et certains donneurs d’ordres publics, que le Groupe ABS a commencé à décrocher des mandats de plus grande envergure.

« On n’avait pas accès aux chantiers de l’aéroport de Montréal parce qu’ils exigeaient des qualifications démesurées, même chose avec les ponts Jacques-Cartier et Champlain, ou aux contrats d’Hydro-Québec parce qu’ils nous disaient qu’ils avaient déjà des fournisseurs fiables », raconte M. Mercier.

Bref, tout ça a commencé à changer, et on est passés de 250 à 725 employés depuis 2015.

Daniel Mercier, PDG du Groupe ABS

Aujourd’hui, l’expertise en tests de matériaux et en décontamination des sols d’ABS a servi aux travaux du nouveau pont Samuel-De Champlain. L’entreprise réalise également des tests pour les fabricants de matériaux et a élargi ses champs d’activité.

L’entreprise est présente dans tous les chantiers pour certifier la qualité et les normes des matériaux qui sont utilisés, que ce soit l’asphalte et le béton, ou celle des sols.

D’organique à stratégique

« On a créé une division de signalisation pour répondre à nos besoins, mais aujourd’hui on est parmi les gros joueurs de la signalisation, et des chantiers comme le REM utilisent nos équipes de notre division ABS Signalisation.

« On a aussi créé à Saint-Amable la division Solum qui se spécialise dans la décontamination des sols. Quand on décontamine, on brasse le sol et il y a des particules qui peuvent s’échapper dans l’air. C’est pourquoi on a créé une autre division, Vert-Zéro, qui plante des arbres pour compenser les émissions que l’on peut générer », poursuit Daniel Mercier.

PHOTO MORGANE CHOQUER, LA PRESSE

Daniel Mercier raconte que le Groupe ABS a commencé à décrocher des mandats de plus grande envergure en 2012-2013.

Le Groupe ABS a toujours progressé de façon organique, mais à la suite d’une planification stratégique, il a été décidé de réaliser des acquisitions pour renforcer la base du groupe.

« On a fait l’acquisition, il y a six mois, de la firme Qualilab Inspection qui nous donne une souplesse d’action. Elle réalise des contrats dans le secteur privé comme on le faisait à nos débuts.

« Il y a deux semaines, on a fait l’acquisition de TechnoRem de Laval, spécialisée dans la décontamination des sites in situ, alors que notre division Solum fait de la décontamination à l’extérieur des sites.

« De plus, TechnoRem est active dans la recherche et la gestion des eaux souterraines. C’est une centaine de spécialistes qui sont venus renforcer nos effectifs », explique le PDG du Groupe ABS.

La volonté de Daniel Mercier est de créer un groupe québécois de référence dans son domaine et, surtout, de s’assurer qu’il reste de propriété québécoise.

« On est le plus gros laboratoire indépendant en génie des matériaux au Québec. Le troisième si on compte les entreprises étrangères. La prochaine étape sera d’ajouter par fusion ou acquisition une firme de génie civil qui nous permettra d’offrir des solutions complètement intégrées à nos clients », résume l’entrepreneur.

L’homme le plus rapide au Canada

Parallèlement au développement du Groupe ABS, Daniel Mercier cultive une passion étonnante : il est pilote professionnel de dragsters, ces engins de course conçus pour aller le plus vite au monde sur quatre roues.

PHOTO FOURNIE PAR DANIEL MERCIER

L’entrepreneur Daniel Mercier est également pilote professionnel de dragsters.

« Je participe à une quinzaine de courses par année aux États-Unis. J’ai une équipe de trois personnes à temps plein, douze lorsque je réalise une course, et la prochaine aura lieu en septembre à Indianapolis pour les U.S. Nationals, la course mondiale d’accélération.

« Je suis natif de Salaberry-de-Valleyfield et mon père, agriculteur, nous amenait en VR voir les régates partout au Québec et dans le Nord-Est américain. Je me suis acheté un bateau et j’ai eu mon équipe de régate durant 10 ans. Puis j’ai décidé de me lancer en dragster. On a formé une équipe, et je suis le pilote », raconte Daniel Mercier.

Le PDG du Groupe ABS a même été champion du nord-est des États-Unis en 2006 et il est le Canadien le plus rapide sur quatre roues, ayant réussi à franchir le quart de mille en 3,77 secondes.

Les engins qu’il pilote aux quatre coins des États-Unis font 540 kilomètres à l’heure, et sa saison se déroule du mois de février à la mi-novembre. Comment arrive-t-il à concilier cette passion avec celle déjà accaparante de diriger une entreprise ?

« Une semaine compte 168 heures. Tu en dors 48, il t’en reste donc 120. Moi, je prends 40 heures pour mon travail, 40 heures pour ma passion et 40 heures pour ma famille », résume-t-il simplement.