(Washington) Le Congrès a adopté jeudi une loi qui débloque 52 milliards de dollars de subventions pour relancer la production de semi-conducteurs aux États-Unis, et des dizaines de milliards supplémentaires pour la recherche et le développement.

Le texte, voté la veille au Sénat, a recueilli les suffrages de 243 élus de la Chambre des représentants, dont 24 républicains. 187 s’y sont opposés.  

La loi doit désormais être ratifiée par le président Joe Biden, pour qui elle représente une victoire arrachée après un combat de longue haleine et une (rare) bonne nouvelle à l’approche des élections de mi-mandat.

Elle « va diminuer les coûts de la vie quotidienne, créer des emplois industriels bien payés dans le pays et renforcer la place de leader des États-Unis dans l’industrie du futur », a-t-il commenté dans un communiqué publié juste après son adoption.

Le démocrate s’était entretenu auparavant avec son homologue chinois Xi Jinping, dont le gouvernement a fermement condamné une loi qui « sous couvert de renforcer la compétitivité américaine, réduit la coopération scientifique et technologique » entre les deux pays.

La demande pour les semi-conducteurs, au cœur de toute l’électronique moderne, a explosé pendant la pandémie, causant des pénuries mondiales encore exacerbées par la fermeture d’usines chinoises face aux résurgences de la COVID-19.

Les États-Unis, dont la part dans la production mondiale a fortement reculé ces dernières années au profit de l’Asie, ont souffert de ces pénuries. Cela a notamment ralenti la production de voitures neuves l’an dernier, faisant flamber les prix dans l’automobile.  

« La pandémie a révélé de graves vulnérabilités dans nos chaînes d’approvisionnement, en particulier notre dépendance à l’égard de certaines régions pour certains matériaux essentiels », a commenté la secrétaire américaine au Commerce, Gina Raimondo, dans un communiqué.

« Cette loi place notre pays dans une position plus forte pour résister aux futurs chocs économiques et éviter des perturbations majeures dans la vie quotidienne du peuple américain », a-t-elle salué.

Sécurité nationale

L’administration a également mis en garde contre le risque pour la sécurité nationale, de nombreux équipements militaires ayant besoin de ces composants.

Malgré un constat partagé par démocrates et républicains sur l’impératif de relancer la production nationale, les élus du Congrès ont échoué pendant des mois à se mettre d’accord sur un texte définitif.

Ils se sont finalement entendus pour débloquer 39 milliards de dollars d’aides pour les fabricants de semi-conducteurs et 13 milliards pour les laboratoires de recherche.  

Plusieurs grands groupes ont déjà fait savoir qu’ils comptaient s’en servir pour ouvrir de nouvelles usines dans l’Ohio ou l’Indiana, par exemple.

La loi, dont l’enveloppe totale est évaluée à 280 milliards de dollars, prévoit aussi 100 milliards sur cinq ans pour la recherche et le développement dans d’autres secteurs, et de renforcer la sécurité de la Cour suprême des États-Unis.

Le sénateur Bernie Sanders, figure de la gauche, s’était ému avant le vote des sommes allouées à des entreprises « rentables » qui, selon lui, « ont fermé 780 usines en 20 ans » aux États-Unis.

Le texte « comprend des garde-fous importants pour s’assurer que les entreprises qui reçoivent l’argent des contribuables investissent en Amérique », a assuré Joe Biden.