La nouvelle ne surprend personne, mais ce chiffre est quand même dur à avaler au début des vacances en famille ou alors qu’on est déjà sur le bord de la plage en solo : un taux d’inflation de plus de 8 % en juin. Et cette hausse est nourrie par l’augmentation des principaux postes de dépenses des villégiateurs : hébergement, essence et repas. Dans ce contexte, comment passer de belles vacances ?

Une fois installé, ne bougez plus !

Ou moins, en tout cas…

Le prix de l’essence a fait un bond de 54 % durant l’année, selon les données du mois de juin dévoilées mardi par Statistique Canada. Ça ne veut pas dire qu’il faut revoir dare-dare les plans de vacances, mais ça peut nous inciter à laisser la voiture dans le stationnement une fois arrivés à destination.

« Cette année, le désir de partir était plus fort », estime Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques chez CAA Québec. L’organisme fait un sondage annuel sur les intentions de voyage des Québécois. Bien que préoccupante, la hausse du prix de l’essence n’a pas été un frein aux voyages. Par contre, explique Nicolas Ryan, une fois à destination, les vacanciers vont adapter leurs comportements, notamment en limitant leurs déplacements. Ils vont par exemple faire deux arrêts plutôt que les quatre prévus à l’itinéraire, explique-t-il, ce qui au compteur réduira le total de kilomètres. Selon M. Ryan, c’est peut-être pour les plans de l’année prochaine que la distance de la destination sera prise en compte au moment de faire les réservations. « Cette année, la reprise est très forte », dit-il. Et propulsée par les deux années de privations pandémiques. C’est ce que Nicolas Ryan appelle « le voyage revanche ».

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Coucher de soleil dans la région de Kamouraska, dans le Bas-Saint-Laurent

Chez Tourisme Bas-Saint-Laurent, on confirme cette tendance : un bel achalandage de visiteurs qui restent plus longtemps au même endroit et se déplacent moins. « Les gens font plus d’activités gratuites, de la randonnée et des pique-niques », dit Karine Lebel, agente de communication pour l’association touristique. Et ça tombe bien : « Le meilleur spectacle du Bas-Saint-Laurent est gratuit, estime-t-elle. Ce sont nos couchers de soleil ! »

Profitez du gîte

Les prix pour l’hébergement ont bondi de 49,7 % par rapport à juin 2021.

Pourquoi ?

« La reprise des évènements sportifs, des festivals et des autres grands rassemblements en personne a entraîné une augmentation de la demande d’hébergement, surtout dans les grands centres urbains », selon Statistique Canada.

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Gîte Les Conifères, à Saint-Adolphe-d’Howard

Dans ce contexte, il est judicieux de bien choisir son hébergement pour rentabiliser son « investissement ».

Catherine Simard, propriétaire du gîte-café-jardin Les Conifères à Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides, a décidé de ne pas hausser les prix de ses chambres, mais elle note un changement des habitudes de sa clientèle : les vacanciers restent davantage sur place. « Les gens arrivent avec leur glacière et vont manger ici plutôt que d’aller dans un restaurant au village », dit-elle. Ils se font même leur café du matin, qu’ils peuvent siroter sur le bord de la rivière.

Découvrez ce qui pousse autour

Autre poste de dépenses où la hausse est indéniable : les aliments. Le prix des matières premières (fruits, légumes, viandes, etc.) a subi une hausse globale de 8,8 % de juin 2021 à juin 2022. La facture du restaurant, qu’il s’agisse du casse-croûte ou du resto plus sophistiqué, a inévitablement aussi augmenté.

Afin de respecter le budget prévu pour les repas en vacances sans perdre en plaisir, une visite au marché public s’impose. « C’est prendre le pouls du goût de la région », dit Jean-Nick Trudel, président de l’Association des marchés publics du Québec, qui précise qu’une visite dans un marché de l’Abitibi-Témiscamingue n’a rien à voir avec celle d’un marché de la Côte-Nord.

Et il n’y a pas que le prix des aliments qui augmente, la popularité des marchés publics québécois aussi. Il y en a plus de 160 maintenant, alors qu’ils étaient 123 avant la pandémie, selon l’Association des marchés publics du Québec.

Prenez le temps

« Parfois, le minimalisme, on doit se le faire imposer. Et l’inflation fait exactement ça », lance Dominique Bernèche, cofondatrice de l’entreprise Les Belles combines, qui donne des astuces pour mieux planifier la vie de famille. Selon cette mère de sept enfants, on a tendance à vouloir remplir la journée d’activités dès le premier jour de vacances. « On a l’impression que nos enfants ont besoin de glissades d’eau et de manèges, mais pas du tout, c’est souvent nous qui avons peur qu’ils s’ennuient. Eux s’émerveillent devant tout », dit Dominique Bernèche, jointe alors qu’elle est en vacances, sur le point d’aller visiter une plage proche d’un chalet où il n’y a ni eau ni électricité.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Dominique Bernèche conseille le camping pour économiser et sortir de sa zone de confort.

Selon elle, rien de mieux qu’un beau feu de camp pour finir la journée, et ça ne coûte pas un dollar. Son conseil pour ceux qui doivent réduire le budget de vacances : apprivoiser le camping, sortir de sa zone de confort et s’éloigner de ses habitudes. « Ça nous oblige à être plus à l’écoute de nous-mêmes », dit-elle.

Pratiquez le tourisme de proximité

À l’Alliance de l’industrie touristique du Québec, on confirme que les taux d’occupation sont bons dans les campings et que la saison va bon train, malgré les préoccupations budgétaires bien réelles des voyageurs. Pour profiter des congés d’été sans se ruiner, l’Alliance suggère de privilégier le tourisme local. Cela permet de découvrir les attraits que l’on voit souvent sur les panneaux bleus sans vraiment y prêter attention. Dans sa liste de conseils pour voyager à petit budget, l’Alliance suggère de fréquenter les festivités et les parcs de notre région dont les accès sont parfois gratuits pour tous ou pour les enfants.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

Plage du parc-nature du Cap–Saint-Jacques, à Montréal

Finalement, l’Alliance recommande aussi la lenteur… en auto ! « Prenez les chemins de traverse en passant par l’une des 18 routes touristiques officielles réparties dans la plupart des régions, peut-on lire dans sa liste de conseils de vacances. Elles permettent de voyager plus lentement, en auto, à pied ou à vélo, et de mieux apprécier nos paysages, villages et lieux patrimoniaux. »