(Montréal) L’industrie aéronautique canadienne peut se démarquer grâce au développement des technologies vertes, croit le ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, qui participe au Salon aéronautique de Farnborough, au Royaume-Uni.

« Je veux que l’ensemble de l’industrie aérospatiale reconnaisse le Canada comme un fournisseur vert de choix de l’industrie, a dit le ministre en entrevue téléphonique. Je pense qu’on a tous une mission de verdir les chaînes d’approvisionnement. »

À cet égard, le Québec est un chef de file dans l’industrie, estime le ministre. « Prochainement, on va être capable de faire de l’aluminium vert, de l’acier vert, énumère-t-il. On est en train de développer des technologies qui vont nous permettre de développer de nouveaux matériaux qui sont plus légers. Aussi, on est en train de développer les différentes alternatives dans les biocarburants, même voir l’hydrogène. »

Cette promotion du potentiel « vert » du Canada est faite tandis que le Royaume-Uni traverse une canicule record où le mercure avoisine les 40 degrés Celsius et que l’empreinte environnementale de l’aviation est un sujet de plus en plus discuté. Les défenseurs de l’industrie mettent de l’avant les efforts en vue de réduire les émissions alors que ses détracteurs remettent en question la pertinence du voyage aérien dans un contexte de lutte au changement climatique.

Bien que les émissions du secteur demeurent modestes, représentant environ 3 % du total à l’échelle mondiale, le nombre de voyageurs aériens demeure confiné à un bassin restreint de la population mondiale. Lorsqu’on regarde l’impact environnemental pour une seule personne, un vol en avion devient plus important.

Les grandes multinationales de l’aérospatiale sont de plus en plus réceptives à l’impératif de réduire leurs émissions de carbone, constate M. Champagne. « On parle d’une aviation qui sera plus durable. C’est clair que c’est dans la tête de chacun. Les gens veulent d’abord faire des économies de carburant et la façon de le faire, c’est avec des technologies, et je pense que tout le monde souhaite une aviation qui est plus durable pour les décennies à venir. Et ça, ça positionne très bien le Canada. »

Un exemple des intentions d’une multinationale qui a des effets au Canada : la multinationale française Airbus, qui assemble l’avion A220 à Mirabel, dans les Laurentides, vise à atteindre la carboneutralité d’ici 2035. L’an dernier, elle a joint un regroupement d’entreprises québécoises au sein du Consortium SAF+ en vue de produire du biocarburant à Montréal.

Un premier salon depuis la pandémie

Le Salon aéronautique de Farnborough, qui se tient aux deux ans durant les années paires, est de retour après avoir été annulé en 2020. Pour sa part, le Salon du Bourget, en France, qui se déroule les années impaires, avait été annulé en 2021.

Le retour de Farnborough marque donc la première grand-messe de l’aviation depuis Le Bourget de 2019. Outre le Canada, l’attention se dirigera vers les annonces des deux rivales Boeing et Airbus au moment où l’industrie aérienne semble donner des signes de reprise, malgré les perturbations dans les aéroports, les difficultés de la chaîne d’approvisionnement et les craintes sur une éventuelle récession.

Airbus avait déjà indiqué qu’elle prévoyait un besoin de 39 500 avions neufs au cours des 20 prochaines années. Boeing, pour sa part, croit que le nombre d’appareils augmentera de 82 %, toujours au cours des 20 prochaines années.

Des représentants de plus de 80 entreprises canadiennes, dont 25 ont un kiosque sur place, sont présents au Salon aéronautique de Farnborough.

Le fait de pouvoir échanger avec les grands acteurs de l’industrie fait une différence pour les entreprises canadiennes, croit M. Champagne, qui rencontrera des dirigeants d’Airbus, Boeing, De Havilland et Mitsubishi, notamment. « Ça fait toute la différence. C’est l’occasion de raffermir ces relations-là [entre les entreprises canadiennes et les différents acteurs de l’industrie]. »

L’évènement devrait générer son lot d’annonces. Le spécialiste montréalais de la formation des pilotes et des simulateurs CAE doit faire une annonce mardi. Le ministre Champagne n’a pas trop voulu s’avancer sur le nombre d’annonces potentielles à prévoir au cours de l’évènement.

« Il y en a d’autres qui sont en préparation [des annonces]. Vous savez : le meilleur moment [pour l’annoncer], c’est une décision commerciale. Ça appartient surtout aux entreprises de décider c’est quoi le meilleur moment. Le Salon, c’est un bon moment pour annoncer, mais certaines entreprises préfèrent faire ça à un autre moment. »