Depuis sa création il y a 54 ans maintenant, la popularité du Festival d’été de Québec a toujours été au rendez-vous, mais l’édition 2022, qui bat son plein actuellement dans la Vieille Capitale, a généré un intérêt inégalé à ce jour. « On a vendu nos 125 000 laissez-passer 75 jours avant le début de l’évènement, c’est du jamais-vu », s’exclame Anne Hudon, PDG du Festival d’été de Québec et de BLEUFEU, l’organisme sans but lucratif qui chapeaute cet incontournable happening estival québécois.

Vendredi, en fin d’après-midi, la Haute-Ville de Québec avait résolument des airs country alors que des centaines d’hommes et de femmes portant des chapeaux et des bottes de cow-boy convergeaient vers les plaines d’Abraham pour assister à trois spectacles country qui allaient monopoliser la grande scène Bell du Festival d’été de Québec (FEQ).

« C’est le chanteur country américain Luke Combs qui est très, très populaire qui est la vedette de la soirée. Les gens viennent de partout en région et d’ailleurs au Canada et du nord-est des États-Unis pour le voir. Ça va être une grosse soirée », prévoit Anne Hudon, dans son bureau provisoire, installé au Manège militaire, aux abords des plaines d’Abraham durant la durée du festival.

Après deux ans d’absence sous sa forme traditionnelle de festival de musique multigenre en plein air, le FEQ a enfin pu renaître cet été sous ses plus beaux atours.

« Cette année, on a ajouté une soirée de spectacle — celui de Charlotte Cardin — aux onze qui étaient déjà prévues parce qu’on voulait faire un cadeau aux fans pour les remercier de leur patience. Ç’a été deux années difficiles », souligne la PDG du FEQ.

En plus du site de la grande scène Bell des plaines d’Abraham qui peut accueillir jusqu’à 90 000 spectateurs, le FEQ propose deux autres sites de spectacles en plein air, dont un gratuit à la place de l’Assemblée-Nationale, et un autre en salle fermée au Manège militaire.

Durant les 11 jours du FEQ, on propose 200 spectacles d’artistes internationaux pour aller rejoindre le plus vaste public possible. On est vraiment devenu une activité créatrice de vitalité économique pour la ville de Québec.

Anne Hudon, PDG de BLEUFEU et du Festival d’été de Québec

Lors de la dernière édition complète, en 2019, le FEQ a généré des retombées économiques de 23,2 millions et produit des recettes fiscales de 4,5 millions ; on a recensé 325 000 visiteurs uniques durant les 11 jours de l’évènement.

Si le festival est fréquenté à 70 % par des résidants de la région de Québec, les touristes de l’extérieur ont contribué à la hauteur de 5,6 millions en dépenses diverses, notamment au chapitre de l’hébergement et de la restauration. Chaque visiteur dépense en moyenne 261 $ par jour.

Rattrapage et développement

« J’ai hâte de voir les chiffres de cette année. L’absence durant deux ans de grands évènements comme le FEQ a poussé bien des festivaliers de partout à vouloir rattraper le temps perdu. On va voir si notre écosystème a changé. Nos laissez-passer nous permettent de savoir quel artiste a le plus vendu et d’où proviennent les visiteurs », expose Anne Hudon.

PHOTO CAROLINE GRÉGOIRE, LE SOLEIL

La foule au spectacle de Charlotte Cardin, le 6 juillet dernier

Doté d’un budget de près de 40 millions, le FEQ tire la plus importante partie de ses revenus (45 %) de la vente de ses 125 000 laissez-passer à 130 $ pièce. Les commandites et revenus d’exploitation représentent, eux, 42 % de son budget et les subventions (fédérales, provinciales et municipales) totalisent 13 %.

« On a eu droit cette année à une subvention additionnelle de 9,5 millions du gouvernement fédéral dans le cadre d’un programme de relance des grands festivals, mais on a dû traverser deux années difficiles », observe Anne Hudon.

Après avoir annulé l’édition de 2020, le FEQ a décidé d’organiser un festival de transition en 2021 en planifiant 11 soirées de spectacles en salle, à raison de deux spectacles par soir avec un maximum de 250 spectateurs par évènement. On était loin des plaines d’Abraham…

« À la dernière minute, on a eu droit à des allègements sanitaires et on a pu accueillir 500 spectateurs par représentation. Mais cette année, on a eu la confirmation en février que l’on pouvait revenir avec une pleine programmation, ç’a été un grand soulagement », explique la PDG.

BLEUFEU, l’OBNL qui chapeaute le Festival d’été de Québec avec une équipe permanente d’une soixantaine d’employés, a dû composer avec la pénurie de main-d’œuvre pour relancer la machine qui emploie jusqu’à 500 personnes en période de pointe.

« C’est une des raisons pour lesquelles on a ramené de quatre à trois le nombre de sites extérieurs, tout comme le risque que certains travailleurs contractent la COVID-19. Le manque de main-d’œuvre demeure une grande préoccupation », constate Anne Hudon.

Outre le Festival d’été de Québec, BLEUFEU organise également le festival St-Roch xp, un mélange urbain de musique de la relève et de gastronomie qui se déroule en septembre et le festival Toboggan, qui se déploie en janvier.

« On est aussi propriétaires de la salle de spectacle Imperial Bell dans la rue Saint-Joseph d’une capacité de 900 places et d’une autre salle de 400 places que l’on va inaugurer prochainement. On est devenus un très gros moteur économique pour la ville de Québec et on veut continuer de générer de la vitalité économique », insiste la PDG du FEQ.