Jugeant la situation de plus en plus difficile avec les entreprises forestières, les pourvoiries demandent une révision du Règlement sur l’aménagement durable des forêts du domaine de l’État. La Fédération des pourvoiries du Québec (FPQ) souhaite notamment un plan d’aménagement durable en collaboration avec les pourvoiries.

« Le gouvernement ne considère pas les pourvoiries lorsqu’il fait sa planification de départ, dit Bruno Caron, président du conseil de la FPQ. On nous consulte après. C’est vraiment difficile. Les chemins, par exemple, sont tracés en fonction des industriels. On demande un plan à long terme, d’être consultés, qu’il y ait un réseau de routes préétabli et qu’on tienne compte de nos activités. »

Lui-même propriétaire de la pourvoirie Waban-Aki, en Mauricie, Bruno Caron est aux premières loges des activités forestières. Il ne cache pas son inquiétude à la veille d’un investissement de 450 000 $ sur sa pourvoirie de 110 km⁠2 notamment pour la construction de chalets et de dômes géodésiques. « Chaque fois qu’il y a des coupes, on est impactés, on perd une partie du territoire, note-t-il. Or, il faut assurer la quiétude de nos clients. Quand il y a une grosse coupe, ça les fait beaucoup réagir. Il n’y a pas beaucoup de balises. Si on sait où on s’en va, on peut adapter nos activités. On n’est pas contre la coupe, mais il faut qu’on tienne compte de nos opérations. »

« Mes pourvoiries sont accessibles de façon aérienne et je n’ai rien à dire sur les routes, déplore Jean Blanchard, propriétaire des pourvoiries Lac de la Sauterelle, Lac Hébert et Air Tamarac, en Mauricie. La révision du régime forestier, il y a cinq ans, a donné plus de droits aux entrepreneurs forestiers. Le ministère [des Forêts, de la Faune et des Parcs] remet en question notre impact économique. On n’est pas contre la foresterie, mais on veut travailler avec tout le monde. Il y a une façon de faire et on veut s’entendre. »

Clientèle diversifiée

Entre autres arguments, la FPQ (qui compte 350 membres sur 600 pourvoiries au Québec) rappelle que les pourvoiries sont des territoires convoités par une clientèle de plus en plus diversifiée et qu’on y retrouve des habitats essentiels à préserver. « Aujourd’hui, plus de familles viennent faire du plein air, du kayak, de la randonnée pédestre, de la randonnée à chiens, de la cueillette, énumère Bruno Caron. On est un accès privilégié au public qui ne vient plus juste pour la chasse et la pêche. »

« La planification forestière peut englober nos petits territoires fauniques, ajoute Jean Blanchard. C’est dommageable, car c’est notre environnement de travail, ce qu’on offre à la clientèle, une réserve faunique pour les orignaux, les ours. On a autant d’importance économique que la foresterie. On a une grande clientèle non résidante. »

Jean Blanchard est néanmoins optimiste face au cri du cœur lancé par la FPQ. « Je crois que ça va changer, car nous sommes des acteurs trop importants, dit-il. On a un gouvernement à vocation économique et le développement durable est à la mode. On aide à la préservation des milieux naturels. On doit juste se faire entendre. »

Dans un message transmis à La Presse par courriel, le ministère de la Faune, des Forêts et des Parcs (MFFP) soutient déjà être en contact avec la FPQ à travers diverses tables locales de discussions et de consultations publiques. « [Des] rencontres ont porté sur l’analyse des enjeux des pourvoiries pour faciliter le développement de solutions conjointes visant de meilleures pratiques d’harmonisation des usages à mettre en œuvre, lit-on notamment. […] Le Secteur des opérations régionales du MFFP s’est engagé dans un processus d’amélioration continue à travers sa Politique environnementale et forestière. Ce processus se concrétise par la mise en œuvre et le maintien d’un système de gestion environnementale et d’aménagement durable des forêts certifié par une tierce partie selon la norme ISO 14001. »

En savoir plus
  • 510 000
    Les pourvoiries accueillent plus de 510 000 personnes par année, dont 90 000 personnes de l’extérieur de la province.
    SOURCE : Fédération des pourvoiries du Québec