(Paris) Les Bourses mondiales reculaient nettement jeudi, tablant sur une récession prochaine après la publication de signes d’un ralentissement de la consommation aux États-Unis.  

La Bourse de New York évoluait en baisse depuis le début de la séance : le Dow Jones cédait 0,84 %, le NASDAQ 0,99 % et le S&P 500 0,75 % vers 15 h 55 GMT.

Les indices européens ont terminé en fort repli, après avoir frôlé la barre des -3 % à mi-séance : Paris a perdu 1,80 %, Londres 1,96 %, Francfort 1,69 % et Milan 2,47 %. Les inquiétudes concernant les livraisons de gaz russe s’ajoutaient au reste des craintes des investisseurs.  

En juin, les Bourses européennes ont enregistré leur pire performance mensuelle depuis mars 2020, début de la crise de la COVID-19, perdant entre 5,76 % à Londres et 11,15 % à Francfort.  

Bilan du deuxième trimestre : Francfort et Paris ont reculé de 11 %, quand Londres n’a perdu que 4,60 %.

Et sur l’intégralité du semestre, à l’image de cette dernière séance dans le rouge, le S&P 500 perd plus de 20 %, le pire bilan semestriel depuis 1970, qui « s’explique en grande partie par la crainte des investisseurs que les hausses de taux en cours » effectuées par les banques centrales pour lutter contre l’inflation « ne finissent par entraîner une récession », estiment les économistes de la Deutsche Bank.  

Le scénario d’une récession économique a été renforcé par les dernières statistiques publiées.  

En mai, les dépenses n’ont augmenté que de 0,2 % contre 0,6 % en avril. Mais en termes réels, tenant compte de l’inflation, la consommation, qui est la locomotive de l’économie américaine, a reculé de 0,4 % en mai, ce qui préjuge mal de la croissance au 2e trimestre, soulignaient les analystes de Capital Economics.

Et l’indice PCE, qui mesure l’inflation américaine et est privilégié par la Réserve fédérale, s’est maintenu à un niveau élevé en mai, à 6,3 % sur an. Sur le mois, l’inflation a atteint de 0,6 %.

Selon Rubeela Farooqi, économiste en chef chez High Frequency Economics, « l’affaiblissement du PCE corrigé de l’inflation en mai est un signal d’avertissement quant à la trajectoire de croissance à venir ».

D’un autre côté, ces chiffres laissent penser que les Banques centrales pourrait alléger le resserrement monétaire prévu.  

« Une combinaison de gains salariaux plus lents, d’une inflation des marges plus faible et d’un dollar plus fort commence à entraîner un net ralentissement de l’inflation sous-jacente », a estimé Ian Shepherdson, chef économiste de Pantheon Macroeconomics même s’il « reste encore beaucoup à faire ».

Les taux d’intérêt souverains repartaient nettement à la baisse, notamment en Europe. L’intérêt de l’emprunt allemand à 10 ans reculait fortement, s’établissant à 1,35 %, contre 1,62 % mardi à la clôture.  

Uniper en appelle à l’État allemand

L’énergéticien allemand Uniper a sombré de 14,86 % après avoir suspendu ses prévisions de résultats pour l’année, invoquant les tensions sur le gaz et notamment la baisse des volumes envoyés en Allemagne par Gazprom.  

L’économie allemande « est en train de basculer en mode d’urgence » face au risque de manque de gaz pour son industrie, note Jochen Stanzl, analyste chez CMC Markets.

D’autres énergéticiens, comme E. ON (-4,35 %), ou Engie (-3,72 %) ont aussi reculé nettement.

Du côté du pétrole et des devises

Les prix du pétrole tombaient après la décision des pays producteurs de pétrole de l’OPEP+ de reconduire leur objectif d’ouverture des vannes légèrement plus importante pour cet été. Cela ne suffira cependant pas à freiner l’envolée des prix provoquée par la guerre en Ukraine.

Le baril de Brent de mer du Nord a échéance août reculait de 0,9 % à 115,21 dollars et celui de WTI à même échéance de 2,84 % à 106,63 dollars vers 15 h 50 GMT.  

L’euro montait de 0,29 % à 1,0474 dollars.  

Autre signes d’aversion au risque des investisseurs, le bitcoin chutait de 4,86 % à 19 200 dollars et le franc suisse, valeur refuge, se stabilisait au niveau de parité avec l’euro, après avoir bondi à son plus haut niveau depuis janvier 2015 mercredi.