(Paris) Une campagne d’influence pro-chinoise utilise actuellement les réseaux sociaux pour freiner l’essor de producteurs occidentaux de terres rares, selon un rapport de la société de cybersécurité américaine Mandiant publié mardi.

La Chine contrôle aujourd’hui 80 % de ces métaux stratégiques, nécessaires par exemple à la fabrication de puces de téléphones intelligents, d’écrans LCD, d’équipements militaires ou d’éoliennes offshore.

Des industriels occidentaux en Australie, au Canada ou aux États-Unis tentent de desserrer l’étau en lançant à leur tour la production de terres rares.

Mais ils sont pris pour cible par une galaxie de faux comptes de réseaux sociaux alignée sur les intérêts chinois, selon Mandiant, une société proche des autorités américaines et connue pour ses capacités d’investigation numérique.

Depuis quelques mois, les milliers de faux comptes repérés par Mandiant sèment par exemple sur les groupes de discussion, forums et autres sites internet des contenus hostiles à l’entreprise australienne Lynas Rare Earths.

Ils attaquent par exemple cette société sur son bilan environnemental ou bien appellent à manifester contre son projet de nouvelle usine au Texas, rapporte Mandiant.

Les faux comptes prétendent notamment être ceux d’habitants du Texas, inquiets des risques environnementaux et sanitaires liés à la nouvelle usine.

En juin 2022, d’autres entreprises, la compagnie minière canadienne Appia Rare Earths and Uranium et l’entreprise américaine USA Rare Earths, ont été prises pour cibles par la galaxie pro-chinoise, baptisée « Dragonbridge » par Mandiant.

Mandiant ne précise pas comment les faux comptes ont été identifiés. Mais d’une manière générale, ils présentent « les mêmes indicateurs d’inauthenticité et de coordination », explique Mandiant.

Ils ont vraisemblablement été créés en série, par lots, entre « mars 2022 et juin 2022 » et ils reprennent notamment des images trouvées sur l’internet pour les photos de profil.

Certains, pour être plus crédibles, publient aussi des « contenus apolitiques », comme des « phrases inspirantes, des conseils de bien-être ou de voyage, ou des informations sportives ».

Au total, cette campagne anti-terres rares a montré « une plus grande sophistication » de Dragonbridge par rapport à des actions précédentes, avec notamment une capacité de « micro-ciblage » des contenus, note Mandiant.

Mais la mise en œuvre a montré des faiblesses, qui ont « limité la capacité des auteurs à susciter une réelle mobilisation » contre les nouveaux sites miniers et usines, selon Mandiant.