La filière batterie n’a pas fini de prendre forme puisque de « deux à trois » annonces d’envergure auront bientôt lieu, selon le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne. Ces annonces permettront de compléter l’écosystème au pays, mais impossible de savoir si le Québec aura sa part du gâteau.

Ces engagements devraient être confirmés avant la fin de juillet, lorsque le principal intéressé sera de retour d’une mission de sept jours au Japon – destination vers laquelle il s’envole samedi – orientée autour de trois grands thèmes : les batteries, les véhicules électriques et les semi-conducteurs, ces composants que l’on retrouve dans des puces électroniques essentielles au fonctionnement d’équipements électroniques.

Ce sont des annonces structurantes pour l’industrie. Ce n’est pas de dire : “On rajoute 2000 pieds carrés à une usine”. On va avoir la chaîne complète au Canada des batteries et des véhicules électriques.

François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

Le ministre n’a pas voulu s’avancer sur des sommes ainsi que sur les endroits qui accueilleront ces projets. Depuis le début de l’année, le Québec et l’Ontario se sont partagé les annonces. Le premier accueillera des fabricants de composants de batteries au lithium-ion (cathodes) que l’on retrouve dans les véhicules – un projet de 5 milliards de dollars.

Chaque fois qu’on lui demande d’offrir plus de détails, M. Champagne répond que son gouvernement « parle à tout le monde ». À l’exception de Recyclage Lithion au Québec, le créneau du recyclage des batteries n’a pas été épaulé massivement par Ottawa.

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François-Philippe Champagne, ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie

« Ça fait partie des plans, dit le ministre fédéral. Il n’y a pas de capacité pour exploiter les minéraux critiques en volume suffisant pour faire face à la demande. Le recyclage, c’est l’économie circulaire vers où on doit s’en aller. Dans les prochaines semaines, il y a bien des affaires qui s’en viennent. »

Ramener des projets

Au moment où le gouvernement Legault est en pourparlers avec Panasonic dans le but d’installer le Québec au sein de l’écosystème de la multinationale japonaise, M. Champagne doit passer une journée complète avec la haute direction de l’entreprise dans le cadre de l’opération charme.

« Ce n’est quand même pas rien », souligne M. Champagne, sans toutefois aller jusqu’à promettre une annonce à son retour en territoire canadien. « C’est certain que nous allons être plus loin avec eux qu’avant de partir [pour le Japon]. »

Lisez « Québec confirme les discussions avec Panasonic »

Des entreprises comme Mitsui (secteur chimique), Fujitsu (semi-conducteurs et produits électroniques) et Hitachi (électronique) auront des rencontres avec le ministre. Celui-ci consacrera aussi une importante partie de sa visite à des constructeurs automobiles comme Toyota, Honda, Nissan, Suzuki et Mitsubishi. Les trois derniers géants de cette liste n’assemblent pas de véhicules au Canada.

Avec Mitsubishi, la rencontre pourrait être l’occasion de discuter de santé, puisque le conglomérat est actionnaire à 79 % de Medicago, une société biopharmaceutique québécoise dont le vaccin contre la COVID-19 à base de plantes a été rejeté par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) parce que l’entreprise compte le cigarettier Philip Morris (21 %) parmi ses actionnaires.

« Ça va se régler, on va le régler, répond M. Champagne, lorsqu’interrogé sur le sujet. L’actionnariat, ça change avec le temps. »

À l’instar du gouvernement Legault, le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie ne semblait pas ouvert à délier les cordons de la bourse pour participer au rachat des actions du cigarettier dans Moderna.

Depuis que l’OMS a rejeté le vaccin de la biopharmaceutique québécoise, en mars dernier, les lobbyistes de Mitsubishi ont rencontré des représentants fédéraux à cinq reprises. M. Champagne a eu des échanges à au moins une reprise, selon le Registre des lobbyistes du Canada.

Le conglomérat japonais est également inscrit au registre québécois des lobbyistes pour solliciter l’appui du gouvernement Legault.

Rien de nouveau pour STAS

L’entreprise saguenéenne STAS, fragilisée à cause des sanctions canadiennes imposées à la Russie et qui demande à Ottawa de venir à sa rescousse, devra vraisemblablement prendre son mal en patience. Interrogé lundi, M. Champagne a répondu être « au courant » d’un dossier qualifié de « complexe ». « Le fait qu’ils aient un important client soumis aux sanctions, ça limite énormément le champ d’action », affirme-t-il. STAS fournit des équipements et des solutions de haute technologie aux principaux acteurs de l’aluminium. L’entreprise est incapable de se faire payer par son client Rusal, le géant russe de l’aluminium, à cause des sanctions qui visent le régime Poutine. Elle aimerait voir Ottawa mettre sur pied un programme d’aide ciblé. « Je veux les aider et je comprends que c’est malencontreux, mais il y a aussi un choix commercial d’avoir fait des affaires en Russie. Est-ce que je peux les aider à trouver de nouveaux clients ? C’est certain. L’idée, c’est de ne pas aller à l’encontre de l’esprit des sanctions. »

En savoir plus
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    Au Québec, le gouvernement Legault a ciblé 9 maillons de la filière batterie, de l’exploration jusqu’au recyclage, où il souhaite être présent.
    SOURCE : Gouvernement du Québec