(New York) Les cours du pétrole ont résisté lundi malgré la montée du dollar et la débandade des marchés boursiers, lestés par les craintes de récession économique et l’inflation galopante dans les pays grands consommateurs de brut comme les États-Unis.

Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en août a grappillé 0,21 % à 122,27 dollars.

Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en juillet a aussi avancé de 0,21 % à 120,93 dollars.

« Le brut est bien la seule chose au monde qui soit resté en hausse aujourd’hui, tout le reste chute », a noté Matt Smith, analyste pour Kpler.

« Un cercle vicieux de ventes a englouti les marchés et pourtant le pétrole s’est accroché », a rapporté l’analyste, en soulignant que cela montrait « combien l’offre de brut est étroite ».

« On aurait pu trouver des raisons de vendre, notamment avec la possibilité de nouveaux confinements en Chine, mais ceux-ci ne seraient pas une surprise, car on connaît la politique chinoise de tolérance zéro vis-à-vis de la COVID-19 », a-t-il ajouté.

Pékin a lancé lundi un énième dépistage général dans le district le plus peuplé du centre-ville de la capitale chinoise, après un regain épidémique qui a entraîné le retour de restrictions anti-COVID-19.

« L’espoir d’un retour rapide et complet à la normale de la demande de pétrole après la levée des mesures de confinement en Chine, deuxième consommateur mondial de pétrole, s’est donc avéré prématuré », a commenté pour sa part Carsten Fritsch, de Commerzbank.

« Il va falloir s’attendre à un rebond inégal de la demande en Chine », a abondé le spécialiste de Kpler.

Les cours du brut se sont maintenus, « ce qui montre la solidité du marché malgré tous les vents contraires », a-t-il ajouté.

Les prix à la consommation ont repris leur escalade en mai aux États-Unis, battant un nouveau record en 40 ans. Sur douze mois, l’inflation galope à 8,6 %, contre 8,3 % le mois précédent.

Face à cette inflation devenue la priorité économique de Joe Biden, la banque centrale américaine (Fed) s’apprête à relever mercredi ses taux directeurs pour la troisième fois cette année, et pourrait accélérer le mouvement.

Une augmentation des taux d’intérêt beaucoup plus forte cumulée à une récession « affecterait également la demande de pétrole dans le plus grand pays consommateur au monde », s’est inquiété M. Fritsch.

« La maîtrise de l’inflation par presque tous les moyens nécessaires est désormais la tâche la plus importante des responsables de la politique budgétaire et monétaire », a affirmé Tamas Varga, analyste chez PVM Energy.

« Elle se fera au détriment de la croissance économique, ce qui détruira inévitablement la demande de pétrole », a-t-il estimé.