Une deuxième cimenterie québécoise pourrait être paralysée par un conflit de travail puisque les syndiqués de McInnis, à Port-Daniel, se disent « vraiment déterminés » à déclencher une grève si l’employeur reste campé sur ses positions.

Après avoir rejeté de manière quasi unanime la dernière offre patronale présentée comme « finale et globale », les 96 travailleurs de la carrière et de la cimenterie gaspésiennes se sont dotés d’un mandat de grève. Les négociations prévues les 13 et 14 juin semblent celles de la dernière chance.

« Nous sommes rendus là », lance Renaud Langlois, président de la section locale des Métallos. « Le message est clair. Les travailleurs sont vraiment déterminés. »

Inaugurée en 2017, la cimenterie McInnis, qui a fait perdre des centaines de millions de dollars aux contribuables, appartient depuis l’an dernier à Ciment St. Marys, une coentreprise formée par le conglomérat brésilien Votorantim (83 %) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (17 %).

Selon la partie syndicale, les pourparlers achoppent sur la question des salaires, le régime de retraite et d’autres clauses normatives.

M. Langlois affirme aussi que les relations avec le nouveau propriétaire des installations se sont détériorées depuis le changement de contrôle. À son avis, cela est attribuable à la diminution du recours à la sous-traitance pour réduire les dépenses, ce qui alourdit la charge de travail des syndiqués.

« Je dirais que les relations sont moins bonnes, dit-il. On a commencé à négocier à la mi-août et on a fait quelques séances de négociations, et la compagnie était fermée. C’est un employeur plus dur en négociations et sur le plancher. »

McInnis n’a pas voulu commenter la tournure des évènements et n’a pas répliqué aux reproches formulés par les Métallos.

En cas de grève, le complexe gaspésien serait le deuxième dont les activités sont perturbées. À Joliette, un lock-out paralyse la cimenterie de Groupe CRH Canada depuis le 4 juin 2021. Environ 155 travailleurs sont touchés.

Plus de travail

M. Langlois relate notamment une baisse du nombre de sous-traitants du côté des mécaniciens industriels. Les syndiqués « écopent des tâches » et sont « débordés », dit-il.

Il s’agit d’un premier renouvellement de convention collective à Port-Daniel–Gascons. Un contrat de travail avait été conclu en 2018, et les employés avaient accepté de mettre de l’eau dans leur vin, affirme M. Langlois.

« On comprenait que c’était une usine en démarrage et on voulait donner une chance aux propriétaires, affirme-t-il. Mais la production devrait être de 1,9 million de tonnes. Les autres cimenteries québécoises offrent de meilleurs taux horaires. L’offre patronale, elle, ne couvre même pas l’inflation. »

M. Langlois n’a pas voulu dévoiler le salaire de ses membres. Il affirme que le taux horaire est inférieur à ce qui est observé ailleurs dans l’industrie. Par exemple, chez Lafarge, à Saint-Constant, en banlieue sud de Montréal, une offre d’emploi pour un mécanicien propose un salaire horaire de 43,16 $. L’entreprise offre 26,86 $ pour un journalier manœuvre.

La cimenterie McInnis exporte environ la moitié de sa production. Un peu moins de cinq ans après son inauguration, le complexe n’est toujours pas parvenu à atteindre sa capacité de production de 2,3 millions de tonnes par année.

On estime à environ 450 millions les sommes investies par la Caisse de dépôt et placement du Québec depuis le début de l’aventure. Selon son plus récent rapport annuel, la valeur de son placement dans Ciment St. Marys oscillait entre 100 et 150 millions au 31 décembre dernier.

En savoir plus
  • 470 millions
    Estimation de la somme radiée par le gouvernement du Québec à cause des problèmes de McInnis
    source : la presse