Cure de rajeunissement des hélicoptères CH-146 Un projet de 800 millions, retombées difficiles à chiffrer

Bell Textron Canada pilotera un projet de 800 millions pour prolonger la durée de vie des 85 CH-146 Griffon de l’Aviation royale canadienne, mais seulement 9 hélicoptères se poseront à l’usine de la multinationale située à Mirabel pour y subir une cure de rajeunissement.

Plusieurs questions demeuraient sans réponse, lundi, après une cérémonie dans les installations du constructeur d’hélicoptères pour confirmer l'attribution du contrat. Il n’a pas été possible d’avoir une idée des retombées financières pour Bell Textron Canada et du pourcentage du travail qui sera effectué sur le sol québécois.

L’unique certitude, c’est que des sous-traitants établis aux quatre coins du pays auront droit à leur part du gâteau. La filiale canadienne de la multinationale texane prolongera la durée de vie utile de neuf hélicoptères afin d’avoir une idée des étapes qui devront être suivies par les sous-traitants qui seront sélectionnés.

« Les 76 autres [hélicoptères] vont être distribués chez des partenaires partout au Canada », a confirmé le président de Bell Textron Canada, Steeve Lavoie, en point de presse, aux côtés du ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, ainsi que de la présidente-directrice générale d’Aéro Montréal, Suzanne Benoît.

Bell Textron Canada sera donc le maître d’œuvre du projet. Le CH-146 Griffon est une variante du modèle civil Bell 412 EP. L’entreprise avait livré 100 appareils à la Défense nationale entre 1995 et 1997. Ces hélicoptères sont utilisés dans des missions de transport tactique, des interventions d’urgence ainsi que pour des opérations de recherche et de sauvetage.

L'attribution du contrat à Bell était pratiquement une formalité, étant donné que l’entreprise détient toujours les droits de propriété intellectuelle sur ces appareils.

« Cela nous permet de faire cela [la mise à niveau] plus rapidement parce que les hélicoptères vont être livrés entre 2024 et 2028 », a affirmé M. Champagne, pour justifier l’approche de son gouvernement. « La durée de vie va nous amener au milieu des années 2030. »

Qui décrochera des contrats ?

La cure de rajeunissement des hélicoptères concernera essentiellement les systèmes de communication, de navigation et de surveillance. Des améliorations doivent également être apportées aux moteurs, qui sont construits par Pratt & Whitney. La multinationale, qui est présente à Longueuil, en banlieue sud de Montréal, devrait être de la partie.

Les sous-traitants seront sélectionnés à la suite d’appels d’offres, a expliqué Bell.

« Ils seront formés sur la façon d’effectuer les modifications et les processus de Bell », a expliqué Marc Bigaouette, premier directeur des services de flottes globales de l’entreprise, au cours d’un entretien avec La Presse. « Bell va recevoir les fonds [800 millions] et les transférer à l’industrie canadienne. »

Au Québec, Héli-Inter, établie à Saint-Hubert, en banlieue sud de Montréal, est certifiée pour effectuer de la maintenance sur des appareils 412 construits par Bell Textron. Son président, Frédéric Allard, espère voir son entreprise obtenir du travail. Toutefois, peu d’acteurs québécois sont suffisamment équipés pour réaliser des travaux d’envergure, estime-t-il. Ces tâches risquent donc de s’effectuer à l’extérieur de la province.

« Alpine Aerotech [Colombie-Britannique] devrait ramasser le gros des contrats, souligne M. Allard en entrevue téléphonique avec La Presse. Ils sont déjà des fournisseurs officiels de Bell pour les 412. Eagle Copter [Calgary] devrait aussi être sur les rangs. Nous, ça sera au cas par cas. Dans les mises à jour d’envergure, nous n’avons pas l’infrastructure pour effectuer cela. »

Bell Textron Canada compte environ 1300 employés à Mirabel, ce qui comprend les quelque 150 embauches réalisées au cours des derniers mois. L’entreprise a ajouté les activités de maintenance à son offre de services l’an dernier. Son effectif québécois a déjà été de près de 2000 personnes, mais la fin de la dernière décennie avait été marquée par quelques vagues de licenciements, ce qui avait fait plonger le nombre de travailleurs.