Le gouvernement du Québec a adopté le décret permettant à la société d’État Investissement Québec (IQ) de racheter 50 % des actions de Métaux BlackRock, en restructuration financière.

IQ fait équipe avec la société étrangère Orion dans ce dossier.

Fondée en 2008, BlackRock souhaite produire du fer, du vanadium et du titane, des minéraux essentiels dans l’électrification de l’économie et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le gisement est situé près de Chibougamau, et le complexe métallurgique doit être construit au port de Saguenay. BlackRock a besoin de 1,1 milliard US pour aller de l’avant avec son ambitieux projet. À ce stade, le montage financier n’est pas ficelé.

En difficulté financière, la société minière a demandé la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) fin décembre parce qu’elle n’avait pas l’argent pour rembourser ses principaux créanciers.

« Depuis 2019, Orion et IQ ont prêté, à titre de créanciers garantis, 45 millions chacun à Métaux BlackRock. Le décret a pour but, si notre offre est retenue par le syndic, de rouler notre dette en actions dans une nouvelle société qui contrôlera BlackRock, sans déboursement additionnel à ce stade », explique au téléphone le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, actuellement à Davos.

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Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon

Dans le cadre de la LACC, Investissement Québec et Orion proposent de racheter 100 % des actions de BlackRock en contrepartie de la valeur de leur prêt-relais garanti d’environ 90 millions. Cette proposition sert d’offre-paravent de départ (stalking horse bid) dans le cadre de la LACC.

Aujourd’hui, deux offres se font concurrence. Outre l’offre-paravent de départ d’Orion et d’IQ, une société à numéro, pilotée par Edward Yu, principal actionnaire de Métaux BlackRock avec 46 % des actions, s’est invitée dans la danse.

La société à numéro a récemment demandé un délai additionnel pour pouvoir amasser la somme requise pour racheter BlackRock. Un juge doit trancher à la fin de mai si le tribunal accorde ou non le délai demandé.

Pas de surenchère en vue

Si le juge donne raison à M. Yu et à ses partenaires et que leur offre supérieure à celle d’IQ est présentée au syndic, le gouvernement n’entend pas surenchérir. « Si une offre supérieure est présentée, le gouvernement va prendre son argent et laisser la place », assure le ministre Fitzgibbon.

Le ministre aime les chances de voir le projet minier se réaliser. « Depuis trois à six mois, les perspectives se sont améliorées. Les minéraux du projet BlackRock ont une valeur stratégique que les évènements récents en Ukraine ont mise encore plus en valeur », dit-il.

Peu importe l’identité du prochain propriétaire de BlackRock, le ministre n’exclut pas qu’Investissement Québec participe au montage financier requis pour lancer la mine.