(San Francisco) Plus de 18 % des livreurs d’Amazon, employés par des sous-traitants du groupe, ont subi des blessures au travail en 2021, un taux qui a bondi de 40 % sur un an, d’après une coalition de syndicats américains.

« Les énormes profits d’Amazon ont coûté très cher au personnel de livraison. Beaucoup d’entre eux ont sacrifié leur corps pour répondre aux demandes agressives de productivité de la part de l’entreprise », assène le Strategic organizing center (SOC) dans un rapport publié mardi.

Ce taux d’accidents du travail est plus du double de celui du reste de l’industrie (7,6 %), selon des chiffres contenus dans le rapport.

Ils rappellent qu’Andy Jassy, le patron du géant du commerce en ligne, a récemment déclaré dans une lettre aux actionnaires que le taux de blessures chez les livreurs était « un peu plus bas que chez nos pairs ».

Mais selon la coalition, cette affirmation est fondée sur des données datées, qui ne prennent pas en compte les sous-traitants, alors que les chauffeurs recrutés par ces employeurs « représentent probablement la moitié des travailleurs du système de livraison d’Amazon aux États-Unis ».

Contactée par l’AFP, la société a répondu que ce rapport était « trompeur ».

« Ce rapport sélectionne des données de moins de 10 % de nos partenaires de livraison pour raconter une histoire inexacte », a déclaré Kelly Nantel, porte-parole d’Amazon.

« La sécurité est une priorité sur notre réseau, c’est pourquoi nous avons déployé des technologies comme nos systèmes de caméras innovants qui ont aidé à réduire le taux d’accidents de près de 50 % », a-t-elle précisé.

Livraison en « 1 à 2 minutes » 

Les blessures des chauffeurs sont dues principalement à des chutes, des entorses, des morsures de chien et des accidents de la route, d’après le principal assureur de ces ouvriers dans l’État du Colorado.

En cause, selon les syndicats, la pression indue qui leur est infligée.

Ils citent un exemple tiré d’une plainte, où un chauffeur de Sacramento, en Californie, était censé réaliser une livraison – soit « se garer, trier, livrer et documenter la tâche » – toutes les une à deux minutes, pendant dix heures sans pause, pour tenir les quotas imposés.

« Amazon s’est concentré sur le contrôle des comportements au volant via son application Mentor et des caméras à intelligence artificielle, en ignorant les preuves que la pression de la production entraîne des conduites dangereuses et des blessures », ajoute la coalition.

Début avril, elle avait publié un autre rapport, montrant que près de la moitié des accidents du travail dans des entrepôts aux États-Unis sont survenus chez Amazon en 2021, alors que le groupe n’emploie qu’un tiers de cette catégorie d’employés dans le pays.

La plateforme avait expliqué cette situation par la nécessité d’embaucher rapidement « des dizaines de milliers de personnes pour faire face à la demande imprévue » liée à la pandémie.

Aux États-Unis, Amazon est passée d’environ 200 000 salariés en 2017 à plus de 560 000 en 2021, d’après ce rapport fondé sur des données fournies par Amazon à l’OSHA, l’agence fédérale chargée de la prévention des accidents du travail.

« Comme d’autres entreprises dans l’industrie, nous avons assisté à une hausse des accidents entre 2020 et 2021, quand nous formions tellement de nouvelles personnes », avait détaillé Kelly Nantel.

« Cependant, quand vous comparez 2021 à 2019, notre taux d’accidents du travail a décliné de 13 % d’une année sur l’autre, alors que trois autres grands distributeurs de notre industrie ont vu leur taux augmenter ».

Les salariés de l’entrepôt Amazon dit « JFK8 » à New York ont voté en majorité fin mars pour la création d’un syndicat, une première dans un site logistique américain de la société.