Les utilisateurs de l’aéroport Dorval-Trudeau devront se résigner à continuer à prendre leur voiture, un taxi ou l'autobus pour se rendre au centre-ville et oublier le REM pour 2024.

La Presse a appris que l’antenne du Réseau express métropolitain (REM) menant à l’aéroport fait face à de nouveaux retards et ne sera pas en service à la fin de 2024 comme prévu.

Cette situation touche l’une des raisons d’être du mégaprojet de 6 milliards, soit relier l’aéroport international Montréal-Trudeau au centre-ville. Il s’avère que la station aéroportuaire du REM sera achevée plus tard que prévu.

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Située en aval de l’aéroport, la future gare Marie-Curie, appelée à desservir le parc industriel réservé aux secteurs de pointe, demeurera privée de service tant que la gare de l’aéroport ne sera pas ouverte.

« Évidemment, s’il n’y a pas de station [à l’aéroport en 2024], il n’y a pas de mise en service de cette antenne-là. On s’assoit avec Aéroports de Montréal pour définir les chantiers de mise en service pour l’antenne aéroport », a indiqué Jean-Vincent Lacroix, porte-parole de CDPQ Infra, filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec qui pilote le réseau.

« Il faut que les voitures puissent se retourner puis repartir, précise M. Lacroix. On met vraiment en service par antenne et non par station isolée. »

Joints par La Presse, le maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, et les responsables du Technoparc Montréal, qui attendent impatiemment le train électrique, ne semblaient pas au courant du réaménagement de l’échéancier.

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Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent

Il est entendu que le tronçon du réseau reliant le centre-ville à la Rive-Sud sera inauguré l’automne prochain. Le tunnel sous le mont Royal doit rouvrir un an plus tard, à l’automne 2023. Le reste du parcours doit entrer en service d’ici à la fin de 2024. Toutefois, ce ne sera pas le cas pour l’antenne de l’aéroport.

La gare aéroportuaire est la seule des 26 stations qui n’est pas sous la responsabilité de NouvLR, consortium retenu par la Caisse pour bâtir le REM. C’est Aéroports de Montréal (ADM) qui est chargée de la construire. Elle devait coûter 250 millions en 2018. La facture a plus que doublé et atteint 600 millions. Québec et Ottawa ont dû intervenir en avril 2021 pour avancer l’argent. ADM, société à but non lucratif qui gère l’aéroport Montréal-Trudeau et celui de Mirabel, a accordé fin janvier le contrat à AECON et EBC. Les travaux ont finalement commencé à la mi-mars.

Début mai, à l’occasion de l’assemblée publique annuelle de la société, le patron d’ADM, Philippe Rainville, avait indiqué que la gare aéroportuaire ne serait pas prête à temps. Jamais on n’avait évoqué le report de la mise en service de l’ensemble du tronçon reliant la gare Bois-Franc à l’aéroport Montréal-Trudeau.

La gare aéroportuaire avait déjà été qualifiée de « désastre financier » par M. Rainville en novembre dernier. Il avait affirmé que le REM priverait ADM d’une somme de 5 à 10 millions générée grâce aux frais de stationnement.

ADM refuse de s’avancer sur une date de mise en service et a renvoyé les questions de La Presse à CDPQ Infra.

« Mauvaise nouvelle », dit le maire d’arrondissement

Ce revirement de situation aura des conséquences pour le Technoparc Montréal, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, qui se trouve pénalisé par cette décision. Située en aval de l’aéroport, la future gare Marie-Curie, appelée à desservir le parc industriel réservé aux secteurs de pointe, demeurera privée de service tant que la gare de l’aéroport ne sera pas ouverte.

Tout retard constitue une « mauvaise nouvelle », souligne le maire Alan DeSousa, qui ajoute que « tout le monde a hâte » d’avoir accès à la station Marie-Curie – située à l’angle de la rue Albert-Einstein et du boulevard Alfred-Nobel.

Au cours d’un entretien téléphonique avec La Presse, M. DeSousa a dit ne pas avoir été informé du report de la mise en service de l’antenne du REM qui doit desservir l’aéroport.

« Je peux être compréhensif pour certains délais déjà annoncés, mais je souhaite que CDPQ Infra mette le pied sur la pédale pour réaliser ce tronçon le plus vite possible, a-t-il affirmé. La desserte est essentielle pour la compétitivité économique du Technoparc. »

On recense 125 entreprises établies dans le Technoparc. Elles emploient environ 6000 travailleurs. Le maire de l’arrondissement de Saint-Laurent affirme discuter avec d’autres entreprises pour les inciter à s’y établir. L’assurance que le REM sera mis en service à temps constitue un « élément critique », dit M. DeSousa.

L’accès à une station du REM a incité plusieurs entreprises à s’installer dans le Technoparc. On donne l’exemple d’Orthogone Technologies, qui s’y est établie en septembre 2021. « Le REM a effectivement été un argument (parmi plusieurs autres) pour s’installer au Technoparc », a souligné la directrice du développement des affaires et des relations publiques du Technoparc Montréal, Ludivine Félix, dans un courriel envoyé à La Presse.

En après-midi jeudi, le site REM.info n’était pas à jour et annonçait toujours une mise en service de l’antenne de l’aéroport en 2024.

Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse