(Ottawa) Les femmes représentaient environ 19 % des sièges des conseils d’administration en 2019, a indiqué mercredi Statistique Canada, ce qui représentait une augmentation par rapport à environ 18 % pour l’année précédente, même si le nombre total de postes au sein des conseils d’administration a diminué.

L’agence fédérale appuyait ses observations sur un ensemble de données provenant de 7165 entreprises, une diminution par rapport aux 8697 entreprises qui ont fourni des chiffres en 2018.

Elle a déterminé que la proportion des femmes dans les conseils d’administration avait augmenté à un taux annuel moyen de 2,5 % chaque année depuis 2016, mais que pour le groupe de conseils d’administration qui ont partagé leurs données en 2018 et en 2019, la proportion de postes occupés par des femmes avait légèrement diminué, passant de 18,4 % à 18,0 %.

Plus de 4300 femmes occupaient des sièges au conseil d’administration en 2019, une baisse de 10,6 % comparativement aux 4848 femmes de l’année précédente. Cependant, la diminution du nombre total de postes a été encore plus importante, passant de 26 416 en 2018 à 22 605 l’année suivante, pour un recul de 14,4 %.

Des groupes de promotion d’équité et d’égalité déplorent depuis des années le manque de femmes dans les conseils d’administration et aux postes de direction, estimant que l’augmentation de la représentation des femmes reste trop lente.

« Rien n’a vraiment changé dans la composition des conseils d’administration, ou dans leurs efforts, et il n’est donc pas choquant que rien n’ait changé », a observé Allison Venditti, fondatrice de Moms at Work, un groupe qui œuvre à faire valoir et à accroître les droits et l’éducation des parents qui travaillent.

Parce que tant de conseils d’administration ont été peu accueillants et n’ont pas d’impact, elle a découvert que les femmes se tournent vers l’exploration de leurs propres occasions, notamment le soutien ou la gestion d’entreprises et de sociétés en démarrage dirigées par des femmes, où elles sentent qu’elles peuvent apporter un réel changement.

« Les femmes en ont assez de s’inscrire (aux conseils d’administration traditionnels) et à moins que quelque chose ne soit spécifiquement modifié dans les compositions et les structures, ce ne sont pas de bons endroits pour les femmes », a estimé Mme Venditti.

Elle a notamment évoqué le fait que la cheffe de la direction d’Aviva, Amanda Blanc, se soit fait dire la semaine dernière par les actionnaires, lors de l’assemblée générale annuelle de l’assureur, qu’elle n’était « pas l’homme de la situation » et qu’elle devrait « porter les pantalons », soulignant qu’il s’agissait d’un bon exemple de ce à quoi certaines femmes sont confrontées.

Les femmes, a ajouté Mme Venditti, assument également plus de responsabilités à la maison, et celles-ci ont été exacerbées par la pandémie de COVID-19 et peuvent rendre la tenue d’un poste au conseil d’administration encore plus difficile à assumer.

« Pendant la pandémie, les responsabilités ménagères des femmes, même celles des femmes âgées, ont doublé », a-t-elle affirmé.

« Il n’y a pas d’espace et de temps pour faire du travail de conseil d’administration en ce moment, à moins d’être très engagée, de se sentir obligée de le faire ou de le faire pour le statut. »

Plus présentes dans les entités gouvernementales

Malgré les responsabilités qui accompagnent les postes au conseil d’administration, de nombreuses femmes aspirent à ces rôles et y accèdent, seulement pour se retrouver en infériorité numérique.

Près des deux tiers des conseils d’administration analysés par Statistique Canada étaient entièrement composés d’hommes en 2018 et en 2019. Environ 11,9 % des conseils comptaient plus d’une femme administratrice en 2019, une augmentation d’environ 5 % par rapport à 2018. Environ 27 % des conseils comptaient une femme administratrice parmi leurs membres en 2019, soit une augmentation de près de 4 % depuis 2018.

L’étude a révélé que les entités commerciales gouvernementales comptaient plus de femmes dans leurs conseils d’administration, suivies des sociétés inscrites à la Bourse, puis des sociétés privées.

Les secteurs de la finance et des services publics comptaient la plus grande proportion de femmes dans leurs conseils d’administration, à 25,4 % et 24,4 % respectivement en 2019, tandis que les secteurs de la construction et de la fabrication enregistraient les proportions les plus faibles, moins de 13 % de leurs administrateurs étant des femmes dans les deux secteurs.

« Leur hausse ne va pas être énorme, car les femmes n’ont pas été bien accueillies dans ces secteurs depuis très, très longtemps et (le changement) ne se produit pas du jour au lendemain », a affirmé Mme Venditti.

Plus du tiers des sièges des conseils d’administration des Territoires du Nord-Ouest étaient occupés par des femmes en 2019, ce qui en fait la région avec la plus forte proportion de femmes administratrices en 2019.

Le Nouveau-Brunswick, l’Alberta et la Nouvelle-Écosse étaient les seules provinces à avoir signalé une diminution de la proportion de femmes administratrices cette année-là.

Mme Venditti ne s’attend pas à voir une augmentation massive du nombre de femmes dans les conseils d’administration dans les années à venir, mais pense que les femmes impatientes de changement fonderont et développeront leurs propres entreprises, qui finiront par faire pression sur d’autres entreprises pour qu’elles changent leur façon de fonctionner.