Stelpro, fabricant de plinthes électriques, de thermostats électroniques et d’une centaine d’autres produits de chauffage, poursuit inlassablement son expansion nord-américaine. Il y a deux semaines, l’entreprise de Saint-Bruno a réalisé l’acquisition de Métal BF de Terrebonne, la troisième transaction d’importance en deux ans. Et ce n’est pas fini. Le leader nord-américain des solutions de chauffage se lance maintenant dans la climatisation.

Installée depuis 2001 sur le bord de l’autoroute 30 à Saint-Bruno-de-Montarville, l’entreprise fondée en 1981 à Drummondville par John Chabot est dirigée depuis 2005 par son fils Yves, qui n’a jamais craint les défis.

« En 2010, j’ai racheté les parts de mon frère, rapatrié toutes les activités de fabrication en Ontario de Stelpro à Saint-Bruno et j’ai racheté toutes les actions de la division Synapse de Shawinigan, l’entreprise où on fabrique nos thermostats électroniques », relate l’entrepreneur qui vient de réaliser encore une série de transactions d’affilée.

« On avait besoin de capacités de production additionnelles. On a toujours été autonomes, mais pour répondre à la demande, on était obligés de donner des contrats en sous-traitance. En achetant l’entreprise Métal F de Terrebonne, on réduit la chaîne d’approvisionnement et on fait l’acquisition d’équipements de pointe et d’une équipe d’une trentaine d’experts en métal », explique Yves Chabot.

Métal F va continuer de servir ses propres clients, mais va absorber au fil des prochains mois une certaine production de Stelpro. On prévoit ajouter une équipe additionnelle de soir pour hausser encore une fois les capacités.

En expansion continue

L’entreprise a entamé ses activités en 1981 à Drummondville sous le nom de Chalair en produisant des chaufferettes de construction, puis elle a commencé à fabriquer des plinthes électriques avant de faire l’acquisition en 1994 de Stelpro, un concurrent ontarien qui avait une clientèle nationale.

« On a pris le nom de Stelpro pour profiter de son rayonnement et on a rapatrié plus tard toute leur production à l’usine de 118 000 pieds carrés qu’on a construite en 2001 à Saint-Bruno.

On fait tout sur place, le métal en feuille, la peinture, l’assemblage final. Seules les composantes électriques sont fabriquées en Asie auprès de nos propres fournisseurs.

Yves Chabot

Stelpro a entrepris une première diversification en devenant investisseur client dans Synapse Électronique, une jeune pousse de Shawinigan avec qui elle a développé un premier thermostat électronique.

« On a investi dans une ligne de production entièrement automatisée pour la fabrication de nos thermostats et on en fabrique aujourd’hui plus de 400 000 par année.

« On a créé Stello, une coentreprise avec la division Hilo d’Hydro-Québec, pour le développement et la fabrication du premier thermostat connecté. Tous les thermostats intelligents vendus par Hydro-Québec sont fabriqués au Québec », s’enorgueillit le PDG de Stelpro.

Avec les années, la gamme des produits de Stelpro a sans cesse évolué et s’est élargie au point de compter aujourd’hui sur une centaine de familles différentes d’accessoires de chauffage, du convecteur à la fournaise électrique…

L’entreprise, qui fabriquait aussi des câbles chauffants pour planchers, a fait l’acquisition en novembre 2020 de son principal concurrent Flextherm, de Longueuil, lorsque son fondateur a décidé de vendre pour partir à la retraite.

« Ça nous a permis de consolider notre position dans ce marché et de transférer toute notre production de Saint-Bruno à Longueuil, où l’usine emploie une cinquantaine de travailleurs. Ça nous a permis de libérer de l’espace dans nos installations de Saint-Bruno », souligne Yves Chabot.

Développer de nouveaux marchés

Il faut préciser que l’espace reste un enjeu constant pour l’entreprise en forte croissance. L’usine de 118 000 pieds carrés de Saint-Bruno a été agrandie une première fois de 60 000 pieds carrés en 2006 et une seconde fois de 65 000 pieds carrés en 2018.

« Il nous reste 35 000 pieds carrés d’expansion possible. Après ça, on arrive au chemin », déplore le PDG.

C’est d’ailleurs pour répondre à la prochaine vague d’expansion que Stelpro est devenue en 2021 investisseur client dans Sevcotech Mexico, où l’entreprise va manufacturer ses produits de chauffage pour les États-Unis et le marché canadien.

« La transition énergétique va forcer beaucoup d’États et de villes à bannir l’utilisation du gaz naturel comme mode de chauffage. Il y a encore beaucoup de marchés à développer aux États-Unis et dans le reste du Canada où on n’a pas fait la transition comme au Québec », expose l’entrepreneur.

Stelpro prévoit doubler sa production annuelle dans les dix prochaines années grâce à l’ajout de ses capacités manufacturières mexicaines. Tous ses produits sont certifiés selon les normes canadiennes et américaines.

« On est en train de mettre en place une stratégie logistique nord-américaine. On est le numéro un en produits de chauffage et le seul fabricant de masse de contrôles électroniques en Amérique du Nord. Tout se fait en Asie », constate Yves Chabot.

L’entreprise vend ses produits aux grands distributeurs de matériel électrique tels que Lumen et Franklin, et aux magasins à grande surface Lowe’s, BMR, Patrick Morin, Home Depot…

Stelpro vient de prendre une participation au capital de la jeune pousse française Lancey, qui a mis au point une batterie de stockage d’électricité dans les convecteurs, un outil stratégique qui permettra d’utiliser l’énergie emmagasinée durant les heures de pointe pour économiser sur les coûts de chauffage.

Lorsque je demande, un peu à la blague, à Yves Chabot s’il compte bien un jour se lancer dans la climatisation, il répond du tac au tac que ce sera le cas dès l’an prochain lorsque Stelpro mettra en marché sa première thermopompe.

« On va offrir une solution intégrée à nos clients, principalement aux constructeurs de projets immobiliers qui vont pouvoir utiliser tous nos produits pour l’ensemble de leurs besoins. On développe une offre de produits globale », assure Yves Chabot.

Stelpro compte aujourd’hui 700 employés qui sont actifs sur 5 sites manufacturiers et réalise 90 % de ses ventes sur le marché canadien, une proportion appelée à diminuer en raison du développement du marché américain.