(Washington) Les prix de l’essence à la pompe aux États-Unis ont atteint un nouveau plus haut mardi alors que le président Joe Biden veut faire du combat contre l’inflation « sa plus grande priorité nationale ».

Mardi, le prix moyen d’un gallon d’essence (3,78 litres) était de 4 374 dollars, selon l’association d’automobilistes AAA. Il dépasse le précédent record du 11 mars dernier, peu après l’invasion russe de l’Ukraine et le début des sanctions, où il s’était établi à 4,33 dollars.

Le prix moyen d’un gallon d’essence il y a un an était de 2 967 dollars (+47 %).

Les Américains sont habitués à une essence moins taxée et moins chère qu’en Europe. Le prix du gallon correspond à 1,10 euro le litre contre presque 2 euros le litre de super en France.

« Les prix de l’essence et ceux du gazole ont tous les deux touché des records ce matin », en données non ajustées de l’inflation, a souligné Andy Lipow, de Lipow Oil Associates.  

Le coût de l’essence à la pompe suit l’augmentation du cours du pétrole brut alors que le monde cherche à trouver un approvisionnement alternatif au pétrole russe.

Andy Lipow, de Lipow Oil Associates

Les prix du brut, qui déjà étaient sur la pente ascendante avec la reprise après l’épidémie de COVID-19 dans un contexte inflationniste, ont bondi après l’invasion de l’Ukraine par Moscou fin février et la mise en place de sanctions.  

Andrew Gross, porte-parole de l’AAA, a ainsi rappelé « la part du coût du pétrole représentant plus de la moitié du prix à la pompe, un pétrole plus cher signifie une essence plus chère ». Le cours de l’or noir oscille au-dessus des 100 dollars ces jours-ci.

Ces prix records mécontentent les Américains, car ils s’ajoutent à une hausse des prix générale (8,5 % sur un an en mars) qui pousse l’administration Biden à rassurer sur l’inflation.

« Les Américains n’ont jamais vu les prix de l’essence aussi élevés, et nous n’avons jamais vu un rythme de hausse aussi rapide », souligne Patrick DeHaan, chef d’analyse pétrolière chez GasBuddy, un site spécialisé. « La situation est désastreuse et ne va pas s’améliorer de si tôt », a-t-il ajouté.

Joe Biden a affirmé mardi aux Américains que son administration mettait tout en œuvre pour faire baisser les prix sans faire ralentir l’activité économique.  

Pour les coûts de l’énergie, il a rappelé le déploiement d’un million de barils par jour issus des réserves stratégiques. Mais la Maison-Blanche n’a pas encore choisi l’option de suspendre la taxe fédérale de 18 cents par gallon pour soulager les prix à la pompe.

« Ce serait le moyen le plus rapide d’offrir au consommateur un allégement des prix. Car à part cela, il y a très peu d’options que l’administration puisse prendre pour gonfler immédiatement l’offre de pétrole et modérer les prix », a affirmé M. Lipow.

Il estime que ces prix à la pompe vont encore prendre 10 cents le gallon dans les jours qui viennent.

D’autant plus que les États-Unis entrent dans la saison des déplacements estivaux. « Nous prévoyons une très bonne demande alors que les Américains prennent la route après avoir été coincés chez eux pendant la majeure partie des deux dernières années », souligne Andy Lipow.