Le pire est derrière nous, estime la ministre du Tourisme du Québec, Caroline Proulx, qui s’attend à des recettes de 10,3 milliards pour son industrie en 2022. Son pari : beaucoup de Québécois profiteront de leurs vacances estivales ici et côtoieront sur la route les touristes étrangers, nombreux à vouloir découvrir la Belle Province.

« Il y a le Grand Prix qui revient, les festivals, les évènements où on va être ici, dans le Quartier des spectacles, enfin collés les uns sur les autres. Je pense que les gens vont vouloir revivre ça », a-t-elle indiqué au cours d’une entrevue accordée à La Presse, quelques jours avant le début des Assises du tourisme qui ont lieu ce jeudi à Québec. Mme Proulx y annoncera par ailleurs une aide financière pour l’industrie. Il a toutefois été impossible d’avoir plus de précisions.

Si elle s’avérait, sa prévision – sous réserve de l’évolution de la situation sanitaire – marquerait une hausse importante par rapport à l’an dernier, où les recettes ont atteint 7 milliards, soit 20 % de plus qu’en 2020. Mais on serait encore loin de la performance de 2019, où des recettes de 16,4 milliards de dollars avaient été générées. Cette année-là, le Québec avait accueilli 35,9 millions de touristes. De ce nombre, 26,6 millions provenaient de la province, contre 9,3 millions de touristes hors Québec.

Le Ministère rappelle toutefois que l’Organisation mondiale du tourisme ne prévoyait pas un retour à la normale avant 2024. D’ici là, Mme Proulx croit que le Québec est sur la bonne voie.

À Montréal, Bertil Fabre, directeur général du Centre Sheraton, prévoit un taux d’occupation s’élevant à 90 % pour le mois de juillet, comparativement à 21 % pour la même période l’an dernier. « Une énorme différence », affirme celui qui porte également la casquette de président de l’Association des hôtels du Grand Montréal. « Ça va nous permettre de commencer à payer nos dettes des deux dernières années. »

J’entrevois l’été d’une manière très positive.

Bertil Fabre, directeur général du Centre Sheraton à Montréal

Pour l’été, sa clientèle se compose essentiellement de visiteurs en provenance des autres provinces canadiennes. Selon lui, les Québécois boucleront une fois de plus leurs valises pour visiter les régions.

Opération séduction

Pour attirer les vacanciers d’ailleurs, le gouvernement a investi 5,3 millions dans une campagne publicitaire destinée aux marchés de l’Ontario, des États-Unis et de la France. Puis, la semaine prochaine, la ministre s’envolera pour l’Europe, où elle atterrira à Londres, Paris et Bruxelles afin de « vendre » le Québec comme destination touristique. La nouvelle liaison entre Paris et la ville de Québec ainsi que le Club Med dans Charlevoix attireront de nombreux touristes européens, selon la ministre Proulx.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Caroline Proulx, ministre du Tourisme du Québec

L’objectif, c’est d’aller chercher des touristes ontariens, mais aussi américains, où on est en devise étrangère.

Caroline Proulx, ministre du Tourisme du Québec

La tenue du Grand Prix du Canada et le retour des croisières comptent parmi les éléments pouvant séduire notamment une clientèle américaine, cite-t-elle comme exemples.

Et les Québécois seront-ils au rendez-vous ? La hausse du prix des billets d’avion, le coût de l’essence et la situation en Ukraine, qui crée un sentiment d’insécurité en Europe, sont autant de facteurs qui inciteront les Québécois à profiter de leurs vacances ici, selon elle. Une tendance également observée par Nicolas Ryan, directeur des affaires publiques chez CAA-Québec.

Même si les données sur les intentions de voyages des Québécois ne seront connues qu’à la fin du mois, tout porte à croire qu’une majorité d’entre eux passeront leurs vacances ici. Certains pourraient également être tentés par les États-Unis et les destinations soleil, prédit-il.

En 2021, grâce à l’afflux de visiteurs d’ici, l’été a été particulièrement achalandé pour bon nombre d’hôteliers du Québec. À un point tel que les établissements de certaines régions comme les Îles-de-la-Madeleine, la Gaspésie, le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord ont enregistré pendant la saison estivale des taux d’occupation supérieurs à ceux de 2017, de 2018 et de 2019, soit avant la pandémie, alors que les frontières étaient toutes grandes ouvertes aux visiteurs étrangers. Les régions de Québec et de Montréal, destinations prisées par les touristes internationaux, n’ont toutefois pas connu le même sort que les autres.

Le Maine et le Nouveau-Brunswick, maintenant accessibles, risquent par ailleurs d’attirer bien des Québécois, compétitionnant ainsi les attraits de la Belle Province. « Est-ce que des Québécois vont aller au Maine ? Très certainement », répond la ministre. L’inverse est tout aussi vrai, ajoute-t-elle toutefois avec confiance.