La proportion de bureaux vides au centre-ville n’a pas fini d’augmenter, révèle une étude. Actuellement à 15,8 %, le taux de disponibilité des bureaux pourrait y grimper jusqu’à 21 %.

Dans le pire des scénarios, la diminution de l’attrait du centre-ville pour les travailleurs d’entreprises de services va contribuer à vider l’équivalent de 11 gratte-ciel comme la Place Ville Marie, d’après un document dévoilé vendredi midi par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Cette étude vient compléter la précédente, du 25 février dernier, qui portait sur les nouveaux modes d’organisation du travail et de consommation au centre-ville. Celle qui vient de paraître traite plus spécifiquement de la gestion des bureaux excédentaires.

Sans tenir compte d’autres facteurs, le centre-ville se retrouverait ainsi avec des bureaux excédentaires d’une superficie de 1,07 million de mètres carrés (ou 11,4 millions de pieds carrés).

En particulier, les immeubles de bureaux plus anciens, ceux dits de catégories B et C, souffriront.

La Chambre de commerce est toutefois persuadée que la réalité sera moins dramatique parce que Montréal attire des investissements étrangers et que certaines des entreprises du centre-ville sont en croissance.

Depuis 2020, Montréal International a attiré 97 projets d’investissement au centre-ville représentant 10 000 emplois, insiste son PDG, Stéphane Paquet. Les trois quarts des projets touchent des entreprises dans le domaine des technologies de l’information et des jeux vidéo. Parmi les nouveaux venus d’envergure, AppDirect (400 emplois), Behavox (325 emplois) et Phoenix Labs (250 emplois).

Le centre-ville doit continuer de se montrer attractif auprès des jeunes pousses technologiques si on veut que les bureaux se remplissent.

« Historiquement, le centre-ville coûtait cher et paraissait ringard aux yeux du travailleur de la techno qui préférait le Mile-Ex, a expliqué Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce, en mêlée de presse. Ce qui a changé depuis [le début de la pandémie de COVID-19], c’est la disponibilité de bureaux au centre-ville et l’implantation d’acteurs comme Google [sur l’avenue Viger Ouest], ça frappe l’esprit. »

Souhaitant mettre la main à la pâte, la Chambre de commerce du Montréal métropolitain propose Espaces et vie, une place de marché virtuelle, qui facilitera la collaboration entre les entreprises ayant des bureaux excédentaires et les entreprises en recherche de bureaux, surtout des PME et jeunes pousses en croissance. Le but est de « miser sur les avantages concurrentiels du centre-ville, comme le prestige et son accessibilité en transport collectif, et redynamiser les espaces de travail », lit-on dans l’étude.

Choc sur la demande

Le marché des bureaux au centre-ville souffre parce qu’il est frappé de deux côtés.

D’abord, la popularité du télétravail affecte à la baisse la demande de bureaux. « À l’horizon 2022, l’adoption des modèles de travail hybride viendra réduire le nombre de travailleurs présents quotidiennement au centre-ville de 19 à 25 % », est-il écrit dans le document dont les observations reposent notamment sur un sondage de 255 jeunes entreprises et PME.

Le choc potentiel sur la demande de bureaux risque de s’étaler dans le temps parce qu’environ 7 % des baux viennent à échéance par an, souligne-t-on.

Le centre-ville assistera à la livraison de nouvelles tours de bureaux dans le même laps de temps, lesquelles ajouteront au total 147 000 mètres carrés (ou 1,58 million de pieds carrés) à l’inventaire. On pense, entre autres, au nouveau siège social de la Banque Nationale.

Au premier trimestre, les grandes entreprises ne se sont pas gênées pour remettre de grandes superficies en sous-location, note l’agence immobilière CBRE dans son dernier rapport sur l’état du marché au centre-ville. La Banque Laurentienne, de plus en plus gérée à partir de Toronto, a libéré 10 800 m² (ou 116 000 pi²) en sous-location au 1360, boulevard René-Lévesque Ouest. Autre exemple, Shopify, d’Ottawa, a remis 5760 m² (ou 62 000 pi²) de bureaux en sous-location au 525, avenue Viger Ouest.