La firme new-yorkaise Spruce Point Capital a publié mercredi un rapport de recherche négatif sur une entreprise du Michigan qui écorche au passage une entreprise d’ici. Le rapport vise Stryker, géant américain des technologies médicales qui a acheté l’entreprise québécoise TSO3 il y a trois ans.

Dans son rapport, Spruce Point dénonce notamment la politique de rémunération des dirigeants de Stryker, remet en question les pratiques comptables de l’entreprise, son niveau d’endettement, et soutient qu’elle a payé trop cher pour réaliser des acquisitions au fil des ans.

Spruce Point Capital souligne que l’acquisition de TSO3, spécialisée dans la stérilisation d’équipements médicaux, est l’élément déclencheur qui a amené la firme à se pencher sur les acquisitions réalisées par Stryker.

Nous étions perplexes de voir que Stryker débourserait quoi que ce soit pour acquérir la gamme de produits de TSO3.

Extrait du rapport de la firme new-yorkaise Spruce Point Capital

En 2017, Spruce Point Capital avait publié un dur rapport de recherche sur TSO3. Ben Axler soutenait à l’époque que la technologie n’était pas au niveau de celle de la concurrence et que les ventes de TSO3 demeuraient « faibles ». Il ajoutait que les investisseurs sous-estimaient le risque que TSO3 ne génère jamais de profits ou que son partenariat de commercialisation avec Getinge se termine, ce qui a fini par se produire.

Stryker a acheté TSO3 plus de 50 millions US, c’est-à-dire un montant supérieur aux ventes générées par TSO3 depuis 10 ans, et a encaissé des pertes financières, indique Spruce Point dans son rapport sur Stryker. Dans un rare commentaire au sujet de TSO3 un an plus tard, le PDG de Stryker a dit que l’entreprise avait de la difficulté à développer le produit, écrit Spruce Point.

Dirigée par l’investisseur militant et spécialiste de la vente à découvert Ben Axler, Spruce Point Capital a pris pour cibles plusieurs entreprises du Québec depuis cinq ans. Outre TSO3, les entreprises Nuvei, Lightspeed et Dollarama ont toutes fait l’objet d’un rapport négatif.

Spruce Point estime que le multiple d’évaluation de Stryker, une entreprise bien connue du grand public pour ses lits dans de nombreux hôpitaux, mérite d’être compressé et que le titre pourrait perdre jusqu’à 70 % de sa valeur. Spruce Point prétend que les marges de Stryker sont davantage sous pression que l’entreprise ne l’indique et que la direction tarde à rationaliser ses activités.

Appelé à réagir au rapport de Spruce Point Capital, un porte-parole de Stryker a simplement répondu que l’entreprise continuait d’exécuter son plan stratégique afin d’accélérer sa croissance et de générer de la valeur à long terme tout en faisant preuve de transparence auprès des investisseurs et de la communauté financière.

« Nous valorisons les discussions avec nos actionnaires et leurs points de vue, et nous sommes ouverts à discuter de manière constructive avec d’autres parties prenantes », précise le porte-parole par courriel.

Après avoir initialement glissé en début de séance mercredi, l’action de Stryker a rebondi en après-midi pour clôturer de manière stable à 268,20 $US à la Bourse de New York. Si le titre demeure inchangé par rapport au niveau qu’il était en début d’année, il est en hausse d’approximativement 5 % depuis un an.