Chaque samedi, un de nos journalistes répond, en compagnie d’experts, à l’une de vos questions sur l’économie, les finances, les marchés, etc.

Bonjour, j’aimerais savoir s’il y a d’autres produits que le pétrole dont le prix est fixé sur le marché international et pourquoi.

Marc Bourassa

Une multitude de produits s’échangent à des prix qui varient selon l’offre et la demande partout dans le monde. C’est ce qu’on appelle les produits de base, ou commodities en anglais, qui sont largement utilisés par l’industrie ou consommés partout.

Les plus connus sont le pétrole brut, le fer, le cuivre, l’aluminium et les denrées alimentaires comme le blé et le café. Mais il y en a beaucoup d’autres, comme l’or, le bois d’œuvre et le papier.

« Les produits les plus homogènes, c’est-à-dire ceux pour lesquels les différences de qualité sont minimes ou la provenance importe peu, sont ceux pour lesquels le prix a tendance à être plutôt déterminé par le marché mondial », explique Nicolas Vincent, professeur au département d’économie appliqué de HEC Montréal.

Ce sont des biens homogènes qui peuvent être facilement transportés sans perte de qualité, comme le pétrole, les céréales et le minerai. D’autres produits moins homogènes sont aussi négociés à la Bourse, comme le porc, mais ces marchés sont plus locaux, comme l’Amérique du Nord par exemple, précise le professeur.

L’achat et la vente de ces produits sur les marchés internationaux indiquent leur valeur, selon l’offre et la demande. C’est le fondement du capitalisme. Les premiers échanges centralisés de marchandises remontent au XVIsiècle à Anvers, en Belgique.

Le producteur d’un bien veut le vendre au meilleur prix possible, et celui qui veut l’acheter veut le faire au meilleur prix possible. C’est cet équilibre entre producteurs et acheteurs que les marchés de matières premières permettent de maintenir.

Intervention des gouvernements

Un pays producteur peut très bien réglementer le prix d’un produit essentiel pour différentes raisons. Ainsi, certains pays subventionnent le prix du blé pour permettre à la population de manger à sa faim. Plusieurs pays producteurs de pétrole subventionnent l’essence à des fins de développement économique. C’est le cas du Venezuela, où les prix à la pompe sont parmi les moins élevés au monde.

À l’inverse, en Norvège, qui produit aussi du pétrole, celui-ci est vendu au prix mondial et l’essence est lourdement taxée, ce qui donne des prix à la pompe parmi les plus élevés au monde.

Au Canada, des voix s’élèvent pour que le gouvernement agisse pour réglementer des prix à la pompe en forte hausse depuis le début de l’année. Ce serait une erreur, que le gouvernement canadien a déjà faite dans les années 1970, rappelle Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie et professeur à l’Université d’Ottawa.

D’abord, dit-il, un prix plus bas ferait augmenter la consommation. Ensuite, le pays perdrait les revenus associés à la valeur de son produit sur le marché.

Imposer un prix interne au Canada qui serait inférieur au prix mondial ne changerait pas le coût réel du pétrole consommé au Canada. Ce serait une perte nette pour l’ensemble de l’économie canadienne.

Jean-Thomas Bernard, spécialiste en énergie et professeur à l’Université d’Ottawa

Plafonner ou subventionner un produit dont le prix est fixé sur le marché international prive un pays producteur des revenus plus élevés qu’il pourrait tirer de ses exportations, et ce pays s’appauvrit.

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