De 1,9 milliard US qu’il était lorsqu’il a été proposé, le coût de l’interconnexion sous le lac Champlain pour acheminer l’électricité du Québec à New York est maintenant estimé à 4,5 milliards US.

Le projet connu sous le nom de Champlain Hudson Power Express est un lien de 545 kilomètres entre la frontière du Québec et la ville de New York, piloté par Transmission Developers inc., un promoteur privé partenaire d’Hydro-Québec et appuyé financièrement par Blackstone. Il a déjà obtenu tous les permis nécessaires et est en attente des dernières autorisations de l’État de New York avant d’être mis en chantier.

À l’origine, les promoteurs prévoyaient une mise en service de l’interconnexion en 2015. Le début des livraisons à New York est maintenant prévu 10 ans plus tard, soit en 2025. Dans l’intervalle, les coûts pour construire et enfouir la ligne de transport d’électricité ont plus que doublé et s’élèvent maintenant à 4,5 milliards US, soit plus de 5,7 milliards de dollars canadiens.

Par comparaison, le projet d’interconnexion entre la frontière du Québec et le Massachusetts, qui est maintenant paralysé en raison de l’opposition du Maine, est estimé à 1 milliard US. Il s’agit d’un lien plus court (233 km) et construit en aérien plutôt qu’enfoui.

Technologie coûteuse

Champlain Hudson Power Express sera en partie sous-marin et partiellement enfoui sous terre. « C’est une technologie plus coûteuse », confirme Lynn Saint-Laurent, porte-parole d’Hydro-Québec.

La société d’État doit financer la construction de la portion québécoise de l’interconnexion, soit un lien de 57,7 km entre le poste Hertel, près de La Prairie, et la frontière. La plus grande partie du lien sera enfouie sous terre, et le dernier tronçon de 1,6 km passera sous la rivière Richelieu pour se connecter au Champlain Hudson Power Express.

L’investissement nécessaire pour la construction de la portion sur le sol québécois n’a pas encore été rendu public. Le Conseil des Mohawks de Kahnawake devrait en payer une partie, puisqu’il sera copropriétaire de la ligne avec Hydro-Québec et qu’il encaissera une partie des revenus liés au transport de l’énergie pendant la durée du contrat avec New York.

C’est la première fois que la société d’État partage la propriété d’une de ses infrastructures de transport. La part de la communauté mohawk dans la ligne de transport n’est pas encore connue publiquement. Une nouvelle entité sera créée pour encadrer ce partenariat unique dans l’histoire d’Hydro-Québec, a indiqué l’entreprise.

Le contrat conclu entre Hydro-Québec et New York prévoit la livraison de 10,4 térawattheures d’électricité pendant une période de 25 ans, ce qui correspond à 20 % de la consommation de la ville. Le prix de départ a été fixé à 9,75 cents US le kilowattheure. Ce prix devrait être ajusté chaque année pour atteindre 17,64 cents US le kilowattheure en 2050. Le contrat devrait générer des revenus de 30 milliards US pour Hydro-Québec, soit plus de 38 milliards CAN.