La Maison des Futailles, qui a jadis été la première usine d’embouteillage de la Société des alcools du Québec (SAQ), célèbre cette année son 100e anniversaire et profite de l’occasion pour se donner une nouvelle identité, Station 22, qui regroupe l’usine d’embouteillage, la division Kruger Vins et Spiritueux et enfin l’unité de commercialisation Mondia Alliance. « On veut maintenant doubler nos ventes de vins, de spiritueux et de prêts-à-boire à l’extérieur du Québec d’ici trois ans », annonce son PDG, François Malenfant.

La famille Kruger (75 %) et le Fonds de solidarité (25 %) ont racheté la Maison des Futailles de la SAQ en 2006, parce que cette division d’embouteillage et de commercialisation ne cadrait plus avec les orientations stratégiques de la société d’État.

« Pour la famille Kruger, qui avait fait l’acquisition de Papiers Scott dans les années 90, c’était une nouvelle diversification dans les produits de consommation », explique François Malenfant, le jeune PDG de 38 ans qui dirige Station 22 depuis 2016, après avoir occupé différentes fonctions dans l’organisation.

« On a décidé de profiter du 100e anniversaire de l’entreprise pour la renommer Station 22, un nom qui souligne les services complets que l’on offre et l’année de notre création, 1922. Ça fait aussi ressortir le côté créatif de notre groupe », ajoute le PDG.

Parce que Station 22 ne fait pas qu’embouteiller des produits de marques connues, mais développe et commercialise aussi ses propres produits. Son catalogue en recense plus de 300, dont une centaine sont toujours commercialisés.

« On a nos propres lignes de produits dans les spiritueux, notamment le gin Seventh Heaven ou notre whisky à l’érable Sortilège. Dans les vins, on a plusieurs produits très populaires, dont les vins australiens Smokey Bay, que l’on commercialise depuis 10 ans maintenant et qui sont vendus tant à la SAQ que dans les commerces d’alimentation.

« Notre cabernet sauvignon Smokey Bay est le vin le plus vendu au Québec, toutes catégories confondues », insiste François Malenfant.

Station 22 réalise un chiffre d’affaires annuel de 120 millions, dont 85 millions proviennent de la vente de ses propres marques, tandis que l’autre tranche de 35 millions est réalisée à partir de ses activités d’embouteillage pour des marques privées de vins, de spiritueux et de plus en plus de prêts-à-boire.

La production annuelle de l’entreprise installée dans les mêmes locaux que le centre de distribution de la SAQ, dans l’est de Montréal, est impressionnante : 6 millions de bouteilles de spiritueux, 24 millions de bouteilles de vin et 48 millions de cannettes de prêts-à-boire.

Un marché en croissance

Station 22 a entrepris il y a quatre ans la production de cannettes de prêts-à-boire en investissant 5 millions dans une première chaîne de production parallèlement à un autre investissement de 7 millions dans une nouvelle chaîne d’embouteillage.

Le marché des cannettes de prêts-à-boire est en explosion. Ce sont des cocktails à base d’alcool qui sont déjà mixés, comme des gin-tonics ou des gin-fizz, qui sont vendus à la SAQ et dans les commerces d’alimentation. Les eaux pétillantes alcoolisées sont aussi des produits qui marchent fort auprès des consommateurs.

« Nos produits de prêts-à-boire sous la marque Seventh Heaven se classent dans le top 5 des produits vendus à la SAQ. On vient d’investir 6 millions dans la construction d’une nouvelle ligne de production de cannettes et on prévoit doubler la production annuelle à 96 millions de cannettes d’ici trois ans », projette le PDG.

La popularité sans cesse grandissante des prêts-à-boire contribuera, selon François Malenfant, à atteindre l’objectif que l’entreprise s’est fixé de doubler ses ventes à l’extérieur du Québec d’ici trois ans.

« La croissance hors Québec est importante pour nous. Présentement, on réalise 12 % de nos revenus avec nos ventes à l’extérieur. L’objectif, c’est qu’elles représentent 24 % de nos revenus totaux d’ici trois ans. Un objectif réaliste et réalisable », estime le PDG.

Optimiser les outils de production

Lorsque Kruger et le Fonds de solidarité ont fait l’acquisition de la Maison des Futailles, les nouveaux propriétaires ont hérité d’une capacité de production nettement sous-utilisée.

La salle des cuves que nous avons visitée est notamment équipée de plus de 150 cuves d’une capacité de 20 000 litres à 500 000 litres, ce qui est énorme.

« Ç’a été construit dans les années 70 et 80 quand on développait de grandes capacités d’entreposage, on était loin du juste à temps… Mais cela nous a servi durant la pandémie et l’épisode de congestion du transport maritime. On a doublé nos réserves d’urgence, ce qui fait qu’on n’a jamais été en rupture de stock », souligne François Malenfant.

Au cours des dernières années, Station 22 a doublé les capacités de production de ses chaînes d’embouteillage qui affichaient un faible taux d’utilisation de 20 %.

« On a monté le taux d’utilisation à 50 %, mais il nous reste encore beaucoup de marge que l’on veut utiliser pour réduire nos coûts fixes », souhaite le PDG.

Une façon d’y arriver sera d’étendre la production de Station 22 aux catégories de produits adjacentes, comme les vins et spiritueux sans alcool.

« On commercialise depuis peu un vin sans alcool et la réaction est excellente. Il y a une prise de conscience des gens qui veulent réduire leur consommation d’alcool, comme la popularité du mois de février sans alcool le démontre, ou des gens qui veulent simplement réduire leur taux de sucre », expose François Malenfant.

Sinon, l’émergence de nouveaux produits québécois contribuera aussi à occuper davantage les capacités de production des chaînes d’embouteillage.

« On embouteille pour de grandes sociétés, mais on s’associe de plus en plus avec de nouvelles start-up qui développent de nouveaux produits innovants qui génèrent rapidement du volume, ça fait partie de notre mandat », affirme le PDG de Station 22.