Le Royaume-Uni interdit les guichets automatiques de cryptomonnaies sur l’ensemble de son territoire jusqu’à nouvel ordre, une manœuvre qui vise entre autres à limiter les risques de blanchiment d’argent associés à ces machines.

« Nous avons averti les exploitants de guichets de cryptos du Royaume-Uni de fermer leurs machines, sans quoi ils devront affronter des mesures coercitives », a annoncé la Financial Conduct Authority (FCA) dans un communiqué.

Ce type d’appareils connaît une popularité grandissante dans plusieurs régions du monde. Une enquête de La Presse a démontré qu’on en dénombrait plus de 270 au Québec, et qu’un certain flou réglementaire entourait leur utilisation.

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L’une des principales caractéristiques de ces guichets est qu’on peut y acheter des devises virtuelles – surtout des fractions de bitcoin – avec de l’argent liquide, dans un relatif anonymat. Ce voile de confidentialité favorise le blanchiment d’argent par des groupes criminels, selon plusieurs corps policiers.

Guichets « illégaux »

Au Royaume-Uni, les guichets de cryptos sont désormais considérés comme « illégaux », a indiqué vendredi la FCA, qui réglemente 51 000 entreprises du secteur financier au Royaume-Uni. Cette interdiction s’applique partout en Angleterre, en Écosse, au pays de Galles et en Irlande du Nord, a précisé une porte-parole à La Presse.

C’est seulement depuis 2020 que la FCA a commencé à encadrer le secteur des cryptomonnaies, pour le soumettre à la loi sur le blanchiment d’argent. Toutes les entreprises qui touchent de près ou de loin aux devises virtuelles doivent depuis s’enregistrer auprès du régulateur.

La FCA a mis en place un régime « transitoire » qui permet à certains groupes de poursuivre leurs activités en attendant d’avoir une accréditation formelle. Mais un nombre « très élevé » d’entreprises n’ont pas réussi à obtenir leur permis. Aucun exploitant de guichets n’a réussi à démontrer jusqu’ici qu’il répondait à toutes les exigences de la loi, souligne le régulateur.

La FCA admet par ailleurs ne pas savoir combien de guichets de cryptomonnaies se trouvent sur son territoire. Selon le site Coin ATM Radar, on en trouverait à peine 81 au Royaume-Uni (une région totalisant 67 millions d’habitants), ce qui paraît bien peu par rapport aux 2400 machines qu’on dénombre au Canada selon le même site.

Le nombre réel de machines présentes au Royaume-Uni pourrait être plus élevé, a reconnu la FCA.

Le Canada navigue lui aussi dans le même brouillard quant à la quantité réelle de guichets en activité. Le Centre d’analyse des opérations et déclarations financières du Canada (CANAFE), qui réglemente le secteur des cryptos depuis 2020, ignore leur nombre précis. Idem chez Revenu Québec, pourtant responsable de la délivrance des permis dans la province.

S’il n’exclut pas de permettre un jour à certains exploitants de guichets de reprendre leurs activités, le régulateur britannique lance quand même un avertissement corsé quant au secteur « très risqué » des cryptomonnaies. « Il est très peu probable que les gens soient protégés si quelque chose tourne mal, donc les gens devraient être préparés à perdre tout leur argent s’ils investissent. »