(Bruxelles) Les Vingt-Sept ont élargi mercredi leurs sanctions contre Moscou et Minsk à la suite de l’invasion de l’Ukraine, notamment en visant les cryptomonnaies, en sanctionnant la finance biélorusse et en ajoutant 160 oligarques et parlementaires russes à leur liste noire.

Les États membres de l’UE ont également acté l’interdiction des exportations vers la Russie de pièces et technologies destinées au secteur maritime, notamment dans les radiocommunications, après avoir déjà ciblé le secteur aérien, a précisé la Commission européenne.

« Je ne pense pas que Poutine ait jamais imaginé que les sanctions financières puissent être aussi puissantes », a déclaré à l’AFP Josep Borrell, chef de la diplomatie de l’UE, à l’issue d’un débat au Parlement européen à Strasbourg.

« Quand nous disions qu’il y aurait de “lourdes conséquences”, Poutine rigolait, maintenant il ne rigole plus. Ce sont les effets des sanctions qui comptent et l’effet est déjà évident », avec un effondrement du rouble et un pays « au bord d’un défaut » sur sa dette souveraine, a ajouté le responsable espagnol.

Quatorze hommes d’affaires impliqués dans des secteurs clés de l’économie russe (agriculture, sidérurgie, télécoms…) ou membres de leurs familles, ainsi que 146 membres du Conseil de la Fédération de Russie (chambre haute du Parlement) s’ajoutent désormais à la « liste noire » de l’UE.

Celle-ci, établie depuis l’annexion de la Crimée par Moscou en 2014, comprend désormais 862 personnes et 53 entités au total, interdites d’entrée dans l’UE et dont les avoirs en Europe sont gelés.

Parmi les nouveaux oligarques visés figurent le magnat multimilliardaire du charbon et des engrais Andreï Melnitchenko, le PDG de la compagnie aérienne Aeroflot Mikhail Poluboyarinov et le patron d’un géant des pipelines, Dimitri Pumpianski.

On y trouve également le milliardaire de la chimie Dimitri Mazepin et son fils Nikita – un pilote de Formule 1 récemment licencié par son équipe américaine Haas –, ainsi que Alexandre Vinokourov (distribution alimentaire), gendre du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

Les Européens ont aussi décidé mercredi de débrancher trois banques biélorusses du système international Swift, plateforme de messagerie sécurisée permettant des opérations comme le transit des ordres de paiement et ordres de transferts de fonds entre banques.

La Biélorussie est accusé par l’UE de « complicité » dans l’invasion russe de l’Ukraine.

Les Européens interdisent par ailleurs toutes les transactions liées aux actifs de la Banque centrale biélorusse, réduisant fortement ses marges de manœuvre, et restreignent drastiquement l’accès aux marchés financiers européens pour les Bélarusses pour des sommes supérieures à 100 000 euros.

Ces mesures, approuvées par les représentants des États membres réunis à Bruxelles, visent notamment à empêcher la Russie de contourner les sanctions frappant son secteur financier et bancaire.

De la même manière, les Vingt-Sept ont étendu aux cryptomonnaies le champ des sanctions financières déjà adoptées, afin d’éviter que la Russie n’y voie une échappatoire.

Depuis que les États-Unis et leurs alliés occidentaux ont mis en place un train de sanctions visant à paralyser le secteur bancaire et la monnaie russe, les achats de cryptomonnaies en roubles se sont envolés à un niveau record.

Les décisions annoncées mercredi visent à « compléter » les trois trains de sanctions adoptés depuis fin février.

L’UE a déjà paralysé des actifs de la Banque centrale russe, bloqué l’accès des banques russes aux marchés de capitaux européens et débranché sept banques russes de Swift.

L’Europe a par ailleurs fermé son espace aérien aux compagnies russes et interdit l’exportation vers la Russie de pièces et technologies destinées au secteur aéronautique.