(Londres) Londres a indiqué samedi vouloir renforcer son arsenal législatif pour sanctionner « plus durement et rapidement » les « élites corrompues » liées au régime du président russe Vladimir Poutine après l’invasion de l’Ukraine, Moscou promettant de son côté des « mesures de rétorsion ».

Cette annonce survient alors que Londres est régulièrement critiqué, par l’opposition et des membres de la majorité conservatrice, pour ne pas lutter assez énergiquement contre les flux douteux d’argent russe affluant depuis des années au Royaume-Uni.  

Le secrétaire d’État au Trésor John Glen a indiqué samedi sur la BBC que le gouvernement voulait agir « plus durement et rapidement » pour sanctionner oligarques et entreprises liés au gouvernement russe.  

« Ce que nous essayons de faire, c’est d’avoir plus facilement une base légale pour agir », a-t-il ajouté.  

Pour sévir contre ces « élites corrompues », l’exécutif a précisé dans un communiqué qu’il présenterait à cette fin des amendements à son projet de loi visant à lutter contre la criminalité économique, introduit mardi au Parlement.  

Ces amendements permettront aussi à Londres de s’aligner « plus rapidement » sur les sanctions imposées à des individus par l’Union européenne, les États-Unis ou le Canada.  

Nous allons accroître la pression sur ces élites criminelles qui tentent de blanchir leur argent sur le sol britannique et resserrer l’étau sur la corruption. Elles n’auront nulle part où se cacher.

Boris Johnson, premier ministre du Royaume-Uni, dans un communiqué

Moscou a dénoncé de son côté « l’hystérie de sanctions dans laquelle Londres a joué l’un des principaux rôles, si ce n’est pas le rôle principal », promettant « des mesures de rétorsion proportionnelles et sévères » qui déboucheront « indubitablement sur la perturbation des intérêts britanniques en Russie ».  

Cette initiative traduit le « choix » fait par le gouvernement britannique d’une « confrontation ouverte avec la Russie », a ajouté la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova, y voyant de la « russophobie ».  

Le projet de loi britannique sera examiné en procédure accélérée lundi à la Chambre des communes, la chambre basse du Parlement, avant un examen « rapide » à la Chambre des Lords pour que la loi soit promulguée « dès que possible », selon l’exécutif.  

Parmi les mesures avancées, le délai pour les entreprises étrangères pour déclarer la structure de leur actionnariat sera raccourci de 18 à 6 mois, et les amendes seront alourdies en cas d’infraction.  

Depuis le début de la guerre en Ukraine fin février, comme d’autres pays occidentaux, Londres a annoncé une série de sanctions visant des oligarques et institutions financières russes, ainsi que le gel des avoirs de Vladimir Poutine.