Le contrôle d'Hexo – l’un des principaux fournisseurs de la Société québécoise du cannabis (SQDC) – se déplace vers l’Ontario à la suite d’une entente qui offre à Tilray l’option d’acquérir une participation significative dans le producteur québécois de cannabis dans la tourmente.

Après plusieurs mois tumultueux marqués par des changements au sein de la direction et du conseil d’administration ainsi qu’une dispute avec un actionnaire mécontent, l’entreprise établie à Gatineau a trouvé le moyen de garder la tête hors de l’eau plus longtemps.

« Le redressement des finances d'Hexo a été la principale priorité stratégique de l’équipe ces derniers mois, a souligné jeudi son président et chef de la direction, Scott Cooper, au cours d’une conférence téléphonique avec les analystes. L’annonce [de jeudi] nous offre une trajectoire pour y arriver. »

L’entente a été annoncée par un communiqué diffusé en anglais avant l’ouverture des marchés. La version française a été diffusée après la clôture de la Bourse de Toronto. Tilray, établie à Leamington, en Ontario, achètera jusqu’à 211 millions US de la dette de Hexo qui était détenue par HT Investments MA LLC.

Les billets seront amendés afin d’offrir un peu d’oxygène à Hexo, sous pression financière. En échange, le producteur ontarien pourra les convertir au prix de 90 cents par action d'Hexo. Tilray pourrait acquérir jusqu’à 37 % de l’entreprise québécoise.

« Si nous voulons convertir [les billets] en actions, nous venons d’acheter à un très bon prix », a affirmé le chef de la direction de Tilray, Irwin Simon.

Sur le parquet de Bay Street, l’action d'Hexo a pris 4 % – 3 cents – pour clôturer à 76 cents. Le titre de Tilray a emprunté une trajectoire inverse en abandonnant 6,4 % – 47 cents – pour terminer à 6,88 $.

L’automne dernier, Hexo avait prévenu qu’il n’y avait pas assez d’argent dans ses coffres pour financer les remboursements de sa dette. Son vérificateur, PricewaterhouseCoopers soulignait que l’entreprise n’avait pas maintenu « un contrôle interne efficace sur ses divulgations financières » et qu’un « doute substantiel » planait sur sa capacité à poursuivre ses activités.

Parallèlement, l’entreprise, qui a vu son action reculer à 46 cents US au NASDAQ en janvier dernier, a décidé de proposer à ses porteurs de titres un regroupement d’actions pour doper le cours boursier à plus de 1 $ US et ainsi respecter les exigences des autorités américaines.

Encore des questions

Au cours de la conférence téléphonique avec les analystes, Owen Bennett, de Jefferies, a estimé que l’accord entre les deux parties comportait certains risques. Celui-ci estime que Tilray vient à la rescousse d’un concurrent dont l’avenir à court terme est incertain.

« Si vous procédez à une conversion uniquement pour conserver une participation, vous aurez épaulé un rival et cette participation [dans Hexo] ne vous aidera pas à atteindre votre objectif d’avoir une part de marché de 30 % au Canada », a prévenu M. Bennett.

Hexo et Tilray ont également annoncé la création d’une coentreprise afin de générer des économies qui devraient atteindre 50 millions sur deux ans, qui seront partagées en parts égales entre les deux sociétés.

M. Simon a évoqué des collaborations dans les secteurs de l’emballage, de la distribution, notamment. Le mois dernier, la direction d'Hexo avait annoncé une réduction de 180 postes qui doit entraîner des économies annuelles d’une quinzaine de millions de dollars.

L’entente avec Tilray intervient environ une semaine après la fin d’un accord entre Hexo et un actionnaire militant, Adam Arviv, président de Kaos Capital, en Ontario, qui détient une participation d’environ 3 %. Celui-ci a pu nommer deux administrateurs, dont Mark Attanasio, qui est à la tête du conseil d’administration.

En savoir plus
  • 2013
    Hexo a été fondée il y a environ une décennie par Sébastien St-Louis et Adam Miron. Ceux-ci ne sont plus liés à l’entreprise depuis l’automne dernier.
    Source : hexo