(New York) Les cours du pétrole ont tempéré leur vive hausse mardi dans le sillage de l’annonce des sanctions américaines contre la Russie, après un embrasement momentané qui a porté le Brent près de la barre symbolique des 100 dollars.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a terminé en hausse de 1,52 % à 96,84 dollars, alors qu’il avait atteint 99,50 dollars le baril en matinée.

À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en mars, a clôturé en hausse de 1,40 % à 92,35 dollars après avoir grimpé de 4,86 % à 95,50 dollars.

Les deux références de l’or noir ont ainsi atteint en séance de nouveaux records depuis 7 ans mais la courbe s’est assagie après l’annonce des sanctions américaines par le président Joe Biden.

Alors que le président russe Vladimir Poutine a défié les Occidentaux, en ordonnant à ses troupes d’entrer dans les territoires séparatistes de l’Est de l’Ukraine, la Maison-Blanche a annoncé des sanctions contre des banques et des « élites russes ».

« Ces sanctions ne sont pas assez fortes pour arrêter les exportations de brut de la part de la Russie, c’est pourquoi nous avons une réaction minimale des cours à la hausse », a expliqué James Williams de WTRG Economics.  

Il souligne que les cours de l’or noir auraient réagi bien plus vivement à la hausse si les sanctions avaient par exemple exclu la Russie du système international de paiement Swift, lui interdisant les transactions pour exporter son pétrole.  

Deuxième exportateur mondial de pétrole et premier exportateur mondial de gaz naturel, la Russie « exporte 5 millions de barils de pétrole brut par jour, dont un tiers vers la Chine et la moitié vers l’Europe », a rappelé l’analyste.

L’Allemagne pour sa part a fini par céder mardi en suspendant le gazoduc Nord Stream II à la suite de la reconnaissance par Moscou de provinces ukrainiennes prorusses.

« Cela ne va guère changer les choses dans l’immédiat. Nord Stream II ne devait pas fonctionner tout de suite », a commenté James Williams.  

Le gazoduc, dont la construction est achevée depuis l’automne dernier, n’était de toute façon pas en service en raison d’un blocage juridique.  

« Cela ne va pas affecter les prix du gaz naturel cet hiver, à moins qu’ils ferment Nord Stream I », a ajouté l’analyste.  

« Non seulement les tensions géopolitiques soutiennent la tendance haussière, mais les fondamentaux d’une demande forte post pandémie couplée à une offre contrainte de l’OPEP “ » continuent de soutenir la hausse des cours, a ajouté Victoria Scholar, analyste pour Interactive investor.

« Il s’agit de la pire escalade depuis la guerre froide », estime Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote.

« L’impact le plus important se fera probablement sentir sur les prix des matières premières », a affirmé de son côté Neil Shearing, analyste pour Capital economics.  

La tonne d’aluminium a atteint mardi 3380 dollars en séance sur le marché londonien des métaux de base (London Metal Exchange, LME), à quelques cents de son record historique atteint en 2008.  

Le blé, dont l’Ukraine et la Russie sont d’importants producteurs, a fait un bond de 6 % en une journée.