Les employés de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain vont reprendre dès lundi leur travail en mode hybride à raison de trois jours de présence au bureau par semaine. Son président Michel Leblanc souhaite que les employeurs et les employés de la métropole suivent eux aussi rapidement cet exemple de retour accéléré pour que le centre-ville de Montréal cesse de se déstructurer et se refasse urgemment une santé financière.

Après deux ans de pandémie et de confinements successifs et serrés, Montréal est l’une des villes qui ont été les plus affectées par le télétravail obligatoire et les mesures sanitaires qui ont forcé la fermeture des restaurants, bars et salles de spectacles. Montréal a été beaucoup plus touché que des villes comparables en Amérique du Nord et en Europe où ces activités se sont poursuivies, constate le président de la CCMM.

« Ça fait deux ans que l’on sonne l’alarme et de façon plus importante depuis six mois. Il y a eu beaucoup de fermetures. La santé financière des commerces, des restaurants et des hôtels est très précaire.

« Quand tu vois deux ou trois commerces de fermés sur sept ou huit, cela renvoie une image inquiétante. Ce n’est pas un environnement invitant pour les visiteurs de l’extérieur comme pour ceux du 450 », observe Michel Leblanc.

On se souviendra que la CCMM avait lancé à l’automne une vaste campagne pour convaincre les gens de revenir travailler, vivre et sortir au centre-ville déserté de Montréal, une initiative torpillée par l’éclosion des infections au nouveau variant Omicron assortie d’un nouveau confinement au mois de décembre.

« Là, je pense qu’on est mieux positionnés pour réaliser le grand départ qu’on souhaitait. Le beau temps s’en vient et les gens vont de plus en plus adopter un mode de travail hybride, ce qui va être excellent pour la santé mentale de tout le monde », convient Michel Leblanc.

Le danger qui guette Montréal, c’est que son centre-ville reste marqué par le climat délétère que la pandémie y a induit.

Réhabiliter les tours

La Chambre de commerce du Montréal métropolitain va dévoiler vendredi une étude qui confirme qu’il y a eu moins de présence au centre-ville durant l’automne malgré l’allègement des contraintes touchant la fréquentation des restaurants, bars et salles de spectacles.

« En juin dernier, lorsqu’on a mis fin au télétravail obligatoire et permis le retour en présentiel au bureau, 27 % des travailleurs ont recommencé à venir au centre-ville. En août, ce pourcentage atteignait 48 % et en décembre, il était à 61 %.

« Là, on prévoit que 48 % des travailleurs vont revenir au centre-ville en avril-mai et que l’on va atteindre les 61 % en juin. Personnellement, je pense que 100 % des gens vont être revenus travailler à leur bureau au moins quelques jours par semaine dès le mois de septembre », anticipe le président de la CCMM.

Rappelons qu’encore cette semaine, le taux d’achalandage des tours de bureaux du centre-ville n’est que de 5 %. Dès lundi prochain, le mouvement de retour en présentiel s’amorcera et prendra son envol à partir du 14 mars prochain, lorsque les dernières mesures sanitaires auront été levées.

L’utilisation généralisée du télétravail, phénomène qui va se poursuivre même s’il ne sera plus obligatoire, n’aura pas d’incidence sur le taux d’occupation des tours de bureaux de catégorie A, mais Michel Leblanc constate que les édifices de classe B et C se retrouvent déjà avec des taux de vacance variables.

« On va devoir agir pour recycler cet espace excédentaire tout comme on souhaite que les gouvernements participent financièrement à l’occupation des locaux commerciaux – magasins et restaurants qui ont été fermés – pour y relancer dans les six prochains mois de nouvelles activités », suggère-t-il.

Réanimer le centre-ville

La Chambre de commerce souhaite profiter de l’ouverture de locaux commerciaux pour relancer l’animation du centre-ville, redynamiser les lieux, notamment les espaces de restauration comme le Central sur le boulevard Saint-Laurent ou le Time Out au Centre Eaton. La saison estivale des festivals devra pour sa part n’être rien de moins que spectaculaire pour que Montréal retrouve son caractère unique qui en fait une destination prisée des touristes étrangers.

« Déjà, les responsables du Palais des congrès et de Tourisme Montréal me disent qu’ils sont prêts pour relancer la machine. L’été dernier, ç’a été difficile parce que le centre-ville était embourbé par les chantiers de construction. Il va falloir que les gouvernements investissent dans une vaste campagne de marketing pour donner le signal qu’on est reparti. »

Avec le travail hybride, ceux qui vont revenir au bureau vont davantage fréquenter les restaurants et les boutiques qu’ils avaient l’habitude de visiter avant. Les collègues de bureau vont pouvoir se rencontrer dans des 5 à 7. Les gens vont vouloir profiter de leur présence au centre-ville pour aller voir des spectacles.

Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain

Mais pour que cette relance du centre-ville s’actualise, employeurs et employés ont un rôle à jouer, tout comme les gouvernements.

« J’ai hâte de voir les cols blancs de la Ville de Montréal revenir au bureau et les employés de la Caisse de dépôt ou d’Hydro-Québec, ils doivent donner l’exemple.

« À la Chambre de commerce, on va reprendre nos dîners-causeries en présentiel dès le 14 mars prochain avec la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel. J’ai hâte qu’elle nous dise quel est le plan de retour en présentiel des fonctionnaires québécois », souligne Michel Leblanc.

Si le télétravail a permis aux entreprises montréalaises de traverser les deux dernières années de pandémie avec brio, il comporte aussi des leurres, croit le président de la Chambre.

« L’activité économique est bonne à Montréal et au Québec. Mais le télétravail affecte la culture organisationnelle, il entraîne aussi une perte d’engagement et, dans certains cas, de productivité.

« On pourrait atteindre un point d’équilibre avec un mode hybride de trois ou quatre jours de présence au bureau par semaine. Il y en a beaucoup qui ont fait le tour de leur appartement », pense Michel Leblanc qui souhaite que Montréal retrouve ses airs de métropole.