Le gouvernement Legault met l’accent sur l’environnement et l’internationalisation

Au moment où le Québec se déconfine, le gouvernement Legault retape le programme Essor – son fer de lance pour épauler financièrement les projets d’entreprises – en y ajoutant entre autres un cadre pour favoriser les technologies propres et l’internationalisation des sociétés.

Cette nouvelle mouture entrera en vigueur le 1er avril pour une période de deux ans. Les critères des détails et paramètres seront diffusés plus tard cette semaine. Une entreprise qui envisage d’aller frapper à la porte de l’État aura ainsi une idée claire des attentes et des critères à respecter.

Avec un « cadre normatif élargi », le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, espère entre autres accélérer le traitement des demandes.

« Ce qui n’était pas dans Essor, on le faisait quand même, mais on avait des décrets, explique-t-il en entrevue avec La Presse. Le problème avec les décrets, ce n’est pas que c’est mauvais, mais c’est plus long. »

Subventions, investissements en capital-actions, prêts-subventions, presque tous les types d’aide financière sont sur la table pour stimuler les projets d’investissement. Québec fait le pari que cette nouvelle version d’Essor aidera la province à rattraper son écart de productivité avec l’Ontario.

Abstraction faite des sommes attribuées pour aider les sociétés qui en arrachaient en raison de la pandémie, les interventions financières effectuées par l’entremise du programme Essor ont totalisé environ 1 milliard entre le 1er avril 2020 et le 31 janvier dernier.

Cadre défini

En ce qui a trait à l’empreinte environnementale, le programme précise par exemple que pour être admissibles, les demandeurs doivent présenter un projet visant à réduire significativement leurs émissions de gaz à effet de serre plutôt que de simplement vouloir atteindre les « normes environnementales » de leur secteur.

« Les entreprises peinent à obtenir le financement requis auprès des institutions financières pour réaliser des projets visant à réduire leur empreinte environnementale, explique le cadre du programme Essor. Bien qu’il existe des programmes gouvernementaux ciblant des clientèles et des types de projet en particulier, il y a lieu d’offrir une mesure générale accessible à l’ensemble des projets. »

Du côté de l’internationalisation, le gouvernement Legault acceptera d’aider des entreprises à en acheter d’autres à l’extérieur des frontières du territoire québécois ou pour ouvrir des bureaux commerciaux ou des filiales à l’étranger.

Essor absorbe aussi des initiatives existantes, comme les projets d’amélioration de la productivité des sociétés et le programme PME en action, qui consiste à financer en partie les études que des entreprises souhaitent mener avant d’effectuer des projets d’investissement.

Parallèlement, le volet d’aide aux sociétés en difficulté disparaîtra.

« On ne l’annule pas, assure le ministre de l’Économie. Il est enlevé d’Essor, mais il sera remplacé par un programme distinct qui sera introduit. »

Plusieurs secteurs, comme la restauration, les arts, spectacles et loisirs, l’hébergement ainsi que les télécommunications, figurent dans la liste des exclusions du programme Essor.

« C’est principalement parce que ce sont d’autres ministères qui vont être responsables de donner de l’aide subventionnaire, affirme M. Fitzgibbon. Le MAPAQ [ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation] et la Culture ont des crédits. On vient quasiment dire que tous les secteurs, sauf ceux que nous avons identifiés, seront couverts par Essor. »

L’enveloppe budgétaire d’Essor est d’environ 100 millions par année, mais le ministre de l’Économie n’a pas fermé la porte à une bonification.

Ce programme est administré par Investissement Québec (IQ), bras financier de l’État québécois, dont le mandat a été considérablement élargi par le gouvernement Legault. L’effectif de la société d’État a bondi depuis quelques années.

Les ressources sont suffisantes chez IQ pour gérer le programme, estime M. Fitzgibbon.

En savoir plus
  • 54
    La productivité des entreprises du Québec était de 54,10 $ l’heure en 2020, loin derrière l’Ontario, à 61,70 $.
    Ministère de l’Économie et de l’innovation
    6
    Entre le 1er avril 2020 et le 31 janvier 2022, le programme Essor a permis la réalisation de projets totalisant 6 milliards.
    Ministère de l’Économie et de l’innovation