La relation commerciale entre le Québec et la Russie s’est transformée en une décennie avec un effondrement de nos exportations. Difficile de voir comment cette tendance se renversera alors que plane le spectre d’une invasion de l’Ukraine et de l’imposition de sanctions économiques au pays de Vladimir Poutine.

Spécialiste des technologies médicales et fabricant de capteurs à fibre optique pour l’industrie pétrolière, Opsens fait partie des entreprises qui ont effectué quelques pas dans le marché russe. Elle avait vendu des capteurs à une entreprise locale.

Dans le créneau médical, l’entreprise établie à Québec souhaiterait obtenir les approbations nécessaires pour se tailler progressivement une place dans le pays d’environ 145 millions d’habitants. La situation actuelle risque d’avoir l’effet d’un coup de frein.

« Quand ça brasse, on met moins ça dans le haut de nos priorités, explique le président et chef de la direction d’Opsens, Louis Laflamme. Mettons que ça n’accélère pas nos efforts. Ça reste quand même un marché pertinent pour nous. »

Lisez l’article « Craintes d’invasion de l’Ukraine par la Russie : le Canada prêt à imposer rapidement des sanctions »

Selon les données du ministère de l’Économie et de l’Innovation, les échanges commerciaux de marchandises entre le Québec et la Russie étaient de 680 millions en 2020. C’est 37 % des échanges commerciaux canado-russes.

Mais les exportations québécoises vers le plus vaste pays du monde ont fondu comme neige au soleil. De 2012 à 2020, le déclin a été d’environ 80 %, passant de 623 millions à 142 millions. Un embargo sur le porc canadien – ce qui a incité Olymel à tourner le dos au marché russe – et les sanctions économiques imposées à la Russie après son invasion de la péninsule de Crimée en Ukraine en 2014 expliquent en partie ce plongeon.

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La présence diplomatique québécoise à Moscou a également été brève. Le bureau commercial ouvert en 2012 a fermé dès 2014 après l’arrivée au pouvoir des libéraux de Philippe Couillard.

En ce qui a trait à l’Ukraine, les exportations québécoises ont effectué un bond de 36 % de 2019 à 2020, mais la valeur n’est que de 49 millions.

Marché particulier

Constructeur des Ski-Doo, Sea-Doo et Can-Am, BRP vend des véhicules récréatifs en Russie depuis près de 30 ans. En 2015, le pays était le troisième marché en importance de l’entreprise. Le portrait a bien changé.

« Depuis le conflit en Crimée et les sanctions internationales qui ont suivi, les ventes en Russie représentent moins de 5 % de nos ventes totales (6 milliards en 2021) », a indiqué l’entreprise. 

Chaque pays a ses particularités lorsque vient le temps de brasser des affaires. Aux yeux de certains entrepreneurs d’ici, le jeu n’en vaut pas la chandelle. C’est le cas de Steve Bérard, président de Vêtements S.P. et 3B Hockey, spécialiste de la fabrication d’uniformes sportifs.

L’entreprise de l’homme d’affaires fabrique, par l’entremise de ses liens commerciaux avec Adidas, le chandail du SKA Saint-Pétersbourg, dans la Ligue continentale de hockey.

« Le processus de dédouanage est vraiment compliqué, relate M. Bérard. La paperasse et la documentation à fournir pour faire entrer de la marchandise, c’est beaucoup d’efforts et peu de volume dans mon cas. En Europe, on a plus de facilité qu’avec la Russie. C’est un marché assez fermé. »

Opsens génère des revenus de « quelques centaines de milliers de dollars » en Chine, selon son président. Celui-ci affirme qu’à des endroits comme la Chine et la Russie, il faut s’associer avec des intervenants locaux.

« Aux États-Unis, je peux rentrer dans des hôpitaux et aller voir des médecins, explique M. Laflamme. En Russie et en Chine, on va travailler avec des personnes qui ont une certaine réputation là-bas. En général, cela se passe bien. »

Ce sont les simulateurs de vol et leurs parties, avec 15,7 millions, qui ont accaparé la part du lion (11 %) des exportations québécoises vers la Russie en 2020. Au Québec, CAE fabrique des simulateurs de vol. Du côté des importations, ce sont les huiles de pétrole raffinées qui sont prisées en provenance de la Russie.

En savoir plus
  • 24
    À l’échelle mondiale, la Russie est le 24e partenaire commercial du Québec.
    SOURCE : MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET DE L’INNOVATION
    0,4 %
    La relation commerciale entre le Québec et la Russie représente 0,4 % de la valeur des échanges internationaux du Québec.
    SOURCE : MINISTÈRE DE L’ÉCONOMIE ET DE L’INNOVATION