La Ville de Pointe-Claire, qui connaît un boom dans la construction résidentielle avec la venue du Réseau express métropolitain (REM), donne un coup de frein.

Son conseil municipal, mené par Tim Thomas, élu en novembre dernier à la place du maire sortant John Belvedere, gèle la délivrance de permis de construction dans certains secteurs de la ville, y compris celui du centre commercial Fairview Pointe-Claire. Le gel durera le temps que la Ville élabore un nouveau plan d’urbanisme après consultation de ses résidants.

« Aucun permis ne pourra être délivré pour la construction ou la transformation d’un bâtiment pour un usage multirésidentiel dans le secteur centre-ville », lit-on dans un communiqué diffusé par la Ville. « De plus, aucun permis ne pourra être délivré pour la construction d’un nouveau bâtiment principal sur le site des centres commerciaux identifiés. »

Le propriétaire du centre à la mode Cadillac Fairview est furieux.

Nous sommes vraiment choqués, consternés et surpris. Ce geste est inutile et contraire à nos attentes envers la Ville.

Brian Salpeter, vice-président principal du développement de l’est du Canada, Cadillac Fairview

Cadillac veut construire un projet à vocation mixte, en partie résidentielle, sur une section du stationnement du centre commercial le long de l’autoroute 40 et du futur REM. M. Salpeter n’a pas précisé le détail du projet ni son envergure, mais promet d’en dévoiler les détails la semaine prochaine.

ILLUSTRATION FOURNIE PAR CADILLAC FAIRVIEW

Partie du stationnement devant faire l’objet d’un projet à vocation multiple

Il s’agit de la première phase de ce qui a été décrit dans le passé comme la création du nouveau centre-ville de Pointe-Claire.

Le projet dans son ensemble prévoit aussi le lotissement d’un terrain boisé immédiatement à l’ouest du centre commercial. Le terrain vacant de 170 000 mètres carrés a longtemps appartenu au cégep John Abbott. Le regroupement de citoyens Sauvons la forêt Fairview milite pour la sauvegarde de l’espace vert.

M. Salpeter affirme que la première phase de son projet est conforme au plan particulier d’urbanisme du secteur adopté en 2018 et ajoute que les plans ont été soumis à la Ville l’été dernier.

Avec la volte-face de l’administration municipale, Cadillac Fairview soutient que son projet d’investissement est en péril et qu’elle sera contrainte de laisser en place un vaste stationnement constituant un îlot de chaleur.

La société immobilière a construit Fairview Pointe-Claire en 1965 et en est la propriétaire depuis. Au cours des trois dernières années, elle affirme avoir investi 100 millions dans son centre commercial, notamment pour accueillir un magasin Simons.

« Nous avons toujours démontré notre volonté de travailler de concert avec la Ville et la communauté, nonobstant les administrations, dans un climat d’ouverture et de collaboration, et c’est ce qu’on souhaite [pour l’avenir] », dit M. Salpeter.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Brian Salpeter, vice-président principal du développement de l’est du Canada, de Cadillac Fairview

« On adore les business, mais pas les tours de condos »

Pour son nouveau maire Tim Thomas, Pointe-Claire a connu trop de projets de construction dans les dernières années au goût de ses résidants. Le temps est venu de réévaluer l’avenir de la ville.

Il rappelle que la dernière campagne électorale s’est jouée entre une vision « Pointe-Claire, ville-jardin » et celle « Pointe-Claire, centre-ville ». « C’est la ville-jardin qui a gagné », dit-il.

L’élu se dit ouvert aux projets de construction industrielle et commerciale, mais veut mettre un point final aux tours résidentielles qui se sont multipliées à Pointe-Claire et qui ont empiré, selon lui, les problèmes de circulation.

« On adore les business et les projets commerciaux, mais pas les tours de condos. La circulation sur le boulevard Saint-Jean est déjà infernale », dit M. Thomas, qui veut aussi préserver la forêt Fairview comme espace naturel pour les générations futures.