La chasse à la baleine sera interdite en Islande à partir de 2024. Le petit pays nordique est encore un des rares à pratiquer cette activité, malgré l’interdiction décrétée par la Commission baleinière internationale pour assurer leur survie.

En Islande, comme au Japon et en Norvège, qui pratiquent aussi la chasse à la baleine, le cétacé a traditionnellement été cuisiné et mangé par une population qui n’avait pas beaucoup d’autre viande à se mettre sous la dent. Il finit encore dans les assiettes islandaises, mais surtout dans celles des touristes friands en quête d’exotisme parce que les locaux n’en mangent plus guère.

Le tourisme a remplacé la pêche comme moteur économique de l’Islande. Sa nature sauvage, ses volcans et ses sources d’eau chaude sont un attrait considérable pour les visiteurs du monde entier.

C’est après la crise financière de 2008 que le pays a tout misé sur le tourisme. Quand le système financier international a tremblé, l’Islande a chuté. Le pays a frôlé la faillite et a dû être secouru par le Fonds monétaire international. La monnaie locale, la couronne, a perdu 85 % de sa valeur et toute la population s’est subitement appauvrie.

Le McDo de la capitale Reykjavík a même dû fermer en 2009, parce que son approvisionnement était devenu hors de prix, notamment pour le bœuf. Un des derniers Big Mac vendus en Islande aurait été conservé intact et il serait encore aujourd’hui exposé publiquement. C’est peut-être une de ces légendes nordiques dont le pays raffole… L’état de conservation de la chose n’est pas connu.

L’Islande s’est relevée de la crise financière grâce au tourisme et aux sacrifices consentis par ses habitants. En 2019, la prospérité était revenue. Cette année-là, l’île a accueilli 2 millions de visiteurs, soit un nombre six fois plus élevé que sa population totale. C’était avant que la pandémie frappe.

En 2020, le nombre de touristes avait chuté à 400 000, le nombre le plus bas depuis 15 ans. Le confinement et l’absence de visiteurs ont provoqué une baisse du produit intérieur brut de 9,3 % au deuxième trimestre de 2020, une dégringolade pire qu’en 2009, quand le pays subissait les contrecoups de la crise financière.

Relancer la machine

L’industrie du tourisme souffre de la pandémie partout dans le monde et elle continuera de souffrir encore un certain temps. Selon les prévisions du World Travel and Tourism Council, qui représente l’industrie, le secteur touristique se remet lentement, mais sa contribution à la croissance économique mondiale devrait rester inférieure de 6,4 % à ce qu’elle était en 2019.

Comme tous les pays qui dépendent beaucoup du tourisme, l’Islande espère le retour en nombre des visiteurs étrangers en 2022 et le gouvernement vient d’adopter un plan d’action pour reconstruire son secteur touristique.

Au pays de Björk et de l’inspecteur Erlendur, tout coûte cher, ce qui peut faire peur aux touristes. Le coût de la vie a encore augmenté pendant la pandémie et le taux d’inflation dépasse maintenant les 5 %. La banque centrale islandaise a été la première en Europe à relever ses taux d’intérêt, en mai dernier. Depuis, les hausses se sont succédé et le taux directeur atteint actuellement 2,75 %.

Le pays a cruellement besoin de touristes. La stratégie gouvernementale de reconstruction de l’industrie touristique a coïncidé avec l’annonce de la décision de cesser la chasse aux baleines. Peut-être que les baleines y contribueront…

L’observation des baleines est une des activités très prisées par les touristes qui visitent l’Islande. Le gouvernement a reconnu en quelque sorte que les baleines avaient plus de valeur vivantes que mortes pour l’économie du pays. Comme quoi le tourisme peut aussi être une bénédiction pour les espèces menacées.

En savoir plus
  • 59 270 $ US
    Produit intérieur brut par habitant en Islande
    Source : Banque mondiale (2020)
    43 241 $ US
    Produit intérieur brut par habitant au Canada
    Source : Banque mondiale (2020)