Desjardins Capital, la division d’investissement en entreprises du Mouvement Desjardins, a enregistré en 2021 la plus forte année de son histoire en effectuant pas moins de 250 interventions de financement pour une somme totale de 705 millions. Marie-Hélène Nolet, qui s’est jointe à l’organisation en janvier 2021 comme nouvelle cheffe de l’exploitation, nous raconte les faits d’armes de cette dernière année record.

Après avoir complété une grosse année 2019 en réalisant pour 400 millions de dollars de financements, Desjardins Capital a été frappée par le contexte d’attentisme qu’a entraîné la pandémie en 2020, bouclant seulement pour 211 millions de nouveaux engagements, alors que bon nombre d’entreprises ont mis en veilleuse des projets d’investissement.

L’année 2021 a toutefois été une année de rattrapage, observe Marie-Hélène Nolet, cheffe de l’exploitation de Desjardins Capital.

« Les entreprises avaient des projets à financer, et on a rouvert la machine en 2021. On avait prévu réaliser pour 500 millions de nouveaux financements, mais on a terminé l’année avec un très fort dernier trimestre, ce qui nous a permis de réaliser pour 705 millions d’engagements, une année record pour nous », explique Mme Nolet.

Desjardins Capital fait partie de l’offre de financement qui est accessible aux entreprises québécoises avec les autres institutions de capital de développement que l’on connaît bien telles que le Fonds de solidarité, Fondaction, Investissement Québec ou la BDC.

Nous, on fait principalement de la dette subordonnée et des participations en équité, que ce soit minoritaire ou majoritaire. On travaille beaucoup en complémentarité avec les Centres Desjardins Entreprises, avec lesquels on est présent dans toutes les régions du Québec.

Marie-Hélène Nolet

« On réalise aussi beaucoup de cofinancements avec les autres fonds de développement qui sont nos partenaires. Règle générale, 75 % de nos interventions se font par l’entremise de dette subordonnée et 25 %, par une participation en équité. Mais nos financements en prise de participation représentent 60 % des montants que l’on investit », précise la gestionnaire.

L’année 2021 n’a pas fait exception. Si Desjardins Capital a multiplié le nombre de transactions de financement par dette de moins de 500 000 $, elle a complété 6 grosses transactions de plus de 25 millions dans autant d’entreprises.

« Notre plus grosse prise de participation de l’an dernier a été notre investissement de 60 millions dans QScale, l’immense projet de centre de données de Lévis qui va nécessiter des investissements totaux de 870 millions », souligne Marie-Hélène Nolet.

La gestionnaire, qui a entamé sa carrière dans le capital de risque chez GTI Capital et CapiTech, division d’investissement d’Hydro-Québec, a travaillé durant 14 ans à la BDC, en capital de risque et en services-conseils, avant de se joindre à Desjardins Capital, il y a tout juste un an.

La spécificité Desjardins Capital

Qu’est-ce qui distingue Desjardins Capital des autres acteurs actifs dans le capital de risque et de développement ?

« On est patient, humain, à l’écoute des entrepreneurs et on est agile. On est aussi le gestionnaire du fonds fiscalisé Capital régional coopératif Desjardins (CRCD). L’an dernier, CRCD a levé 140 millions et on a investi 700 millions. On lève de l’argent et on investit nos propres fonds de façon efficace », précise la cheffe de l’exploitation.

Desjardins Capital cumule aujourd’hui des engagements financiers dans plus de 650 entreprises québécoises qui totalisent plus de 2 milliards. L’entreprise profite évidemment beaucoup du référencement de Desjardins Entreprise et vient compléter les besoins de financement des entrepreneurs.

On est très présent dans le secteur manufacturier, l’agroalimentaire, le transport, et on a beaucoup investi en 2021 dans les régions comme Chaudière-Appalaches ou l’Estrie, de même que dans les régions ressources.

Marie-Hélène Nolet

« On est aussi très actif dans le secteur des technologies, via nos activités de capital de risque qui ont représenté, en 2021, 15 % des 251 engagements financiers que l’on a pris », relève Marie-Hélène Nolet.

Parmi les investissements en capital de démarrage, Desjardins Capital a accordé un second financement de 2 millions à la jeune pousse montréalaise Heyday, qui développe des robots conversationnels. L’entreprise a été rachetée par la suite par la firme Hootsuite de Vancouver.

« On investit dans les entreprises québécoises pour qu’elles poursuivent leur développement au Québec, mais il arrive que des transactions se réalisent et il faut respecter le choix des entrepreneurs. Dans le cas de Heyday, ça reste au Canada, et l’entreprise va poursuivre son développement à partir de Montréal », constate Marie-Hélène Nolet.

Rappelons ici que Desjardins Capital a été l’un des actionnaires importants de Camso, qui a été vendue à la multinationale Michelin. « J’ai rencontré cet été les dirigeants de Michelin à Paris et ils sont très heureux de leur investissement. Camso poursuit son développement à Magog et sa vente nous a donné des fonds que l’on réinvestit au Québec », ajoute-t-elle.

Une autre bonne année en perspective

Marie-Hélène Nolet ne pense pas que Desjardins Capital va être en mesure cette année de réaliser autant d’interventions qu’en 2021, mais elle estime toutefois réaliste d’atteindre l’objectif de 525 millions de nouveaux investissements.

« On accompagne de belles entreprises, comme les supermarchés Avril dans lesquels on a pris une participation minoritaire qui va permettre au groupe d’ajouter cinq nouveaux magasins à sa chaîne santé », évoque Marie-Hélène Nolet.

Desjardins Capital mise aussi sur le Fonds DC Transatlantique de 120 millions de dollars qu’elle a mis sur pied en collaboration avec CRCD, Exportation et Développement Canada et BPI France (l’équivalent de la BDC française) pour stimuler les investissements d’entreprises québécoises en Europe et l’inverse.

« On s’aligne pour accompagner nos entreprises dans les soubresauts de la reprise économique en leur offrant le meilleur soutien possible.

« Quand on investit en équité, on obtient un poste au conseil de l’entreprise qui sera occupé par un administrateur indépendant, un entrepreneur qui a une expertise et qui va la mettre à contribution pour assurer le meilleur développement du groupe », insiste Marie-Hélène Nolet.