(Washington) Le marché de l’emploi américain a contre toute attente résisté à Omicron en janvier, et a même vu le retour de milliers de personnes qui avaient cessé de chercher un emploi, montrant selon Joe Biden que « l’Amérique est à nouveau au travail ».

« La machine à emplois américaine avance plus fort que jamais, soutenant une forte reprise et des opportunités pour les hommes et les femmes qui travaillent dur dans ce grand pays », a salué le président depuis la Maison-Blanche.

En janvier, 467 000 emplois ont été créés, a annoncé vendredi le département du Travail, bien plus qu’attendu, puisque les prévisions allaient de près de 200 000 emplois créés pour les plus optimistes à 300 000 emplois détruits pour les plus pessimistes.

Les rangs ont notamment grossi dans les secteurs des loisirs et de l’hôtellerie, des services aux entreprises, du commerce de détail ou encore du transport et de la logistique.

« Marché du travail : 1 – Omicron : 0 », ont souligné les économistes Kathy Bostjancic et Lydia Boussour, d’Oxford Economics, dans une note, notant que « le marché du travail avait commencé l’année sur une note plus solide que prévu ».

Le variant Omicron a fortement perturbé l’économie américaine à partir de la toute fin du mois de décembre. Les consommateurs ont évité d’aller au restaurant, au cinéma, ou ont reporté certains soins médicaux le temps de laisser la vague passer, tandis que le manque de salariés a obligé à réduire par exemple les heures d’ouverture de nombreux commerces.

Ainsi, six millions de travailleurs se sont, à un moment ou un autre du mois de janvier, trouvées dans l’incapacité de travailler à cause d’une fermeture de l’entreprise liée à la COVID-19, quasi le double du mois précédent.

Retours sur le marché de l’emploi

Le taux de chômage, lui, remonte de 0,1 point, à 4,0 %. Mais paradoxalement, c’est une bonne nouvelle, puisque des gens qui s’étaient éloignés du marché du travail depuis le début de la pandémie, y reviennent.

Le taux de participation, en effet, s’est hissé à 62,2 %, après 61,9 % en décembre, ce qui devrait apporter une petite bouffée d’oxygène aux employeurs, confrontés depuis des mois à un manque de personnel.

« Cela montre que les travailleurs [qui étaient] en marge commencent à revenir de manière plus significative sur le marché du travail », soulignent encore Kathy Bostjancic et Lydia Boussour.

Cela devrait aussi permettre d’assouplir les tensions sur la chaîne d’approvisionnement, qui souffre du manque de chauffeurs et logisticiens : « nous ne sommes pas encore dans l’ère post-pandémique […] mais le pire est certainement derrière nous », a déclaré la secrétaire américaine au Commerce Gina Raimondo, sur CNN.

« Les chiffres les plus surprenants » de ce rapport sont, d’une part, le taux de participation, en hausse « alors que 15 millions de personnes ont contracté la COVID-19 et que les écoles ont été fortement perturbées », a commenté sur Twitter Julia Pollak, cheffe économiste pour ZipRecruiter.

D’autre part, ajoute-t-elle, « l’emploi dans les loisirs et l’hôtellerie a augmenté […] alors que les repas au restaurant et les voyages ont clairement diminué ».

Salaires en hausse

Autre conséquence de la pénurie de main-d’œuvre, le salaire horaire moyen dans le privé a continué à grimper, et est désormais de 31,63 dollars, soit 23 cents de plus qu’en décembre ; il a augmenté de 5,7 % au cours des 12 derniers mois.

Une ombre persiste cependant au tableau, les inégalités, qui restent fortes, avec un taux de chômage toujours deux fois plus élevé pour les Américains noirs (6,9 %) que pour les Américains blancs (3,4 %).

Les créations d’emplois de janvier viennent s’ajouter à celles de décembre, qui ont été bien plus élevées qu’initialement annoncé, avec 510 000 emplois créés au lieu de 199 000. La prise en compte des nouveaux chiffres de la population après le recensement de 2020 a conduit à une révision pour l’ensemble de l’année 2021 : 217 000 emplois de plus qu’annoncé ont été créés.

Ces chiffres devraient achever de convaincre la banque centrale américaine (Fed) de commencer à relever ses taux en mars sans craindre pour la santé du marché du travail, récemment qualifié par le président de l’institution Jerome Powell de « très, très solide ».

La Fed veut resserrer sa politique monétaire pour lutter contre une inflation au plus haut depuis 40 ans, une menace pour la reprise économique.