(Montréal) La Commission de la construction se défend, alors que la Commission des droits de la personne a déposé une requête, alléguant que le système d’embauche dans l’industrie de la construction a des effets discriminatoires à l’égard des femmes.

Le tout se déroule dans le contexte du peu de représentation des femmes dans l’industrie de la construction, ainsi que des causes de cette sous-représentation et des démarches qui ont été effectivement entreprises pour y remédier.

Dans sa requête, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse reproche à la Commission de la construction (CCQ) de contribuer « à la situation de discrimination systémique » à l’égard des femmes par « divers manquements et omissions ».

La CCQ est chargée d’administrer le service de référence de main-d’œuvre dans l’industrie. Lorsqu’un employeur cherche un travailleur, il fait une demande à la CCQ, qui lui transmet alors une liste de candidats qui répondent à ses critères.

La cause n’a pas encore été entendue par le Tribunal des droits de la personne, mais les parties intéressées ont déposé leur mémoire au dossier.

Dans son mémoire, la CCQ fait valoir qu’elle n’a « aucun lien d’emploi avec les salariés de l’industrie » et que ce sont les employeurs qui embauchent les travailleurs, et non elle.

« Lorsque la CCQ réfère de la main-d’œuvre à des employeurs, elle priorise systématiquement toutes les femmes correspondant aux critères de l’employeur », se défend-elle.

« Il est ici important de préciser que l’employeur n’a aucune obligation d’embaucher les candidats référés et la CCQ ne dispose d’aucun pouvoir lui permettant de “forcer” l’embauche des candidats référés », souligne-t-elle dans son mémoire.

Au contraire de ce qui lui est reproché, la CCQ argue avoir beaucoup fait pour l’embauche et le maintien en emploi des femmes dans la construction.

La CCQ dit avoir œuvré « depuis des décennies à accroître le nombre et la proportion de femmes dans l’industrie » et que ses actions à ce chapitre sont « nombreuses » : études, bilans et adoption de Programmes d’accès à l’égalité des femmes, entre autres.

Elle relève d’ailleurs que depuis la mise en œuvre de son Programme d’accès à l’égalité, la proportion de la main-d’œuvre active composée de femmes dans l’industrie a grimpé d’année en année, passant de 1,49 % en 2015 (2289 femmes) à 2,73 % (4849 femmes) en 2020.

La CCQ conclut que « les difficultés rencontrées par les victimes pour trouver un emploi dans l’industrie de la construction ne sont pas attribuables à un quelconque défaut de sa part ». Elle demande donc au tribunal de rejeter la requête.