(Ottawa) Les députés et leurs adjoints qui travaillent dans les bureaux de la colline parlementaire auront droit à des masques « Made in Canada » dès la reprise des travaux parlementaires, le 31 janvier.

Le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, a donné cette assurance dans une lettre qu’il a fait parvenir récemment aux députés de l’opposition qui se sont indignés que des masques fabriqués en Chine soient distribués dans les édifices qui font partie de la colline parlementaire.

Les députés du Parti conservateur, du Bloc québécois et du Nouveau Parti démocratique étaient d’autant plus furieux que des entreprises canadiennes se sont lancées dans la production de tels équipements de protection individuelle à la suite de l’appel à la mobilisation du premier ministre Justin Trudeau au début de la pandémie, au printemps 2020. Cet appel avait été lancé afin que le Canada ne soit plus tributaire de pays étrangers, en particulier la Chine, pour de tels produits en pleine crise sanitaire.

Des dirigeants d’entreprises canadiennes qui fabriquent des équipements de protection individuelle ont aussi exprimé leur colère de voir que la Chambre des communes lève ainsi le nez sur des produits fabriqués au Canada.

Les députés de l’opposition ont réussi à faire adopter une motion à la Chambre des communes le 16 décembre exigeant que l’on fournisse des masques produits au pays.

« J’ai le plaisir de vous informer que par suite de l’adoption à la Chambre des communes de la motion […], l’administration de la Chambre s’affaire à mettre en œuvre cette décision en vue de s’y conformer d’ici le 31 janvier 2022 », a écrit le président Rota dans sa lettre à cinq députés, dont le conservateur Pierre-Paul Hus, la bloquiste Julie Vignola et le néo-démocrate Gord Johns.

Le président a indiqué que l’entreprise canadienne qui a obtenu le contrat pour la fourniture d’équipements de protection individuelle, y compris de masques non médicaux, a fourni des masques fabriqués en Chine à la Chambre des communes, même si elle en fabrique elle-même.

« À la lumière de la décision de la Chambre, nous avons informé le fournisseur de notre exigence relative aux masques de fabrication canadienne », a précisé M. Rota dans sa lettre. Il n’a toutefois pas divulgué le nom de l’entreprise canadienne en question.

S’il se réjouit que des masques « Made in Canada » seront offerts à la reprise des travaux parlementaires, le député conservateur Pierre Paul-Hus estime que plusieurs questions demeurent sans réponse. Il a d’ailleurs expédié une nouvelle lettre au président de la Chambre des communes à ce sujet.

Pourquoi avoir permis l’accès uniquement à des masques faits en Chine alors que le fournisseur de la Chambre des communes fabriquait ce type d’équipement en Ontario ?

Pierre Paul-Hus, député conservateur

Dans sa lettre, le député conservateur veut savoir ce que l’on va faire des masques fabriqués en Chine qui ont été reçus, et il réclame aussi de connaître les noms des parties au contrat en question. Enfin, il veut savoir si les autorités de la Chambre avaient incorporé dans l’appel d’offres une clause spécifiant que les masques devaient être fabriqués au Canada.

Au bureau du président des Communes, on a déjà fait savoir à La Presse en décembre dernier que l’appel d’offres qui avait été lancé pour l’obtention d’équipements de protection individuelle, à la fin de 2020, ne comportait aucune exigence qu’ils soient fabriqués au Canada.

« L’Administration de la Chambre des communes a lancé un appel d’offres pour trouver des entreprises qui pourraient fournir les articles requis pour la COVID-19 (c.-à-d. du désinfectant pour les mains, des masques non médicaux et des lingettes désinfectantes). L’exigence selon laquelle ces articles devaient être fabriqués au Canada n’était pas un critère », avait indiqué Heather Bradley, directrice des communications du bureau de la présidence, dans un courriel.