L’Autorité des marchés financiers (AMF) a lancé en 2015 une « mise en garde » formelle contre l’organisateur du controversé voyage d’influenceurs près de Cancún, James William Awad, qui portait à l’époque un autre prénom.

Le Lavallois avait à l’époque sollicité des investisseurs sur Facebook sans détenir de permis ni posséder les compétences pour faire une telle activité. Le tribunal de l’AMF lui a ordonné de cesser les activités de sa firme KJRVS Inc., en plus de payer des amendes.

L’homme aujourd’hui âgé de 28 ans s’appelait à l’époque Kevin Awad. Il a fait une demande officielle pour changer de prénom en 2017, et un juge a approuvé sa nouvelle identité en juin 2019 : James William.

C’est sous ce nouveau nom qu’il a lancé plusieurs entreprises ces dernières années, incluant 111 Private Club. M. Awad se retrouve depuis quelques jours dans un vif embarras en raison d’un voyage que cette firme a organisé pour de jeunes fêtards québécois, dont certains ont adopté des comportements jugés dangereux et grossiers dans un vol de Sunwing entre Montréal et Cancún.

Plusieurs vacanciers, incluant d’ex-participants des téléréalités Occupation Double et L’Île de l’amour, ont été filmés en train de boire des bouteilles de vodka, de vapoter et danser sans masque dans le vol nolisé par M. Awad le 30 décembre dernier. Les agents de bord apeurés seraient allés se réfugier au fond de l’avion.

Transport Canada a lancé une enquête sur cet incident, qui a été décrié par le premier ministre Justin Trudeau et fait le tour des médias du monde entier. Les festivités organisées par M. Awad se déroulaient à Tulum, non loin de Cancún.

Un « génie technologique » ?

Depuis la mise en garde envoyée par l’AMF en 2015, M. Awad a multiplié la création de sociétés de toutes sortes. Selon le Registre des entreprises, il a lancé entre autres un gym, un salon de coiffure, une entreprise de télécoms et une pizzéria.

Une de ses sociétés, appelée TripleOne, se vante sur son site web d’être la « première compagnie décentralisée au monde » et dit offrir un concept similaire aux cryptomonnaies.

M. Awad travaille aussi comme musicien sous le surnom de « Senior », et cumule 1 million d’abonnés sur le réseau social Instagram. L’homme a fait l’objet de divers publireportages dans des médias en ligne, où on le décrit comme un « génie technologique » depuis l’âge de 12 ans.

Selon un article commandité diffusé sur le site web Ocean Drive, il aurait créé son premier jeu vidéo à l’âge de 12 ans et lancé à 14 ans une boutique en ligne qui aurait vendu plus de 200 000 produits.

L’enquêteuse de l’Autorité des marchés financiers qui s’est penchée sur les affaires de KJRVS Inc. décrit M. Awad sous une lumière un peu moins flatteuse.

« Kevin Awad semble entretenir une certaine incompréhension de ce qui lui est reproché », peut-on lire dans un jugement rendu en 2015 par le Bureau de décision et de révision de l’AMF.

Changement de nom officiel

Une porte-parole du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, qui chapeaute le Directeur de l’État civil, a confirmé à La Presse qu’un juge du district judiciaire de Laval a autorisé le changement de nom de « Kevin » à « James William » en juin 2019.

M. Awad n’a pas répondu aux demandes d’entrevue envoyées par La Presse sur différentes plateformes.

Après avoir minimisé sur Twitter la gravité des actes commis dans le vol de Sunwing, James William Awad a par la suite indiqué prendre cette situation « très au sérieux ».

Avec la collaboration d’Hugo Joncas, La Presse