La grève générale illimitée s’est conclue mardi soir chez ArcelorMittal, sur la Côte-Nord, après un conflit de travail qui aura duré tout près d’un mois. Les 2500 travailleurs syndiqués ont entériné « dans une forte proportion » l’entente de principe qui avait été conclue avec l’employeur samedi dernier.

« Je salue la détermination de nos membres et de leur comité de négociation, a fait valoir le coordonnateur régional des Métallos, Nicolas Lapierre, dans un communiqué. Leur unité et leur inébranlable solidarité, en pleine période de pandémie, sur toute la Côte-Nord ainsi qu’au Québec, a fait la différence. »

Depuis le début de la grève, qui avait commencé le 10 mai dernier, les principaux points de litige portaient sur les salaires, le régime de retraite, les assurances, les primes et l’horaire « fly in, fly out 14/14 », soit 14 jours de travail suivis de 14 jours de congé, que l’employeur voulait adopter pour certains employés.

La nouvelle convention collective signée entre les deux parties, qui s’échelonne sur quatre ans, prévoit notamment « des augmentations moyennes de plus de 3 % par année » ainsi que des hausses des prestations de retraite à hauteur de 3,75 % annuellement, a indiqué le syndicat, soulignant du même coup que les retraités actuels « verront aussi leurs rentes être indexées de 1 à 3 % ».

Au-delà des travailleurs eux-mêmes, les Métallos chiffrent à 178 millions les retombées économiques pour la région dans les quatre prochaines années, soit une augmentation annuelle moyenne « de 14 % dans l’apport à l’économie régionale », a soutenu Nicolas Lapierre.

« En plus de voir l’employeur abandonner son projet d’horaire 14/14 pour les employés du chemin de fer à Port-Cartier, la prime nordique pour les travailleurs de Fermont grimpe de plus de 90 % pour se fixer à 1200 $ par mois en 2024, la prime de nuit augmente pour l’ensemble des salariés de 50 % et tous les travailleurs de Port-Cartier ou en navettage obtiennent la parité avec leurs collègues de Fermont en ce qui a trait au calcul des vacances », a aussi annoncé l’organisation syndicale.

Une prime annuelle de 1000 $ à 1200 $ sera mise sur pied pour tous les travailleurs habitant dans les municipalités entre Baie-Trinité et Sept-Îles. Un Groupe de travail pour la mobilisation et la transformation d’ArcelorMittal sera aussi créé dans le but de « trouver des solutions aux nombreux enjeux évoqués par les travailleurs et leurs représentants durant la grève », dont la santé et sécurité du travail, la main-d’œuvre et l’emploi local ou la rénovation et l’entretien du parc immobilier à Fermont.

« Tourner la page »

ArcelorMittal, de son côté, n’a pas tardé à réagir mardi soir. Confirmant que le conflit de travail avait pris fin à 20 h, mardi, l’entreprise a indiqué que le nouveau contrat de travail « assurera une stabilité tant aux employés qu’à tous les partenaires de l’entreprise ».

« Nous sommes heureux de tourner la page sur ce conflit. Les dernières semaines ont marqué un temps d’arrêt pour nous permettre de repartir ensemble sur des bases nouvelles. Nous avons hâte d’accueillir à nouveau nos employés et je les assure personnellement de mon engagement, ainsi que celui de tous les gestionnaires et membres de la direction, envers un environnement de travail sain et sécuritaire où le respect mutuel devra primer », a expliqué le président et chef de la direction du groupe d’exploitation minière, Mapi Mobwano, dans un bref communiqué.

Les 2500 syndiqués de Port-Cartier, Fermont et Fire Lake sont répartis dans cinq sections locales du syndicat, dans deux mines, une usine de bouletage, le chemin de fer, les bureaux et la sécurité. Toutes les sections locales ont atteint des taux de vote favorable surpassant les 88 %.

Le syndicat avait d’abord conclu une entente de principe avec l’employeur, à la mi-avril, mais les membres l’avaient rejetée. L’employeur avait ensuite bonifié ses offres, mais les travailleurs les avaient aussi rejetées, en déclenchant cette fois la grève le 10 mai.

Plus tôt la semaine dernière, le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet, s’était inquiété des répercussions économiques du conflit de travail, exhortant le syndicat et l’employeur à « trouver une solution gagnant-gagnant rapidement ».