La chaîne de magasins lui fait parvenir des outils, des articles de cuisine et une foule d’autres types de produits pour qu’il les teste. Ses commentaires sont ensuite affichés en ligne, au bénéfice des clients.

Le résidant des Laurentides a été choisi pour faire partie du programme Testé pour la vie ici, en 2013, dès son lancement.

Est-ce un « job » à vie ? Il en a bien l’impression ; on ne lui a jamais mentionné que son mandat viendrait à échéance. Ça fait son affaire.

« Pour moi, c’est extrêmement bénéfique. Ils ne demandent rien en retour et ils m’envoient plein de produits haut de gamme ! », lance celui dont le vrai boulot est dans le domaine des technologies web.

Au fil des ans, Canadian Tire a invité Richard Lavigne à évaluer un escabeau, un appareil Sodastream, un chaudron, un gigantesque coffre à outils, une scie, un support à téléphone, etc. En tout, il a reçu une vingtaine de produits, qu’il a conservés.

Le rythme des arrivages est imprévisible. Et le contenu de la boîte qui atterrit sur son perron est toujours une surprise.

Sur le site de Canadian Tire, les articles qui ont passé le test des volontaires sont marqués d’un logo rouge « testé ». Il y en a dans toutes les catégories : torchons, croustilles, cabanons, sacs à déchets, outils, équipement de camping, pneus… Les internautes peuvent même limiter leur recherche aux produits ayant été « Testés pour la vie ici », ce qui démontre l’importance qu’on y accorde.

On se demande toujours si les commentaires en ligne sont vraiment fiables. Même si on les lit avant de prendre une décision d’achat, un doute nous tenaille. Avec raison. Combien d’histoires sont sorties au fil des ans sur ces personnes payées pour écrire des critiques et des éloges ?

Peut-être avez-vous déjà lu ma préférée, celle du journaliste Oobah Butler, qui a réussi à « créer » le restaurant numéro un de Londres sur la plateforme de conseils touristiques TripAdvisor. Simplement en prenant des photos de fausse nourriture et en écrivant de faux commentaires. Il n’a même pas eu besoin d’ouvrir de restaurant, encore moins d’accueillir des clients.

Lisez le récit que fait Oobah Butler de son expérience (en anglais)

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Sans doute par déformation professionnelle, Richard Lavigne, qui achète beaucoup en ligne, ne peut s’empêcher de regarder les commentaires. Mais il utilise l’outil Fakespot pour en valider l’authenticité. Il s’agit d’une extension à ajouter à son navigateur.

L’automne dernier, Fakespot a annoncé qu’environ 42 % des 720 millions de commentaires examinés sur Amazon (de mars à septembre 2020) se sont révélés faux.

Il s’agissait d’une augmentation significative par rapport au résultat obtenu un an plus tôt (36 % de faux commentaires).

Consultez un texte de Radio-Canada au sujet des faux commentaires sur Amazon

Un collègue et moi avons testé l’outil quelques minutes. Nous n’avons cependant pas été convaincus de son efficacité.

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Pour améliorer la crédibilité des évaluations écrites au sujet de leurs produits, les détaillants mettent en place des stratégies. Car elles influencent les consommateurs.

Surtout quand leur nombre est grand, note Sylvain Sénécal, professeur de marketing et titulaire de la Chaire de commerce électronique RBC à HEC Montréal. Les recherches démontrent aussi que « l’information négative a toujours plus de poids que l’information positive », précise-t-il.

Sur les sites de Bestbuy et Reitmans, par exemple, on a instauré la notion d’« acheteur vérifié ». Seuls les commentaires des personnes ayant réellement acquis le produit évalué ont droit à cette étiquette.

J’aurais aimé en savoir plus sur les stratégies mises en place par Canadian Tire. Malheureusement, la direction n’a pas voulu m’accorder d’entrevue.

Sa porte-parole, Cindy Hoffman, m’a toutefois transmis de l’information au sujet du programme Testé pour la vie ici, créé pour « aider les Canadiens à prendre des décisions d’achat plus éclairées ».

En tout, le détaillant compte 82 000 testeurs d’un bout à l’autre du pays, dont 13 500 au Québec. Jusqu’ici, 14 000 produits ont été évalués et du lot, 9500 ont reçu le sceau Testé pour la vie ici.

Chaque produit est envoyé à 12 personnes. Et pour mériter le sceau rouge, il faut qu’au moins 8 d’entre elles lui donnent un minimum de 4 étoiles et une cote générale d’au moins 80 %.

Le site de Canadian Tire affiche aussi des évaluations provenant d’autres clients. « Si une évaluation est reçue en lien avec un concours ou une promotion, elle est clairement identifiée avec un sceau “Évaluation avec incitatif” », précise Mme Hoffman.

La question qui nous brûle les lèvres, maintenant : comment fait-on pour obtenir le boulot de Richard Lavigne ? Inutile de mettre votre CV à jour, Canadian Tire ne cherche aucun nouveau testeur.