L’État québécois ne couvrira, sauf exception, que les médicaments biosimilaires dans les listes de médicaments à partir d’avril 2022, ce qui permettra de générer des économies annuelles de plus de 100 millions de dollars seulement pour le régime public d’assurance médicaments.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, a annoncé mardi qu’à compter du printemps de l’an prochain, le gouvernement québécois amorce un virage vers les médicaments biosimilaires, à l’instar de l’Alberta, de la Colombie-Britannique et du Nouveau-Brunswick. Il promet que les économies générées par ce virage seront réinvesties dans le système de santé.

Ainsi, les patients qui utilisent un médicament biologique de référence, pour lequel un médicament biosimilaire est offert, devront passer au biosimilaire d’ici le 12 avril 2022 sous la supervision de leur médecin traitant.

Par communiqué, le ministre Dubé a expliqué que malgré l’inscription de plusieurs médicaments biosimilaires aux listes de médicaments depuis de nombreuses années, ceux-ci demeurent sous-utilisés, ce qui engendre un surcoût considérable pour le Régime général d’assurance médicaments. Le ministre signale que d’autres territoires canadiens ne couvrent déjà plus, sauf exception, que les médicaments biosimilaires.

Qu’est-ce qu’un biosimilaire ?

Lorsque le brevet d’un médicament biologique arrive à échéance, d’autres fabricants que celui qui détient le brevet peuvent le produire. Ces médicaments sont appelés biosimilaires. Selon plusieurs études, les médicaments biosimilaires sont nettement moins onéreux que les médicaments de référence et n’entraînent pas de différence pour les patients sur le plan thérapeutique.

« Je pense que le gouvernement a mis en place une politique qui sera très populaire, affirme en entrevue avec La Presse Jim Keon, président de Biosimilaires Canada, parce que le sondage qu’on avait fait plus tôt cette année démontrait que 85 % de la population était en faveur que le gouvernement remplace les médicaments biologiques par des médicaments biosimilaires. »

« Ça faisait longtemps qu’on attendait cette nouvelle alors on est prêts [sur le plan] des approvisionnements, assure de son côté Michel Robidoux, PDG de Sandoz Canada et président du conseil d’administration de Biosimilaires Canada. Les stocks sont déjà au Canada pour la majorité des compagnies. Comme on l’a observé dans les autres provinces canadiennes, c’est une transition qui va se faire sur plusieurs mois, ce qui permettra aux médecins, aux pharmaciens, aux patients ainsi qu’aux compagnies de s’ajuster. »

Le Québec est, depuis 1997, la seule province canadienne offrant une couverture d’assurance à l’ensemble de ses citoyens dès les premiers dollars de dépenses. Le Régime général d’assurance médicaments a atteint, en 2019-2020, un coût total de 5,1 milliards, un montant financé par l’État et les assurés.

Quelle est la différence entre un médicament biosimilaire et un médicament générique ?

Les médicaments génériques contiennent les mêmes ingrédients médicinaux que les médicaments originaux parce que ce sont de petites molécules chimiquement synthétisées. Les médicaments biologiques, eux, sont fabriqués à partir de cellules vivantes qui sont variables. C’est pour cette raison que les médicaments biologiques biosimilaires seront très semblables aux médicaments originaux, mais sans être identiques à eux.

Aucune entreprise québécoise ne fabrique les médicaments biologiques d’origine ni les biosimilaires. Toutefois, Sandoz Canada distribue des biosimilaires au Québec, tout comme Pfizer et Merck, qui ont des sièges sociaux au Québec.