Des résidants de Rosemont sont préoccupés par l’acquisition – et la fermeture – du centre commercial Le Boulevard par la STM pour réaliser le prolongement de la ligne bleue. Il s’agit d’une « catastrophe annoncée » pour ces citoyens, qui anticipent une réduction considérable de leurs services de proximité.

C’est sous un ciel gris que près d’une dizaine de résidants de la 29e Avenue, au nord de Rosemont, se sont réunis dans le stationnement de l’une de leurs voisines pour discuter avec La Presse. Les citoyens souhaitent s’unir pour faire entendre leur mécontentement auprès de la Ville de Montréal.

« L’opacité du processus nous préoccupe », lance Maria Paruffaldi. À l’image de ses voisins, elle déplore que les habitants du quartier n’aient pas été consultés quant à l’avenir du centre Le Boulevard.

« Le citoyen est où là-dedans ? », ajoute Claude Poitras, résidante de la 29Avenue depuis cinq ans. « On a l’impression que ç’a été passé en catimini », renchérit-elle.

La Société de transport de Montréal (STM) a été forcée de prendre possession de l’ensemble du centre commercial pour la somme de 115 millions de dollars, alors qu’elle souhaitait seulement acquérir le tiers de la propriété pour faire place au projet de la ligne bleue.

La société immobilière Crofton Moore, propriétaire du centre commercial, ne croyait pas être en mesure d’exploiter correctement son entreprise en étant privée du tiers du terrain se situant à l’angle de la rue Jean-Talon et du boulevard Pie-IX. Elle s’est tournée vers le Tribunal administratif du Québec, qui a décrété en février 2020 que le ministère des Transports du Québec – qui exproprie les terrains pour le compte de la STM – devrait racheter la totalité de la propriété.

Les commerçants du populaire centre commercial ont appris la fermeture à quelques jours de Noël. Ils doivent décider ces jours-ci s’ils accepteront une aide financière pour se relocaliser ou une compensation financière pour fermer boutique.

La proximité au cœur de l’enjeu

Les résidants de la 29Avenue font moins de 10 minutes de marche pour se rendre au centre Le Boulevard, où l’on trouve entre autres une épicerie, une pharmacie, une quincaillerie et des dizaines d’autres boutiques.

Ils considèrent que les rues Beaubien et Bélanger offrent peu de commerces et doivent être revitalisées. Le centre commercial est donc devenu un lieu de prédilection pour faire leurs courses du quotidien, mais aussi pour se rencontrer.

« On n’est pas contre le progrès ni contre le REM ou le métro. Mais quel est le projet après ? », se questionne Gaétan Parent. Claude Poitras craint même la formation d’un « quartier-dortoir » à la suite de la fermeture du centre commercial.

La faible proposition de services essentiels à quelques minutes de marche préoccupe les citoyens du nord de Rosemont. Maria Paruffaldi songe à racheter une voiture en raison de la fermeture du centre commercial pour être en mesure d’aller faire des emplettes plus loin, même si cela va à l’encontre de ses valeurs environnementales.

Céleste Fariaf, une mère de famille qui réside dans le quartier depuis 40 ans, anticipe les longs trajets de transports en commun pour faire ses courses, car elle n’a pas accès à un véhicule.

Nous sommes dans une catastrophe annoncée.

Claude Poitras

Le groupe de citoyens souhaite avant tout que des assemblées publiques soient mises en place lors de prochaines prises de décisions majeures par la Ville, et que de nouveaux services soient implantés après la fermeture du centre commercial.

La Ville de Montréal caresse l’idée de réaliser un important projet immobilier sur le site du Boulevard, après sa démolition.

La mairesse de l’arrondissement de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, Giuliana Fumagalli, souhaiterait que la date de fermeture du Boulevard soit reportée jusqu’à ce que plus de précisions sur le chantier de la ligne bleue soient apportées, rapporte la directrice de son cabinet, France Emond.

Les expropriations et la ligne bleue

Le prolongement de la ligne bleue prévoit l’implantation de cinq stations qui s’étaleront jusqu’à Anjou. Une connexion avec le Réseau express métropolitain (REM) est d’ailleurs en vue à la future station Langelier.

Le coût des expropriations pour réaliser la ligne bleue a presque quadruplé par rapport à la somme prévue en 2018, a rapporté La Presse mardi. C’est maintenant 1,2 milliard de dollars qui devront être déboursés pour les expropriations le long du nouveau tracé de métro.

— Avec Maxime Bergeron, La Presse