Maye Musk, la mère du célèbre Elon, mais aussi de Kimbal et de Tosca, deux autres entrepreneurs prospères et prolifiques, n’a jamais accompagné ses trois enfants quand ils faisaient leurs devoirs à l’école, en Afrique du Sud.

« Je n’avais pas le temps ni l’intérêt », m’explique-t-elle en entrevue vidéo. « Je n’étais jamais loin, mais ils devaient être indépendants. »

Est-ce un des ingrédients de la recette du succès pour élever des gens d’affaires hors du commun ?

« Je leur ai aussi appris à être polis, à avoir de la considération pour les autres, à bien se comporter. »

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Maye Musk et son fils Elon

Elle leur a fait comprendre qu’on ne pouvait pas être bon dans tout, mais qu’avec une bonne idée, pour apporter quelque chose d’essentiel, on pouvait rendre de grands services à la société. Et bâtir des entreprises.

« Et j’ai toujours su que c’était de bons enfants », ajoute celle qui sillonne les États-Unis pour toujours être auprès d’eux quand ils lancent chacun à leur tour un de leurs projets.

Oui, elle leur a laissé beaucoup de marge de manœuvre pour leur permettre de devenir indépendants très jeunes. Mais elle est toujours restée proche, en leur communiquant sa confiance.

Et ça a marché. On connaît bien la carrière d’Elon, un des hommes d’affaires derrière PayPal, maintenant figure de proue de Tesla et de SpaceX. Mais son frère Kimbal a aussi une carrière remarquable. D’abord associé avec Elon dans l’entreprise qui a mené à la création de PayPal, Kimbal a fondé un réseau de restaurants communautaires à travers les États-Unis appelé The Kitchen Group et un organisme sans but lucratif, Big Green, qui construit des salles de classe dans des potagers scolaires partout au pays. Leur sœur, Tosca, a quant à elle une carrière en cinéma et a fondé une plateforme de diffusion à la Netflix appelée Passionflix, qui diffuse des films romantiques classiques et porte des romans d’amour à l’écran.

Leur mère Maye Musk, une nutritionniste qui a aujourd’hui 73 ans et une carrière bien à elle qui ne finit jamais comme mannequin, vit à New York. Mais elle était en entrevue virtuellement au Canada avec nous mercredi, car les Canadian Arts & Fashion Awards (CAFA) lui remettront le 19 mai le Prix pour réalisations exceptionnelles.

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Maye Musk

Et dire que cette femme a eu une vie et une carrière effectivement exceptionnelles relève presque de l’euphémisme.

Née à Regina, en Saskatchewan, en 1948, Maye a déménagé à l’âge de deux ans et demi avec sa famille en Afrique du Sud, portée par le goût de l’aventure de ses parents, qui voyageaient dans leur propre avion.

La créativité, l’indépendance, le goût du risque et des nouvelles frontières font partie de l’ADN de sa famille, et ça s’est traduit en affaires. « Mes parents, mes frères, mes sœurs, moi, nous avons toujours été nos propres employeurs, explique-t-elle. Toute ma vie a été comme ça. »

Ce qui ne veut pas dire que sa vie a été facile et que le bonheur de l’entrepreneuriat lui a toujours souri. « Tout a été difficile, en fait. Mais je n’avais pas le choix de continuer ou non. Je devais survivre. »

Mariée à 22 ans avec celui qui lui a donné le nom Musk, divorcée à 31 ans, elle a passé une partie de sa vie à élever ses trois enfants seule.

Au début, elle avait son bureau à la maison pour ne pas avoir à payer de service de garde et vivait avec ses trois petits dans des appartements pas toujours grands, incluant, au début, un logement avec seulement une chambre à coucher.

C’est quand elle a vu ses enfants partir rejoindre leur père au Canada qu’elle a décidé d’y aller elle aussi et s’est ainsi retrouvée à 41 ans à Toronto.

Déracinée, loin des cliniques de nutrition qu’elle avait démarrées avec succès en Afrique du Sud, mais décidée à reprendre sa carrière, elle a refait les examens de la profession pour pratiquer au Canada. Et elle a recommencé à défiler et à poser pour les campagnes publicitaires. Et elle a fini par cartonner.

Depuis, elle est partie à San Francisco, puis à New York, puis à Los Angeles, et elle est de retour à New York, toujours mannequin, visage notamment de CoverGirl.

Mais elle a défilé et posé pour une foule de marques de partout dans le monde entre-temps — c’est finalement devenu plus payant que la nutrition — et depuis quatre ans, dit-elle, la demande pour plus de diversité parmi les mannequins a franchi de nouvelles limites. « Je suis maintenant dans le monde de la haute couture », dit celle qui a déjà fait la une du Elle Canada et qui a été dans des campagnes autant de Joe Fresh, la marque bon marché canadienne, que de Roger Vivier, la grande marque de chaussures de luxe française.

Si vous voulez avoir une idée de ses images, allez sur @mayemusk sur Instagram ou Twitter. « Mes amis trouvent que je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux », dit-elle. « Mais il faut ça aujourd’hui. » C’est son principal outil de marketing, explique la mannequin. « Avant, il fallait avoir un bon portfolio. Maintenant, c’est ça. » Elle y consacre cinq heures par jour.

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Son autre boulot ? Faire la promotion de son livre A Woman Makes a Plan et donner des conférences pour notamment expliquer à la planète l’importance et la pertinence des femmes de tous les âges. Mais n’attendez pas d’elle de régime miracle pour rester belle et en santé. Elle ne croit pas aux régimes particuliers, seulement aux alimentations riches en fruits, légumes, grains entiers et aliments ni gras ni sucrés.

Le sport ? Un peu de marche rapide sur son tapis roulant, de la musculation. Rien de fou. Mais juste assez pour garder sa superbe.

Elle raconte que lorsqu’elle a commencé comme mannequin adulte, on lui demandait beaucoup de sourire.

Maintenant, dit-elle, on lui demande d’être « forte et en confiance ».