(Montréal) La médiation entre les parties dans l’industrie de la construction n’a pas été prolongée, ouvrant ainsi la porte à de possibles moyens de pression dès le 21 mai. Mais il y a espoir, puisque les associations patronales et l’Alliance syndicale discutent encore.

Quelque 185 000 travailleurs dans l’industrie de la construction sont concernés par ces négociations en vue du renouvellement des quatre conventions collectives pour 2021-2025.

Les quatre conventions sont arrivées à échéance vendredi dernier et la médiation, qui avait déjà été entamée, a aussi pris fin ce 30 avril. Théoriquement, donc, des moyens de pression pourraient être exercés dès le 21 mai.

La médiation pouvait toutefois être prolongée pour 30 jours, ce qui aurait eu pour effet de repousser d’autant l’exercice possible de moyens de pression. Mais cela n’a pas été fait.

« À ce stade-ci, les médiateurs considèrent que les parties progressent bien et une prolongation de la médiation n’est pas recommandée », a fait savoir mardi le ministre du Travail et de l’Emploi, Jean Boulet.

Le ministre fait confiance aux parties et au processus. « Les parties négocient de manière intensive depuis plusieurs mois. Je comprends qu’elles ont fait des avancées significatives dans les dernières semaines. Même si la période de médiation est terminée, les conciliateurs continuent d’accompagner les parties afin d’en arriver à une entente négociée », a-t-il rapporté.

L’Alliance syndicale garde espoir

« J’ai encore espoir », affirme de son côté le porte-parole de l’Alliance syndicale, Éric Boisjoly, qui regroupe les cinq organisations syndicales de l’industrie.

Néanmoins, il rapporte que des mandats de moyens de pression pouvant aller jusqu’à la grève ont été adoptés et qu’ils sont « assez clairs ». « On est allé chercher nos mandats ; ça c’est clair. Les mandats rentrent progressivement », rapporte celui qui est aussi directeur général de la FTQ-Construction.

Pourtant, M. Boisjoly croyait un règlement possible vendredi dernier, le jour même de l’échéance des conventions collectives. Mais des désaccords sont survenus.

Le principal point en litige porte sur le recours aux applications mobiles sur le téléphone personnel des travailleurs pour leur permettre de « remplir leur feuille de temps » et réclamer leurs heures supplémentaires.

Le syndicat y voit des problèmes pour le respect de la vie privée des travailleurs, notamment avec la géolocalisation, puisque ceux-ci doivent se servir de leur téléphone personnel.

« C’est le nerf de la guerre », rapporte M. Boisjoly.

Pour ce qui est des augmentations de salaire, l’Alliance syndicale ne veut pas entrer dans le détail.

L’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ) affirme avoir offert 7,5 % d’augmentations sur quatre ans pour le résidentiel « lourd » et 8,5 % pour le résidentiel « léger ».

L’Association de la construction du Québec (ACQ), quant à elle, dit avoir offert 7,5 % d’augmentations sur quatre ans, en plus d’un montant de 425 millions annuellement pour le régime d’assurances Médic. Une indexation des cotisations des employeurs au régime de retraite est aussi prévue.

L’association patronale a invité les syndicats membres de l’Alliance syndicale à reconsidérer son offre, faisant valoir que « l’heure est à la relance de l’économie ».

« L’ACQ continue de croire qu’une entente négociée est à portée de main », a-t-elle fait savoir.

Le ministre Boulet a rappelé que « l’industrie de la construction est importante dans l’économie du Québec, surtout dans le contexte actuel de relance économique ».

L’Alliance syndicale regroupe la FTQ-Construction, le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), le Syndicat québécois de la construction, la CSD-Construction et la CSN-Construction.