(Montréal) Au terme d’une année mouvementée en raison de la pandémie de COVID-19, les six plus hauts dirigeants de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) ont vu leur rémunération globale et autres paiements compensatoires s’établir à 14,6 millions en 2020.

Ces informations figurent dans le plus récent rapport annuel du bas de laine des Québécois, qui a été déposé jeudi à l’Assemblée nationale.

Les émoluments, qui tiennent comptent du salaire de base, de la rémunération incitative et d’autres avantages, se sont établis à 12,7 millions. À cette somme s’ajoutent 1,9 million de dollars versés en « montants compensatoires », dont 1,48 million au président et chef de la direction, Charles Émond, dans la foulée de son embauche comme premier vice-président en 2019.

M. Émond, qui œuvrait auparavant à la Banque Scotia, a accédé au plus haut poste de direction de la Caisse au début février 2020 en succédant à Michael Sabia.

« Le principe est de payer pour la performance, a fait valoir le porte-parole de la Caisse, Maxime Chagnon, au cours d’un entretien téléphonique. Il y a une performance soutenue, de 8,6 % sur 10 ans, alors que les besoins annuels de nos déposants sont de 6 %. On se doit d’offrir une rémunération concurrentielle. »

L’an dernier, le gestionnaire de régimes de retraite et d’assurance publics et parapublics a livré un rendement de 7,7 %, ce qui s’est révélé inférieur à celui de son indice de référence – fixé à 9,2 % – alors que ses actifs immobiliers ont souffert de l’impact de la crise sanitaire. Son actif net a grimpé d’environ 25 milliards, à 365 milliards.

M. Émond a vu sa paie totale s’établir à 3,45 millions à sa première année aux commandes de l’institution, ce qui tient compte d’un salaire de base de 546 000 $. Il a touché une prime de 1,24 million et a choisi de placer 1,5 million en réinvestissement – une somme qui pourra gonfler ou diminuer en fonction du rendement de la Caisse.

En 2019, M. Sabia avait eu droit à une rémunération globale de 4,4 millions.

L’actuel grand patron du bas de laine des Québécois avait touché un paiement compensatoire de 735 000 $ dans la foulée de son embauche et il en recevra un autre de 1,8 million cette année. Pour l’expert en gouvernance et professeur à l’Université Concordia Michel Magnan, cette pratique entourant les paiements compensatoires n’est pas inhabituelle.

« L’échelonner dans le temps, ça, c’est peut-être un peu moins courant, a-t-il lancé en entrevue téléphonique. C’est un outil de rétention parce que j’imagine [que M. Émond] perdrait cette somme s’il partait. »

La rémunération totale de M. Émond demeure néanmoins inférieure à certains des autres dirigeants de gestionnaires de régimes de retraite.

À l’Office d’investissement du Régime de pensions du Canada, par exemple, la rémunération totale du plus haut dirigeant a été d’environ 5,9 millions au cours du dernier exercice. Du côté du Régime de retraite des enseignants de l’Ontario, elle s’est chiffrée à 5,4 millions.

Dans l’ensemble, les 1391 employés de la Caisse en date du 31 décembre dernier se sont partagé des primes totalisant 158,7 millions. En 2019, c’est 156,8 millions qui avaient été distribués à 1285 personnes.

« Ce montant reflète une diminution moyenne de près de 8 % par employé en raison des variations d’effectifs », a souligné l’institution, dans son rapport annuel.

Pour sa part, le total des charges d’exploitation et des frais de gestion externe a atteint 757 millions l’an dernier, soit le « même montant qu’en 2019 », selon la CDPQ, ce qui représente 23 cents par 100 $ d’actif.

En 2019, la rémunération globale de la haute direction de l’institution s’était élevée à 13,1 millions.

Rémunération globale des six principaux dirigeants de la CDPQ en 2020

• Charles Émond, président et chef de la direction : 3,5 millions (+ 24 %)

• Macky Tall, chef des actifs réels et des placements privés : 2,4 millions (- 22 %)

• Emmanuel Jaclot, premier vice-président et chef des infrastructures : 2,2 millions (- 8,3 %)

• Claude Bergeron, chef de la direction des risques et relations avec les déposants : 1,6 million (- 13 %)

• Kim Thomassin, première vice-présidente et cheffe des placements au Québec et de l’investissement durable : 1,5 million (+ 0,7 %)

• Maarika Paul, première vice-présidente et cheffe de la direction financière et des opérations : 1,5 million (- 0,7 %)