(Calgary) Amanda George, de Toronto, s’adonnait à une séance de magasinage de fin de soirée lorsqu’elle a fait un achat impulsif de 300 $ sur un site web qu’elle ne connaissait pas, juste avant Noël.

Des semaines plus tard, au lieu de la couverture de sauna infrarouge à laquelle elle s’attendait, tout ce qu’elle avait obtenu en échange de son argent était une frustration croissante, alors que le fournisseur lui faisait de vagues promesses en réponse à ses courriels — lorsqu’il jugeait bon de lui répondre.

« Le commerçant a promis de livrer la marchandise et ne l’a jamais fait », a expliqué l’ingénieure commerciale de 31 ans, toujours furieuse. Elle a fait des recherches en ligne et a trouvé de nombreux signaux d’alarme, y compris d’autres victimes avec des récriminations similaires.

Mars est le mois de la prévention de la fraude et les organismes provinciaux de réglementation des valeurs mobilières profitent de l’occasion pour avertir les consommateurs des dangers qui se cachent en ligne, en particulier pour ceux qui agissent rapidement, sans s’arrêter pour évaluer les risques.

La commission des valeurs mobilières de la Colombie-Britannique a préparé une campagne axée sur les millénariaux, qui les met en garde contre le syndrome FOMO — la peur de rater quelque chose — tandis que l’organisme de a Nouvelle-Écosse a lancé une nouvelle série de vidéos de prévention de la fraude sur sa chaîne YouTube et visite virtuellement les écoles secondaires et les universités.

Pendant ce temps, la commission des valeurs mobilières de l’Alberta donne aux jeunes adultes des excuses ironiques pour détourner et contrer les arguments des agents de vente insistants et des fraudeurs potentiels, à l’aide de son « robot d’excuses » en ligne.

« Je vous reviendrai plus tard cette semaine », propose l’assistant virtuel lorsqu’on lui demande quelle devrait être la réponse à une offre de prêt en ligne qui nécessite des frais initiaux.

« J’ai terminé les parties faciles de mon casse-tête et maintenant il ne reste plus que le ciel. Donc, comme vous pouvez l’imaginer, je serai occupé pour les prochains jours. »

À une autre demande, il répond : « Je vais devoir vous recontacter. La pleine lune approche et je dois recharger mes cristaux. »

Les réponses sont délibérément humoristiques, a expliqué Hilary McMeekin, directrice des communications et de l’éducation des investisseurs à la commission albertaine, dans l’espoir que cela capte l’attention des jeunes de 18 à 30 ans.

« Nous devons les rejoindre là où ils se trouvent, et ils sont en ligne », a-t-elle souligné, notant que la campagne était promue sur TikTok, Instagram, Reddit et Facebook.

« Personne ne veut une autre leçon de ses parents. Ils veulent s’amuser. Et ils veulent être connectés à des sources d’information pertinentes, utiles, impartiales et gratuites. »

Fraude en hausse chez les moins de 35 ans

Selon le rapport 2020 sur l’indice ACVM des investisseurs, l’incidence de la fraude augmente chez les moins de 35 ans. Environ 23 % des 18-30 ans en Alberta disent avoir été approchés au sujet d’une escroquerie possiblement frauduleuse, selon l’Autorité canadienne en valeurs mobilières (ACVM).

Amener les investisseurs ou les consommateurs potentiels à s’arrêter et à faire quelques recherches avant de donner leur numéro de carte de crédit en ligne est un bon conseil, a fait valoir Jessie St-Cyr, agente de communication pour le Bureau d’éthique commerciale (BEC) d’Ottawa.

« Nous n’avons pas créé de ’robot d’excuses’, mais c’est une excellente idée, je pense, de donner aux jeunes plus de conseils pour lutter contre ces escrocs », a-t-elle estimé.

« Juste de rappeler qu’il faut prendre son temps, c’est l’un des meilleurs conseils pour éviter d’être victime de tout type d’escroquerie. »

La pandémie de COVID-19 fait en sorte que davantage de gens se retrouvent en ligne pour faire des affaires et des achats, ce qui a eu un impact substantiel sur la liste des 10 escroqueries les plus courantes du BEC en 2020, a-t-elle indiqué.

Par exemple, l’intérêt croissant pour l’achat d’animaux de compagnie a entraîné une augmentation des escroqueries pour les chiots, dans le cadre desquelles les fraudeurs utilisent des photos de chiens mignons d’agences pour convaincre les gens d’avancer d’importants acomptes pour s’inscrire sur une liste d’attente pour acheter un chien qui ne trouvera jamais le chemin de la maison.

La pandémie a également entraîné une augmentation du chômage, ce qui peut amener les gens à devenir la proie des publicités qui offrent des moyens de gagner de l’argent chez eux grâce à la spéculation sur séance ou les transactions sur les devises — alors que tout ce qui les intéresse, c’est la perception de frais, a expliqué Mme McMeekin.

Mmes St-Cyr et McMeekin espèrent que les campagnes du Mois de la prévention de la fraude conduiront à une augmentation du signalement des incidents de fraude possibles, même si les plaignants ne sont pas sûrs à 100 % que les situations qu’ils rapportent sont illégitimes.

Quant à Amanda George, qui a finalement obtenu un remboursement de sa société de carte de crédit pour la couverture qu’elle n’a jamais reçue, elle estime qu’elle avait appris à ses dépens qu’il valait mieux faire quelques recherches avant d’acheter.

« Personne ne surveille vraiment ces informations », a-t-elle affirmé.

« Il faut vraiment faire preuve de diligence raisonnable, passer en revue les avis, vérifier les forums, contrôler le site web, s’assurer qu’il existe une équipe de service à la clientèle, un numéro, une adresse, juste quelque chose. »